Anne Pisseleu d'Heilly : Différence entre versions

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Version du 12 mai 2012 à 19:32

Anne Pisseleu d'Heilly
Annepisseleu amrennes.PNG
Titre(s) Duchesse d'Étampes
Conjoint(s) Jean IV de Brosse, comte d'Étampes
Dénomination(s) Mademoiselle d'Heilly
Biographie
Date de naissance 1508
Date de décès 1580
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)


Notice de Kathleen Wilson-Chevalier, 2002

La duchesse d'Étampes (Fontaine-Lavaganne ou Beaucamps, 1508-Heilly, 1580), la dernière et la plus importante maîtresse de François Ier, naît dans une Picardie instable au moment où la province se détourne de la Bourgogne pour s'allier à la France. Fille d'Anne Sanguin et de Guillaume de Pisseleu (descendant par sa mère du roi Louis VI, et père de seize enfants qui ont survécu), élevée au château d'Heilly, Anne doit son excellente éducation à Madeleine de Laval, la troisième femme de son père. Sa famille appartient à la superstructure militaire picarde qui se met au service de François Ier. En 1522 elle devient fille d'honneur de Louise de Savoie; en 1523, certains de ses frères oeuvrent à mettre en place la légion picarde du roi; en 1524 son père reçoit la charge de maître d'hôtel du roi à la cour. Après le retour du roi de sa captivité en 1526, elle succède à Mme de Châteaubriand comme favorite. Depuis sa montée sur le trône, François Ier n'a jamais gouverné sans les femmes de son entourage. Lors de la mort de sa mère Louise de Savoie en 1531, il se tourne de plus en plus vers sa soeur Marguerite de Navarre, puis vers Anne de Pisseleu, nommée gouvernante de ses filles. Dès 1532, il acquiert pour elle la terre de Challuau. Il la marie au seigneur dépossédé Jean IV de Brosse, et en 1534 octroie au couple le comté d'Étampes (érigé en duché en 1537). Parfois protectrices des mêmes hommes (dont Marot, Rabelais, Calvin, Dolet), Anne et Marguerite s'allient avec le troisième fils du roi, Charles, duc d'Orléans, et agissent pour promouvoir le parti de la tolérance. En 1540 Charles de Sainte-Marthe dédie à la duchesse sa Poesie Francoise. Le rôle éminent des femmes à la cour déclenche sans doute "la Querelle des Amyes". À la disgrâce d'Anne de Montmorency en 1541, François Ier installe sa maîtresse dans le logis du connétable à Fontainebleau, comme signe de son autorité, et elle l'aide à dominer les factions inhérentes à une cour de roi vieillissant. Sous leur égide (le roi et son "amie parfaite" figurent ensemble "le Soleil" dans La Coche de Marguerite de Navarre [1542]) les arts atteignent leur apogée à Fontainebleau. Primatice rend hommage à Anne dans les décors de la "Chambre de la duchesse d'Étampes" (prolongée par "l'aile d'Étampes") et de l'Appartement des Bains. Après la paix de Crépy (1544), Anne accompagne la reine Éléonore à Bruxelles, où elles sont reçues par le frère de celle-ci, Charles Quint et leur soeur Marie de Hongrie. Le cardinal d'Este organise un banquet en son honneur en 1546. Sa réussite est indissociable de celle de son clan, à l'époque de la commande. Ainsi, trois de ses frères possèdent entre huit et dix évêchés, deux de ses soeurs six abbayes, son oncle maternel Antoine Sanguin est Grand Aumônier.

À la mort du roi en 1547, elle est écartée du pouvoir et contrainte à un séjour en Bretagne auprès de son mari. On suit ses traces à Paris en 1558-1559. Comme de nombreux Picards (Lefèvre d'Etaple, Calvin...), comme sa soeur Péronne (un des piliers de l'église réformée), Anne est séduite par les idées de la Réforme; en 1576, elle reçoit les chefs protestant dans son chateau de Challuau. En dépit de sa liaison avec François Ier et de son mariage (desastreux: son mari, mort en 1565, lui a intenté plusieurs procès), Anne de Pisseleu est demeurée sans progéniture. Au moment où elle fait son testament en 1580, elle réside avec une des filles de Péronne, Marie de Barbançon.

L'Histoire rudoie les maîtresses royales. Anne est mise à mal par la misogynie de Benvenuto Cellini et de militaires aigris (Saulx-Tavannes, Monluc); par la révolution de palais qui suit la mort de François Ier (une partie de ses terres passe aux alliés d'Henri II, dont Diane de Poitiers et le duc de Guise); par des défenseurs du connétable de Bourbon (tel François Beaucaire). Au XVIIe siècle le conte se noircit. La duchesse, érigée en "inéxorable dominatrice" mue par une haine furieuse contre Diane de Poitiers, trompe le roi avec d'autres amants, dont son oncle Longueval, et vend le royaume pour une bague à Charles Quint (Varillas). Paulin Paris démonte la légende en 1885, mais sans grand effet. Pour Desgardins, auteur de la seule monographie existante, Anne est surtout "implacable", "cupide et chicanière". Cent ans plus tard, l'histoire de la duchesse reste largement à faire.


Choix bibliographique

- Desgardins, E. Les favorites des rois. Anne de Pisseleu, duchesse d'Etampes et François Ier, Paris, H. Champion, 1904.
- Paris, Paulin. Études sur François Premier Roi de France sur sa vie privée et son règne, Paris, L. Techener, t. II, 1885.
- Vickers, N. J. "Courting the Female Subject", in K. Jacobsen (dir.),The French Renaissance in Prints from the Bibliothèque Nationale de France, Los Angeles, 1994, p.94-107.
- Wilson-Chevalier, Kathleen. "Femmes, cour, pouvoir: la chambre de la duchesse d'Étampes à Fontainebleau", in K. Wilson-Chevalier et E. Viennot (dir.), Royaume de fémynie. Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes, de la Renaissance à la Fronde, Paris, Honoré Champion, 1999, p.203-36.
- Winn, Colette. "Aux origines du discours féminin sur l'amitié Marguerite de Navarre, La Coche (1541)", in Women in French Studies, 6, 1999, p.9-24.

Choix iconographique

- Corneille de Lyon. Anne de Pisseleu (tableau sur bois), 1536?. Metropolitan Museum of Art, New York (Inv. 29.100.197).
- Atelier de Jean Clouet. Anne de Pisseleu (crayon), vers 1540?. Chantilly, Musée Condé (De Broglie 219).
- Primaticcio, Francesco . Chambre de la duchesse d'Étampes(décor en fresque et en stuc), 1541-1544. Château de Fontainebleau.
- "Maître de François de Rohan". Marguerite de Navarre et la duchesse d'Étampes(enluminure), Paris, 1542. In Marguerite de Navarre, La Coche, Chantilly, Musée Condé (Ms. 522, fo.43v.).

Jugements

- «La plus belle des savantes et la plus savante des belles» (Charles de Sainte-Marthe, cité par E. Desgardins, Les favorites des rois, voirsupra, p.24).
- «La demoiselle fait tout ce qu'il lui plaist, et tout est gouverné par elle; raison, en vérité, pour que les choses soient bien menées» (Marie de Hongrie, cité par Desgardins, Les favorites des rois, voirsupra, p.62).

- «De ses bienfaictz chacun luy rend louenge,

Ilz sont congneuz de tous les gens de bien;
Pour ses amys elle n'espargne rien,
Et des meschans ennemys ne se venge» (Marguerite de Navarre, La Coche [1542], éd. R. Marichal, Genève, Droz, 1971, p.203).

- «Aucune femme ne semble avoir essayé de combattre son crédit sur le coeur du Roi. Mais on ne lui voit pas exercer d'influence sérieuse sur le mouvement des affaires publiques...» (Paulin Paris, Études sur François 1er roi de France sur sa vie privée et son règne, Paris, L. Techener, t. II, 1885, p.204).
- «Non contente de servir d'amusement à un roi blasé, alourdi, usé, curieux, elle voulut encore gouverner la France avec sa partialité manifeste, et elle ne fit que contribuer à sa désorganisation» (Desgardins, Les favorites des rois, voirsupra, p.81).
- "No one stood to lose as much from Francis's death as Madame d'Etampes, [for she] had created [...] many enemies by her arrogance and [interested patronage]." (R.J. Knecht, Francis I, Cambridge University Press, 1981, p.423).
- «On l'a accusée de mille défauts et créditée d'une influence considérable [...]. La maîtresse ne siège pas au Conseil. Si elle a défendu le parti de la paix, elle était en bonne compagnie, avec la reine, et d'autres. Qu'elle ait détesté Montmorency, la chose est certaine, mais la disgrâce définitive de celui-ci en 1541 provient davantage de son étroite amitié avec le Dauphin, dont le roi prend ombrage, que des supplications de la blonde duchesse auprès de son amant. Qu'elle ait tiré quelque bénéfice de sa situation, c'est vrai, mais assez modestement» (Jean Jacquart, François Ier, Paris, Fayard, 1981).

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