Françoise de La Caille

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Françoise de La Caille
Conjoint(s) Mergé, Pierre
Dénomination(s) Veuve Mergé, Veuve Pierre Mergé
Biographie
Date de naissance 5 juin 1679
Date de décès 22 janvier 1753
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Pascale Cugy, 2017

Fille de l’imprimeur-libraire Robert-Jean-Baptiste de La Caille et de la fille d’un épicier parisien, Anne Pierre, Françoise de La Caille grandit probablement rue Saint-Jacques, aux alentours de la boutique familiale des Trois Cailles ; elle a au moins une sœur, Anne-Madeleine, qui épouse en 1718 un chirurgien. Françoise se marie quant à elle le 24 septembre 1706 avec Pierre Mergé, dont son père assure la carrière, puisque, peu de temps avant la signature du contrat, Robert-Jean-Baptiste se désiste en sa faveur de sa place d’imprimeur (le nombre des places d’imprimeur est alors contingenté à 36 à Paris par les règlements). La dot de Françoise sert d’ailleurs en partie à financer la réception de son mari dans la communauté des imprimeurs et libraires. Trois enfants au moins naissent de cette union : Anne-Suzanne, Jeanne-Françoise et Pierre-Vincent.
Le jeune couple emménage dès 1707 rue Saint-Jacques chez un oncle de Françoise, le graveur, éditeur et marchand d’estampes Henri II Bonnart dont la boutique, à l’enseigne du Coq, est située au rez-de-chaussée de la maison appelée L’Image de Saint-Séverin. Occupant quelques pièces de cette dernière, les conjoints y installent leur entreprise avec leurs presses et publient eux-aussi leurs ouvrages sous le nom du Coq. Ils demeurent dans la maison après le décès de Henri II, en 1711, et la reprise de sa boutique par son fils Jean-Baptiste-Henri et son épouse Marie Fontaine.
Après la mort de Pierre Mergé, le 21 septembre 1716, Françoise de La Caille perpétue seule la production ; reçue imprimeur et libraire à cette date, elle a des apprentis qu’elle loge chez elle, comme Philippe Letourneur. Elle entretient de bonnes relations dans le milieu des imprimeurs et libraires parisiens, comme en témoigne par exemple sa présence parmi les « amis » - selon l’expression utilisée par les notaires – et témoins au mariage de Pierre Simon, ancien apprenti de son mari devenu imprimeur du Clergé de France et du Parlement, ou ses arrangements avec l’imprimeur ordinaire de l’Université de Paris, Claude-Louis Thiboust, qui lui sert de prête-nom en 1718 pour la signature du contrat d’apprentissage de Letourneur. Ses relations vont cependant au-delà de ce milieu social et une de ses filles, Jeanne-Françoise, épouse en octobre 1731 Antoine-François de Mérou, fils de Noël-Antoine de Mérou, entrepreneur de la Manufacture royale des tapisseries de Beauvais et propriétaire entrepreneur de la Manufacture royale de Boufflers, et de Françoise Girard.
En 1736, quelques années après la mort de Jean-Baptiste-Henri Bonnart, Marie Fontaine lui sous-loue le Coq avec l’accord du propriétaire des lieux, la fabrique de l’église Saint-Séverin. Françoise de La Caille y reste probablement jusqu’à la fin de sa vie, puisque c’est l’adresse que l’on trouve sur sa production jusqu’à l’arrêt de son activité en 1752. Elle serait morte peu de temps après, le 22 janvier 1753, selon le témoignage d’Augustin-Marin Lottin, qui rédige son épitaphe, située sur ou près de sa tombe dans la crypte de la chapelle du Saint-Sacrement de l’église Saint-Séverin.
Françoise de La Caille fait partie des nombreuses femmes étroitement associées à l’activité d’édition, d’impression et de librairie que comptait la rue Saint-Jacques. Officiant d’abord de manière anonyme, elles ne devenaient visibles qu’à la mort de leur mari. Si aucune véritable boutique de librairie ne semble avoir existé à l’enseigne du Coq, les impressions qui portent cette marque témoignent d’une activité régulière divisée entre publications de pièces de théâtre, livrets populaires et commentaires religieux, mais aussi factums, requêtes, discours, mémoires divers et « ouvrages de ville » pour des particuliers (faire-part, affiches, annonces…).
La veuve Mergé exerce donc surtout une activité d’imprimerie, éditant peu d’ouvrages elle-même, mais travaillant pour le compte de libraires éditeurs ou d’auteurs comme John Arbuthnot, Louis Coquelet ou Alexis Piron.

Principales sources

  • Lottin, Augustin-Martin, Catalogue chronologique des libraires et des libraires-imprimeurs de Paris, depuis l’an 1470, époque de l’établissement de l’imprimerie dans cette capitale, jusqu’à présent…, Paris, Jean-Roch Lottin de Saint-Germain, 1789, p. 181.

Choix bibliographique

  • Abour, Roméo, Dictionnaire des femmes libraires en France (1470-1870), Genève, Droz, 2003 p.381.
  • Cugy, Pascale, La dynastie Bonnart et les bonnarts. Étude d’une famille d’artistes et producteurs de « modes », Thèse de doctorat de l’Université Paris-Sorbonne, sous la direction de Marianne Grivel, 2013, 4 vol. (à paraître aux PUR en 2017).

Jugements

- Épitaphe de Françoise de La Caille et Agathe-Marie-Françoise Gras, rédigée par Augustin-Martin Lottin en 1753 (BnF, Mss, Collection Anisson, Ms. fr. 22 109, fol. 177-178) ICI, Sous la même Tombe, Frappées presque du même coup, REPOSENT L’Ayeule & la petite-Fille : La première FRANÇOISE DE LA CAILLE, La seconde AGATHE-MARIE- FRANÇOISE GRAS : Celle-là Veuve de PIERRE MERGÉ, Imprimeur, Imprimeur elle-même ; Celle-ci Promise en mariage à AUGUSTIN-MARTIN LOTTIN, Imprimeur : Celle-là Respectable par son âge & ses mœurs ; Celle-ci Recommandable par ses graces, son esprit & son caractère. Toutes les deux, Quoiqu’à soixante ans de distance, Mais également mures pour le ciel Furent enlevées par la Mort en la même année Celle-là le lundi 22 Janvier, Celle-ci le lundi 25 Juin, En l’Année MDCCLIII. Ce Monument De respect pour la première, d’amour pour la seconde, Fut élevé par AUGUSTIN-MARTIN LOTTIN, l’aîné, Successeur de celle-là dans l’Imprimerie, Et presque Mari de celle-ci.




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