Élisabeth Geneviève Gaudin : Différence entre versions

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Version du 4 juin 2019 à 15:24

Élisabeth Geneviève Gaudin
Biographie
Date de naissance fin XVIIe siècle
Date de décès XVIIIe siècle
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Sabine Juratic, 2019

Élisabeth Gaudin naît vraisemblablement à Paris à la fin du XVIIe siècle. Fille d’un dénommé Gaudin sur lequel on ne sait rien, si ce n’est qu’il est probablement décédé jeune, elle est, du côté maternel, petite-fille de Nicolas [III] Oudot, libraire parisien issu d’une famille troyenne spécialisée dans le commerce des livres de la Bibliothèque bleue, une collection d’ouvrages bon marché et de petit format, imprimés sur du papier de qualité médiocre et brochés sous une simple couverture de papier bleu, puisant dans un répertoire traditionnel où livres de piété, romans de chevalerie, théâtre, contes, côtoient les manuels de civilité ou les livres de recette. Avec sa mère, Anne Oudot, Élisabeth Gaudin tient d’abord la boutique de sa grand-mère, Marie Promé, fille d’un libraire parisien, née vers 1648, mariée en 1665 avec Nicolas Oudot dont elle prend la succession en 1672. Après le décès de la veuve Oudot, survenu vers 1720, sa fille et sa petite-fille n’ont plus, selon les règles de leur communauté de métier, aucun droit pour continuer à exploiter à leur propre compte la librairie ; elles le font pendant un temps sous le nom de Françoise Baronchin veuve de Jean Jombert qui leur prête, ou leur loue, son droit d’exercice, une pratique prohibée en théorie par les statuts professionnels mais assez largement répandue et tolérée. La crainte d’une mise en œuvre plus rigoureuse de la réglementation susceptible de les priver de cette ressource conduit en 1722 Anne Oudot et sa fille à solliciter de la communauté des libraires une autorisation officielle d'exercice.
Par délibération de la communauté, il est permis, le 19 décembre 1722, à Élisabeth Gaudin, en considération du fait qu’elle est petite-fille d’un libraire de Paris, et en contrepartie de son offre d’un don de 2 000 livres tournois – une somme plus élevée que les droits exigés ordinairement à cette époque des apprentis libraires lors de leur réception à la maîtrise –, de succéder à sa grand-mère pour vendre des almanachs et autres « livres bleus », mais sans avoir cependant la possibilité de transmettre ce droit. La dérogation dont elle bénéficie ne l’autorise pas non plus à faire figurer son propre nom sur les livres qu’elle met en vente et elle doit recourir, sur la page de titre de ses publications, à la formule « en la boutique de la veuve Oudot, libraire à Paris, rue de la Harpe, près la rue des Deux-Portes, À l'Image Notre-Dame ».
Sous cette adresse elle fait paraître, à partir de 1722, plusieurs catalogues des livres qu'elle propose en vente. Il s’agit essentiellement d’éditions ou de réimpressions de titres de la Bibliothèque bleue de Troyes, de recueils de Noëls et de chansons, et de pièces de circonstances. Élisabeth Gaudin ne limite toutefois pas son activité à la vente de ces livres et livrets, car elle s’implique parfois personnellement dans l’élaboration des ouvrages qu’elle publie. Dès 1722, elle fait paraître, sous l’adresse de la veuve Jombert, une édition, révisée par ses soins, du guide de François Colletet, Les Rues de Paris, pour lequel elle a obtenu un nouveau privilège en son propre nom le 20 mars 1721. Et, dans une des dernières publications connues parues à l’adresse de la veuve Oudot, Compliment fait au roy Louis XV venant à Paris pour rendre à Dieu des actions de grâce de l’heureuse naissance de Monseigneur le Dauphin, né le 4. septembre 1729, une note insérée en fin de volume apporte un autre éclairage sur le rôle d’éditrice qu’entend jouer la libraire. Il y est en effet précisé : « On trouvera dans la même boutique un Recueil de vaudevilles & chansons qui se feront sur la naissance de Monseigneur le Dauphin, dont on fera une recherche exacte ».
Élisabeth Gaudin, dont on ignore la date de décès, compte au XVIIIe siècle parmi les rares filles majeures ayant exercé la librairie à Paris. Son exemple illustre le poids des contraintes réglementaires qui s’imposent aux femmes et les empêchent d’exercer librement le commerce de librairie lorsqu’elles ne sont pas elles-mêmes veuves de maîtres, mais il démontre aussi qu’il n’était pas totalement impossible de négocier pour s’émanciper des règles ou pour les contourner, à condition toutefois d’y mettre le prix et de s’engager à se maintenir dans une certaine invisibilité.

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