Anne Larcher de Pocancy

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Anne Larcher de Pocancy
Titre(s) comtesse d'Argenson
Conjoint(s) Marc-PIerre d'Argenson
Biographie
Date de naissance 1706
Date de décès 1764
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Nicole Pellegrin, 2017

Anne Larcher naît en 1706 dans une famille de robins originaires de Champagne, et devenus maîtres des requêtes ou intendants dès la fin du règne de Louis XIV. Cette très riche héritière est une fille unique et une enfant posthume : son père, Pierre Larcher de Pocancy, conseiller au Parlement, meurt quelques mois avant sa naissance et elle est élevée par une mère peu aimante, Anne-Thérèse Hébert du Buc, sous la férule probable d’une gouvernante.
Le 24 mai 1719, Anne Larcher est mariée, encore très jeune (elle a treize ans), à Marc-Pierre d’Argenson (1696-1764), avocat du roi au Châtelet, déjà maître des requêtes, de dix ans son aîné et fils de Marc-René (1652-1721), lui aussi maître des requêtes apprécié de Louis XIV, puis lieutenant de Police de Paris, enfin garde des Sceaux sous la Régence. La lignée des Argenson, de noblesse provinciale ancienne, a ses entrées dans la société aristocratique parisienne, occupe des charges prestigieuses et sait trouver, pour ses fils, des alliances avantageuses d’un point de vue financier et social.
Plusieurs contemporains disent la jeune Anne Larcher très jolie, vive et fort séduisante. Toute la Cour et le jeune Louis XV assistent à la cérémonie du mariage célébré à Paris le 24 mai 1719 à la chapelle de la Madeleine de Traisnel, couvent situé faubourg Saint Antoine que protège la famille d’Argenson et où la marquise Du Deffand(1696-1780) fut, à son grand regret, pensionnaire une dizaine d’années. L’épousée y reste quelque temps avant la consommation de son mariage et y reçoit un complément d’éducation mondaine. Deux garçons naissent d’une union qui semble de pur intérêt : en 1722, Marc-René, futur marquis de Voyer, décédé en 1782 et objet principal des soins de sa mère ; en 1725, Louis Auguste dit le chevalier d’Argenson, mort jeune sans doute en duel.
En 1726, à 20 ans, la jeune femme est brusquement chassée du domicile conjugal par son mari, vraisemblablement pour cause d’adultère. Menacée d’être envoyée de force dans un couvent, elle est finalement assignée à résidence chez sa grand-mère Larcher, en province à Pocancy, selon des conditions que le mari, orgueilleux et inflexible, fixe par contrat. Privée de ses enfants, Anne ne revient à Paris qu’à l’automne 1729 et après une séparation de corps, mais non de biens (8 septembre 1728). La bienséance exige toutefois la participation commune du couple aux fêtes de la cour, où Anne joue volontiers son rôle. Présentée à la Reine le 31 mars 1743, elle entre dans le cercle de la souveraine et fréquente la duchesse douairière d’Orléans. Quant au comte, d’abord intime ami de quelques grandes dames de la cour (la duchesse de Gontaut, la duchesse de Villars), il vit durablement ensuite avec la duchesse d’Estrades, cousine et, jusqu’en 1755, dame de compagnie de Madame de Pompadour. Avant même de devenir secrétaire d’état à la Guerre, il agrandit ses domaines, achète en 1729 le château des Ormes en Poitou et l’embellit grâce à des dons du roi et à la fortune de son épouse. Celle-ci, bénéficiaire de plusieurs héritages et d’une pension royale de 10 000 livres, mène elle aussi une vie dispendieuse et indépendante en compagnie, entre autres, du marquis de Valfons : elle se rend souvent aux eaux de Plombières, organise des fêtes brillantes et se fait aménager un élégant pavillon à Montreuil près de Versailles qu’elle nomme « Monloisir » et dont elle doit se priver quand son mari est exilé aux Ormes de février 1757 à 1764. Quand la comtesse meurt en mai 1764, trois mois avant son mari, juste rentré en grâce, l’ouverture de son testament daté du 27 mars 1757 déçoit les d’Argenson père et fils car elle y favorise son entourage personnel, témoignant de son éloignement vis-à-vis de sa famille d’adoption et d’un appauvrissement dû aux circonstances politiques et à sa probable étourderie.
Femme de cour à la situation conjugale paradoxale mais banale, Anne Larcher est un personnage peu et mal connu. Elle n’apparaît guère qu’à travers des documents comptables et les témoignages, généralement calomnieux, de quelques mémorialistes, membres ou non de sa famille. Cependant ce qui subsiste de sa correspondance maritale (la seule conservée, semble-t-il) révèle une femme, à la graphie certes incertaine mais épistolière habile, tour à tour mélancolique et badine, affectionnée et mondaine. Mine de rien, elle dit beaucoup d’elle-même, tout en cherchant avant tout – constante des correspondances dites « familières » – à entretenir des liens familiaux plus ou moins distendus par les circonstances.

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