Angélique Séraphine de Ferrières : Différence entre versions

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Version du 12 juin 2019 à 09:24

Angélique Séraphine de Ferrières
Titre(s) Madame de Médel
Conjoint(s) 1. 1765-1772 : Louis-Charles-Joseph Piet de Piédefonds, chevalier, seigneur de Péré et de Genouillé, ancien mousquetaire noir de la garde du roi

2. 1775-après 1799 : Jean-Baptiste Lecomte, chevalier de Médel, capitaine au régiment de Tournaisis

Dénomination(s) Madame de Médel
Biographie
Date de naissance 20 septembre 1742
Date de décès 1799 ?
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Nicole Pellegrin, 2019

Angélique-Séraphine de Ferrières, née dans la noblesse ancienne à Poitiers le 20 septembre 1742, est fille de Charles-Léon de Ferrières, officier au régiment des Dragons de Condé, et de Marie-Anne du Tillet. Elle a pour frère, Charles-Elie, marquis de Ferrières et seigneur de Marsay, futur député de la Constituante et fin lettré. Il est l’époux d’Henriette de Monbielle d'Hus, la principale correspondante d’Angélique (entre 1770 et 1792, 70 des 78 lettres familières actuellement connues lui sont adressées, mais les réponses manquent).
Après un premier mariage (22 avril 1765), arrangé par son père avec un anobli fort riche qui meurt en 1772, elle se remarie, le 23 février 1775, par inclination, avec un personnage qui est peu apprécié de son entourage : le frère d’Angélique lui reproche « son extrême aristocratie », son esprit « passablement intéressé » et son départ en émigration en septembre 1791. Aucun enfant ne naît de ces deux unions. Les époux partagent agréablement leur vie entre une maison de ville à Poitiers, le domaine seigneurial voisin d’Aslonnes-La-Villedieu-du-Clain et les châteaux d’une parentèle nobiliaire nombreuse. Ils entreprennent aussi, quelques voyages à Paris, Vichy et finalement en Allemagne. Partie en janvier 1792 un an après son mari, Angélique erre longtemps à ses côtés entre Brabant, Rhénanie et Basse-Saxe, avant de mourir à Hambourg en 1799. Un « journal », tenu de janvier 1792 à la fin 1794, narrerait les péripéties de cette émigrée contrainte, mais il est aujourd’hui inaccessible, tout comme les manuscrits de la partie publiée de sa correspondance. Cette publication est riche d’annotations généalogiques mais fut entreprise selon des critères contestables : coupures, modernisation de l’orthographe et de la ponctuation, etc.
Ces textes révèlent une femme cultivée : vivacité du style, précision du vocabulaire (termes poitevins et langue classique), piquant des narrations, toutes qualités dont on ignore d’où elle les tient (elle évoque seulement et très vite des « souvenirs agréables qui tiennent [à un] premier âge » passé à l’abbaye royale de Sainte-Croix de Poitiers). C’est une musicienne appréciée (chant et harpe) et une lectrice assidue de périodiques (nationaux et locaux), de factums, de contes de fées, de livres non nommés de Montesquieu, Mably et Genlis, de romans (Richardson et Wieland), des poèmes de son amie Mme Petiteau de La Férandière, des œuvres de son frère, etc.
Sa correspondance contient une foule d’informations sur les mœurs de la noblesse provinciale et les plaisirs intellectuels et charnels de celle-ci : repas, promenades, spectacles, modes, soins médicaux, amours licites ou non, celles de son père notamment. Ses lettres décrivent longuement aussi « les malheurs des temps » : intempéries, disettes, émeutes, maladies « populaires », incertitudes politiques. Angélique, très au fait du prix de toutes choses, montant des héritages et des dots compris, sait diriger seule les travaux qu’exige la direction de ses domaines agricoles et de ses demeures. Marieuse obsessionnelle, « la grande affaire » de 1788 est l‘organisation du mariage de sa nièce aînée, Séraphine, avec Joseph-Louis Frotier de La Messelière, et elle se soucie à peine moins, cette année-là, des espoirs de réforme politique et de « l’inquiétude publique » alors si marquée en Poitou. En émigration, elle critique vivement « l’empire du point d’honneur » de ses compatriotes monarchistes, comme elle a su dénoncer les travers de ses proches avant 1789. Aigrie par une vie adulte insatisfaisante, Angélique révèle les tensions intra-familiales propres à un milieu privilégié qui court après l’argent et se déchire bien avant d’avoir à choisir d’émigrer ou non : son père est dépensier et chérit des servantes-maîtresses ; son second mari, bien que choisi par elle, n’a ni culture ni fortune ; son frère est brillant, riche et bien marié.
Les 78 lettres familières écrites par Angélique de Ferrières sont une source exceptionnelle pour comprendre les préoccupations d’une aristocrate de province, passionnée de nouveautés et observatrice critique des transformations socio-économiques d’un Ancien régime finissant. Mais, par-delà la chroniqueuse des mondanités provinciales et de quelques évènements pré-révolutionnaires - image à laquelle ont voulu la cantonner ses premiers éditeurs poitevins -, Angélique de Ferrières-Médel s’avère une épistolière hors-pair qu’il faudrait apprendre à mieux connaître en la comparant à ses contemporain-e-s.

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