Amélie Louise Sophie de Dietrich

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Amélie Louise Sophie de Dietrich
Conjoint(s) Antoine Scipion Perier (1776-1821)
Dénomination(s) Louise de Dietrich, Pervenche
Biographie
Date de naissance 1774
Date de décès 1832
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Laure Hennequin-Lecomte, 2014

Née en 1774, Louise de Dietrich appartient à deux grandes lignées emblématiques du patriciat strasbourgeois. Elle est la fille de Louise Sophie Amélie Glaubitz et de Jean de Dietrich, frère de Philippe Frédéric de Dietrich, le maire de Strasbourg guillotiné pendant la Révolution. Elle est la cousine des célèbres demoiselles de Berckheim (Octavie, Amélie, Henriette) par leur mère. Elle est surnommée « Pervenche » dans le cercle de Schoppenwihr, cénacle intellectuel se réunissant dans une des demeures du baron de Berckheim proches de Colmar. Elle met en pratique la devise du cercle : « Unis pour devenir meilleurs ». À la fin du XVIIIe siècle, elle participe aussi aux réunions de la Société Harmonique des Amis Réunis, influencée par le mesmérisme, et y retrouve sa tante, la mère des demoiselles de Berckheim. Elle est influencée par son institutrice Mlle Seitz, surnommée « Pallas », lors de séjours à Rothau, demeure sous la suzeraineté des Dietrich. En 1792, elle est incarcérée au Collège royal de Strasbourg avec sa mère. Cet emprisonnement fait suite à celui, dans la capitale, de son oncle, Philippe Frédéric de Dietrich, qui a été jugé trop modéré par les Jacobins.
Le 27 mai 1797, elle interprète le personnage de « Lise », l’une des jardinières qui offre des roses blanches dans la scénette célébrant Amélie de Berckheim le jour de son hymen avec Jean-Albert-Frédéric de Dietrich. En septembre 1798, elle accompagne sa cousine Henriette de Berckheim qui vient d'épouser Augustin Perier à Grenoble. Elle y retrouve Scipion Perier avec qui elle s'était liée d'amitié. Leur inclination réciproque ne se concrétise en mariage qu'en 1803, en Alsace. Ces noces constituent un autre exemple de mariage mixte entre une famille protestante noble d'Alsace et une lignée catholique bourgeoise du Dauphiné, Henriette et Augustin ayant ouvert la voie dès 1798. Louise est poussée par son époux Scipion à poursuivre son instruction dans le domaine scientifique. Elle suit avec sa belle-sœur Henriette des cours publics de chimie, tandis que Scipion lui enseigne en privé la chimie et qu’Augustin se charge des mathématiques. Elle réside après son mariage à Paris car les deux frères Perier sont associés et gèrent ensemble la banque Perier dans la capitale. Elle participe à la vie sociale brillante de son époux, banquier et régent de la Banque de France et administrateur des mines d'Anzin. Elle demeure en relation avec les Jordan, les Gérando, les Montbrison et Germaine de Staël. Elle séjourne dans une maison de campagne de Courbevoie où Scipion s'adonne à l’étude. Le 2 avril 1821, ce dernier meurt, ne lui laissant que 700 000 francs. Ses enfants Alfred, Édouard et Cécile, sont alors placés sous la tutelle de leurs oncles parisiens. Ayant confiance en Augustin Perier, Louise lui soumet en 1829 le compte de tutelle rédigé par Casimir trois ans plus tôt. La veuve essaie alors d’imiter la politique entrepreneuriale de sa cousine Amélie de Berckheim, dame de fer des forges de Dietrich, mais elle n’a pas ses capacités de femme d’affaires. Ses échecs enveniment ses relations avec son beau-frère Casimir Périer. Elle oblige celui-ci à participer à la relance de la fonderie de Chaillot en y injectant des capitaux. Elle espère beaucoup de la nouvelle société organisée en 1827 et qui comprend son fils Alfred, né en 1806. D'abord industriel, ce fils deviendra receveur des finances et épousera en 1845 Mathilde Blancard. En 1829, Louise reçoit le soutien et le conseil d'Augustin Périer, commanditaire pour 100 000 francs, mais en 1830, ses comptes sont déficitaires. Elle demande à sa belle-sœur Pauline de faciliter l’entrée dans le monde à 16 ans de sa fille Cécile qui, née en 1814, épouse en 1832 Louis Vitet, conseiller d'État et député de la Seine-Inférieure. Elle voit ses dettes réglées par Casimir et ses fils invités au château de Pont-sur-Seine dans l'Aube. Édouard, né en 1812 et maître des requêtes au Conseil d'État se mariera avec Mathilde de Brockwell en 1848. En 1832, Louise succombe à l'épidémie parisienne de choléra.
Louise est une des actrices secondaires de l'histoire révolutionnaire de Strasbourg par sa participation à la création de la Marseillaise. Le 26 avril 1792, elle est présente dans le salon de son oncle Philippe-Frédéric de Dietrich lors de la première exécution du Chant de Guerre de l'armée du Rhin, commandé le 25 avril au soir par le maire suite à la proclamation de guerre à Strasbourg et répété à plusieurs reprises dans la matinée du 26 avril. Dans le tableau d'Isidore Pils qui représente rétrospectivement en 1849 Rouget de l'Isle chantant la Marseillaise, elle serait la jeune fille assise au clavecin. Malgré cette anecdote, le rôle d’Amélie Louise, comme femme d’affaires (maladroite) et comme salonnière (brillante), n’a pas encore fait l’objet d’études spécifiques.

Oeuvres

  • Correspondance des Demoiselles de Berckheim et de leurs amis, précédée d'un extrait du Journal de Mlle Octavie de Berckheim et d'une préface de M. Philippe Godet, Paris et Neuchâtel, Imprimerie Delachaux et Niestlé, 1889, 2 vol.

Principales sources

  • Bibliothèque municipale Grenoble, R 90546 et R. 90635: comptes de tutelle des 28 mai 1826 et 20 septembre 1829.

Choix bibliographique

  • Hennequin-Lecomte Laure, Le patriciat strasbourgeois (1789-1830), Destins croisés et voix intimes, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2011.

Choix iconographique

  • 1849 : Isidore Pils, Rouget de l’Isle chante la Marseillaise chez Philippe-Frédéric de Dietrich, original ADD, Archives de Dietrich, château de Reichshoffen, Bas-Rhin [1].

Jugements

  • « Louise trouvera le bonheur quand elle remplira ses devoirs avec célérité et persévérance, qu’elle sera d’une humeur égale, d’une douceur constante par force d’âme et résolution, comme elle le serait par penchant naturel, qu’elle sera en garde contre elle-même, parce que la prudence est l’ennemie de la faiblesse. » (Octavie de Berckheim, dans 'Correspondance des Demoiselles de Berckheim et de leurs amis, précédée d'un extrait du Journal de Mlle Octavie de Berckheim et d'une préface de M. Philippe Godet', Paris et Neuchâtel, Imprimerie Delachaux et Nestlé, 1889, tome 1, p. 53-54).
  • « Je ne prétends pas faire de Louise un être extraordinaire ; mais si la pureté du cœur et une vraie sensibilité sont préférables à des qualités suréminentes, s’il est beau de voir un être doux et aimant, capable d’efforts qui ne peuvent être que le résultat de l’énergie du caractère, il m’est permis de dire : c’est bien là Louise (…). Elle n’est ni belle ni jolie, mais elle a un grand charme de physionomie et une tournure élégante qu’Augustin appelle tournure religieuse ; elle a des talents, elle danse à ravir. Son goût pour l’instruction s’étend surtout aux lectures sérieuses, son esprit est orné, son style touchant et élevé. Elle a connu le monde de bonne heure, mais lui préfère la solitude et l’amitié ; elle y a toujours été citée pour ce maintien décent et ce ton aimable qui la distinguent de presque toutes les jeunes personnes. Faire le bien, le propager, est pour son cœur, comme pour sa raison, le résultat de ses réflexions. » (Annette de Rathsamhausen, dans Gustave de Gérando, 'Lettres de la baronne de Gérando, née de Rathsamhausen, suivies de fragments d'un journal écrit par elle de 1800 à 1804', Paris, 2e éd., Didier et Compagnie, 1880, p. 66).
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