Anne de Lenclos/Philibert Riballier et Catherine Cosson

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[334] LENCLOS, (Anne, dite Ninon de) née à Paris en 1615 de parens nobles. Son pere, homme d’esprit et de plaisirs, lui insinua de bonne heure les principes de la morale d’Epicure, et Ninon naturellement favorisée de beaucoup d’esprit, d’un caractere porté à la gaieté, goûta ses leçons, et toute sa vie en fit la regle de sa conduite. Dès l’âge de dix ans, elle avoit déjà lu et médité les ouvrages de Montagne et de Charron. L’on peut juger, à de tels préludes, combien, avec un goût décidé pour apprendre, la jeune Ninon sut se perfectionner dans tout ce qu’embrassent les Belles-Lettres. Excellente Musicienne, et douée d’une belle voix, elle chantoit avec toutes les graces possibles, touchoit supérieurement le clavessin, et jouoit très-bien de plu-[335]sieurs autres instrumens. D’une figure et d’une taille très-avantageuses, peu de personnes de son sexe ont mieux dansé qu’elle. Orpheline dès l’âge de quinze ans, Ninon s’étoit, pour ainsi dire, donnée elle-même cette foule de talens divers. Sûre de plaire et de se procurer une haute fortune par un établissement, elle préféra sa liberté, et, tant qu’elle vécut, voulut rester maîtresse de disposer de son coeur en faveur de ceux de ses adorateurs qui lui plaisoient; mais elle mit dans cette singuliere façon de penser une sorte de vertu connue d’elle seule, et soutenue de tant de décence, que tout ce qu’il y avoit dans les deux sexes de plus grand, de plus illustre et de plus savant à la Cour et à la Ville, briguoit l’honneur d’être admis à sa société. Le Grand Condé, le Duc de la Rochefoucault, les Coligni, les Villarceau, les Sévigné, le Maréchal d’Albert, Jean..nier, la Châtre furent de ce nombre. Scarron, Saint-Evremont, Moliere, Fontenelle, l’Abbé Gédoyn, la consultoient sur leurs ouvrages. La célebre Madame de Maintenon entretenoit avec elle une correspondance de lettres, et fit même des instances pour l’attirer et fixer auprès d’elle. Mademoiselle Lenclos descendit au tombeau en 1706, âgée de quatre-vingt-dix ans, ayant conservé jusques dans les derniers momens de sa vieillesse, la vigueur de son génie, l’estime et l’amour de tous ceux qui approchoient ou la connoissoient.

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