Marguerite Louise d'Orléans
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Marguerite Louise d'Orléans | ||
Titre(s) | Grande duchesse de Toscane | |
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Conjoint(s) | Côme III de Médicis | |
Dénomination(s) | Princesse d'Or | |
Biographie | ||
Date de naissance | 28 juillet 1645 | |
Date de décès | 17 septembre 1721 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Vincenzo Lagioia et Nathalie Grande, 2015
Née à Blois en juillet 1645, fille de Gaston d’Orléans et de Marguerite de Lorraine, Marguerite est la première née du second mariage de son père, et donc la cousine germaine de Louis XIV et la demi-sœur de la Grande Mademoiselle, son aînée de 19 ans, dont les Mémoires témoignent qu’il n’y eut jamais entre elles de bonnes relations. Comme pour ses sœurs (Élisabeth-Marguerite (1646-1696), épouse de Louis de Guise, duc d’Alençon, et Françoise Madeleine (1648-1664), épouse de Charles-Emmanuel II de Savoie), le mariage de Marguerite-Louise a été l’objet d’âpres négociations. Eprise de son cousin, Charles de Lorraine (1675-1690), elle est réticente au mariage toscan que la diplomatie française a négocié pour elle, et sa mère, tante de Charles, appuie sa demande. Louis XIV, qui tient à donner suite aux accords pris avec le grand-duc de Toscane, fait acte d’autorité, et le contrat de mariage est signé au Louvre le 17 avril 1661. Partie de Paris le 9 mai, Marguerite arrive à Florence le 15 juin, et fait une entrée triomphale. La ville l’accueille avec enthousiasme et le grand-duc dépense une fortune pour les réjouissances. Trois enfants naissent de cette union avec Côme III de Médicis : Ferdinand (1663-1713), Anne-Marie-Louise (1667-1743), et Jean-Gaston (1671-1737).
Cependant le mariage n’est pas heureux : Marguerite supporte mal sa belle-mère, Vittoria della Rovere, qu’elle considère comme une bigote ; elle se met à détester la Toscane et supplie Louis XIV de lui permettre de revenir à la cour de France. Des disputes minent les rapports entre le grand-duc et la princesse, d’autant que celle-ci poursuit en secret une correspondance avec Charles de Lorraine. Aussi son époux ne tarde pas à s’adresser à Louis XIV, qui envoie de nombreux médiateurs ; mais Marguerite ne se laisse pas fléchir, malgré son exil dans la villa de Poggio a Caiano. Après une visite expressément demandée par Marguerite qui affirme être malade, le médecin Alliot, envoyé par Louis XIV en août 1672, conclut que son mal est d’ordre plus psychologique que physique. Elle-même écrit dans une lettre à son mari de décembre 1672 : « Je vous déclare donc que je ne puis plus vivre avec vous : je fais votre malheur, comme vous faites le mien. Je vous prie donc d’accepter une séparation pour calmer ma conscience et la vôtre et je vous manderai mon confesseur pour qu’il en parle avec vous. J’attendrai ici les ordres du Roi, que j’ai supplié de me permettre d’entrer dans un couvent en France. Je vous recommande mes enfants ». Un bref du pape Alexandre VII lui-même (11 avril 1665) ne change rien aux rancœurs.
Après de longues péripéties, un accord pour le retour de la princesse est signé le 26 octobre 1674. Après quatorze ans d’un mariage vécu comme un exil, Marguerite quitte Florence le 10 juin 1675 et se retire comme prévu chez les bénédictines de Montmartre, renonçant à son héritage au profit de ses enfants, qui restent avec leur père. Elle fait toujours beaucoup parler d’elle et on l’accuse d’entretenir des relations avec des hommes du peuple, valet ou garçon d’écurie ; on l’accuse même d’avoir provoqué un incendie au sein du couvent pour se venger du grand-duc qui continue à vouloir la contrôler à distance : « Vous me mettez dans un tel état que je ne puis plus fréquenter les sacrements et qu’ainsi vous me ferez damner ; mais, malgré toute votre dévotion, vous vous damnerez également, parce qu’une personne qui est cause de la perte d’une âme ne peut sauver la sienne propre et vous savez que, si vous me laissiez tranquille et ne vous mêliez pas de mes affaires, je n’aurais que des occasions de faire du bien » (8 janvier 1680).
En 1692, suite à un conflit avec l’abbesse Marie-Anne de Lorraine-Harcourt, Marguerite quitte Montmartre pour le couvent des Augustines de Picpus. A la mort de Louis XIV, le Régent, son petit-neveu, lui attribue un viager de 120.000 francs et un appartement au Palais Royal, mais elle est alors frappée de paralysie depuis trois ans. Dans son testament, elle laisse 300.000 francs à chacun de ses enfants, nommant héritière universelle sa cousine, la princesse d’Épinoy, sans faire la moindre allusion à son époux, toujours vivant (Côme III s’éteindra le 31 octobre 1723). Elle meurt le 17 septembre 1721, à l’âge de 76 ans, et son corps est déposé dans la nécropole royale de Saint-Denis.
Présente chez les mémorialistes et épistoliers de son temps, le souvenir de Marguerite s’efface, avant que la biographie d’E. Rodocanachi en 1902 ne ranime son souvenir : la princesse devient en 1973 la principale protagoniste du roman d’Anna Banti, La Camicia bruciata (La Chemise brûlée) (Milan, 1973, 1979, 1987).
Oeuvres
- Quelques lettres sont conservées aux Archives d’Etat de Florence dans le fonds « Mediceo del Principato », dans différentes liasses, en particulier la liasse 6265, 4828, 4782, 4787, 4789.
- Quelques lettres citées dans E. Rodocanachi, Les Infortunes d’une petite-fille d’Henri IV. Marguerite d’Orléans grande duchesse de Toscane (1645-1721) p. 151-152 ; 218-220 ; 332 ; 418-421 ; 423.
- Idem, dans R. Galluzzi, Istoria del Granducato di Toscana libro VIII, I, p. 100-101 ;II, p.126-127 ; III, p. 67, p. 177-181.
- Idem dans G. Baccini, Margherita Luisa. d’Orléans, Granduchessa di Toscana. Documenti inediti tratti dall’Archivio di Stato di Firenze, p. 245-254.
Principales sources
- Archivio di Stato di Firenze, Fondo Mediceo del Principato, 1071, 1474, 1480, 2689-2692, 4401, 4603, 4660, 4663, 4665-4668, 4670, 4701-4711, 4715, 4766-4798, 4805-4807, 4813, 4826-4828, 4845, 6265-6270, 6298
- Miscellanea Medicea, 368, cc. 206-207; 575, ins. 7, 967, 969
- Oeuvres de Louis XIV, V, Lettres particulières, Paris 1806; XLI
- 1662, Alessandro Segni :Memorie delle feste fatte in Firenze per le Reali nozze de’ Serenissimi sposi Cosimo e Margherita Luisa, Principessa d’Orléans.
Choix bibliographique
- Acton Harold., Les derniers Médicis(1930), traduit de l’anglais par J. Georgel, Paris, Perrin, 1984.
- Baccini Giuseppe, Margherita Luisa. d’Orléans, Granduchessa di Toscana. Documenti inediti tratti dall’Archivio di Stato di Firenze, Florence, Giornale di erudizione, 1898.
- Paoli Maria Pia, "Marguerite d’Orléans, granduchessa di Toscana, voce biografica in Dizionario Biografico di Italiani, vol. 70, 2008. [1]
- Rodocanachi Emmanuel, Les Infortunes d’une petite-fille d’Henri IV. Marguerite d’Orléans grande duchesse de Toscane (1645-1721), Paris, Flammarion, 1902.
- Waquet Jean-Claude, « “Des accidents tout à fait extraordinaires et surprenans” : la monarchie française face à l’échec du mariage de Marguerite-Louise d’Orléans. avec Côme de Médicis, prince de Toscane », dans Femmes et pouvoir politique : les princesses d'Europe, XVe-XVIIIe siècle, éd. I. Poutrin et M.K. Schaub, Paris, Bréal, 2007, p. 120-132.
Choix iconographique
- Sans date, vers 1670, gravure par Adriaen Haelwegh [2]
- sans date, vers 1670, peinture anonyme de Marguerite Louise d'Orléans (proche de la gravure), Musée des Beaux Arts de Chambéry.[3]
- sans date (vers 1670), Marguerite-Louise d’Orléans, grande duchesse de Toscane avec la couronne grand-ducale, Ecole florentine, Galerie Palatine, Florence.
- sans date (vers 1670), Marguerite Louise d'Orléans, grande-duchesse de Toscane (1645-1721), par l’atelier des frères Charles (1604-1692) et Henri Beaubrun (1603-1677). Huile sur toile 73 x 60 cm, conservée au musée du château de Versailles.[4]
- 1723, Galerie des Offices, série Aulica, Firenze, Margherita Luisa d’Orléans (1645-1721), huile sur toile attribuée à G. G. Gabbiani. [5]
- sans date (première moitié XIXe), Marguerite Louise d’Orléans vers 1660, huile sur toile de Louis Edouard Rioult (1790-1855), château de Versailles.[6]
Jugements
- « Mademoiselle d’Orléans a treize ans ; elle est belle de visage, brune de cheveux, ses yeux sont bleu turquoise et elle semble très douce », Bonsi (négociateur de son mariage et futur évêque de Béziers), Lettre à l’abbé Gondi, premier ministre du duc de Toscane, mai 1658, citée par Rodocanachi, op. cit., p.9.
- « Vous me rendez bien justice en croyant que je vous rende conte avec sincerité de ce que vous desirez à moins de vouloir mentir, je puis vous protester que la princesse a des excellentes qualités, a l esprit, et au coeur. Elle en possede un le plus doux et le plus droit que l’on puisse souhetter; elle est complesante au dernier point, très spirituelle sans perdre le rang que merite sa naissance, elle parle fort bien, elle a le ton de la voix agreable, elle chante tres agreablement, elle joue bien de l’épinette, elle danse dans la dernière perfection, elle a la taille belle, et je vous jure devant Dieu, que jamais tailleur ne luy a aidé, je meterai ma vie pour cella, elle a la gorge des plus belles et des plus pleines. Elle est blanche et les joues vermeilles, les yeux tres vifs, les cheveux bruns et en tres grande quantité, et elle est cy adresse de ses mains, quelle ce coiffe seule, des femmes la peignent seulement, et luy aident tres peu, elle est assez gaie, mais jamais emportée, fort pieuse et fort reglée en ses devotions […] ». Madame Gobelin, Lettre à l’évêque de San Miniato, Mgr Barducci, 22 juillet 1659, citée par Rodocanachi, op. cit. , p. 19-21.
- « […]. J’appris que ma soeur d’Orléans avoit une grosse cour de filles de son âge; qu’elle s’alloit promener très-souvent; que son cousin Charles de Lorraine lui avoit fait la cour pendant quelque temps; qu’il avoit discontinué depuis l’arrivée de mademoiselles de Mancini, qui étoient arrivées à Paris un mois devant le Roi, auxquelles il faisoit extrêmement sa cour; […]», "Mémoires de Mlle de Montpensier", in Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, par. M. Petitot, Paris, Foucault, 1825, t. XLII, p. 521-522.
- « […]Elle me répondit avec grand embarras qu’il étoit vrai que le prince Charles avoit de l’amitié pour elle; que si elle avoit été un aussi bon parti que moi, il l’auroit épousée. Je ne voulus pas pousser cette conversation plus loin, par la peine que je lui faisois, et par celle que j’avois de la voir toute décontenancée. […] », "Mémoires de Mlle de Montpensier, in Collection des Mémoires, op. cit., t. XLIII, p. 14-15.
- « Madame de Toscane est abîmée dans son Montmartre et dans ses Guisardes. Elle a témoigné à toutes les dames qu’après les premières visites elle n’en souhaitoit plus, et a commencé ce discours par Mme de Rarai. On trouve cette dureté grande : il est vrai qu’elle ressemble assez à la Diane d’Arles ; mais je ne trouve pas qu’elle puisse espérer d’être égayée, à la vie qu’elle fait. », Madame de Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, Paris, 1862, tome 4, p. 69-70.
- « Loin de se laisser persuader, il [=Louis XIV] envoya Le Tellier dire à la duchesse d’Orléans qu’il fallait se résoudre à signer le contrat sans plus de remise et que sa fille fût partie pour la Toscane dans quatre jours, sinon qu’elle épouserait un cloître ». Beauvau, Mémoires, Pierre Marteau, Cologne, 1690, p. 189.
- « La grande-duchesse est paresseuse, elle n’aime à écrire et, entre nous soit dit, elle se soucie fort peu de ses enfants. », Lettre de Marly, 7 septembre 1710, Correspondance de Madame, duchesse d’Orléans, par E. Jaglé, Paris, Quantin éditeur, 1880, t. II, p. 60.
- « Madame la Grande Duchesse avoit été fort belle, et très-bien faite et grande ; on le voyoit bien encore ; bonne et peu d’esprit, mais arrêtée en son sens sans pouvoir être persuadée. […] Après bien des années, elle se mit à venir souvent à Paris, chez qui elle pouvoit passer quelques heures, ou à quelques dévotions, sans crédit et avec peu ou point de considération». Saint-Simon, Mémoires, Paris, Éditions Ramsay, 1979, t. 16, p. 183-185.
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