Judith Moreau de Brésoles

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Judith Moreau de Brésoles
Biographie
Date de naissance 1620
Date de décès 1687
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Julie Roy, 2005.

Fille de François, commissaire des guerres, et de Françoise Gailliard, Judith Moreau de Brésoles naît à Blois le 25 mars 1620. M. de la Basme, frère naturel de son père, y est gouverneur. À l'exemple de sa mère, Judith visite les pauvres et apprend des rudiments de médecine qu'elle utilise dès l'âge de quinze ans auprès des malades de l'Hôtel-Dieu de Blois. Elle envisage de consacrer sa vie à leurs soins, mais ses parents s'y opposent. Ils lui accordent néanmoins la permission d'entrer chez les Visitandines de Blois. Peu séduite par la vie conventuelle, Judith retourne au château familial après quelques mois de noviciat. Elle convainc son confesseur, le père jésuite Diet, de la laisser entrer à l'Hôtel-Dieu de La Flèche, dans la vallée du Loir, sans attendre le consentement de ses parents. La nuit du 5 septembre 1645, Judith, devenue majeure, s'enfuit de chez elle pour suivre sa vocation. Formée par un chimiste à la distillation des essences nécessaires à la fabrication des médicaments, elle fonde en 1650 un nouvel Hôtel-Dieu à Laval, avec ses consoeurs Catherine Macé et Marie Maillet. Ces Filles de Saint-Joseph sont alors vivement sollicitées pour se rendre en Nouvelle-France rejoindre Jeanne Mance à Montréal, qui a besoin de renfort pour l'hôpital qu'elle vient de fonder. En 1656, l'évêque d'Angers Henri Arnauld oppose un refus. Après trois ans de négociations, il finit par céder, à condition pour elles d'adopter la clôture. Judith est élue première supérieure de la future communauté de Montréal. Le 1er juin 1659, malgré l'émeute des habitants de La Flèche pour empêcher leur départ, supposé forcé, les mères Macé, Maillet et Moreau de Brésoles réussissent à quitter la ville pour se rendre à La Rochelle. Le Canada est alors considéré comme une terre de martyrs, Montréal étant la plus touchée par les attaques des Iroquois. Le navire lève l'ancre le 2 septembre 1659 et accoste à Québec, le 7 septembre suivant. Les trois filles de Saint-Joseph arrivent à Montréal à la mi-octobre. François de Laval, évêque de Nouvelle-France, et l'abbé de Queylus, supérieur des Sulpiciens de Montréal, qui, en vain, ont tenté d'interdire la venue des hospitalières de La Flèche, préférant confier la direction de l'Hôtel-Dieu de Montréal aux hospitalières de Québec, se résignent pour un temps à les tolérer. À l'automne 1660, ils trouvent cependant l'occasion de revenir sur leur décision. Avec le décès de Jérôme Le Royer de la Dauversière, Jeanne Mance est privée de la donation de 20 000 livres, destinée à l'hôpital de Montréal par la bienfaitrice de l'Hôtel-Dieu, Angélique Fauré de Bullion. Confiée à Le Royer, la donation est saisie avec ses autres biens pour payer les dettes de l'hôpital. À force de sacrifices, de travail et de dons de bienfaiteurs français et canadiens, la situation financière de l'établissement s'assainit. La tension perdure toutefois entre l'évêque et les Filles de Saint-Joseph. Le prélat supporte mal qu'elles ne prononcent que des voeux simples, moins contraignants sur le plan de la régularité, mais plus adaptés à leur vocation de soignantes. Il diffère l'octroi du décret d'érection canonique, empêchant ainsi tout nouveau recrutement. L'avenir de la communauté est menacé. Après douze ans de lutte, les religieuses finissent par modifier leurs constitutions et adopter la formule des voeux solennels. Mgr de Laval signe le décret en 1671. Judith s'éteint à Montréal le 1er juillet 1687, après avoir occupé à plusieurs reprises la charge de supérieure.
On la reconnaît surtout pour son travail d'apothicairesse. Dans le jardin des hospitalières, elle cultivait une grande quantité d'herbes médicinales avec lesquelles elle fabriquait les médicaments nécessaires aux soins des malades. Elle utilisait plusieurs plantes aborigènes et consultait les autochtones pour connaître leurs usages. Dans les annales de la communauté, Marie Morin fait état de ses talents dans le domaine de la pharmacologie. À l'exception des hospitalières, peu de chercheurs se sont intéressés à cette fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Laval (France) et de celui de Montréal. En son honneur, une rue du vieux Montréal porte le nom De Brésoles et le gouvernement du Québec a donné son nom à une réserve écologique du Haut-Saint-Maurice.

Choix bibliographique

- L'Hôtel-Dieu. Premier hôpital de Montréal (1642-1942), Montréal, Hôtel-Dieu de Montréal, 1942.
- Morin, Marie, Histoire simple et véritable de l'Hôtel-Dieu de Montréal (1697-1725), Ghislaine Legendre (éd.), Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1979.

Liens électroniques

- Esther Lefebvre, «Moreau de Brésoles, Judith», Dictionnaire biographique du Canada en ligne/ Dictionary of Canadian Biography on Line: http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=34543
- Les vestiges de l'ostensoir fabriqué entre le 7 novembre 1681 et le 10 juillet 1682, par Robert Derome, avec la collaboration de Soeur Nicole Bussières, de Gilbert Langlois et de Pierre-Olivier Ouellet:http://www.er.uqam.ca/nobel/r14310/MRHSJ/vestiges.html

Jugements

- «S'il arivèt qu'on apporta a l'hospital quelqu'un bien malade, blessé ou autre, aussy tost elle ce levèt à l'instant pour le soulager par ces remedes qu'elle composèt a fur et mesure qu'elle en avèt besoin selon les maladie. [...] Elle en fesèt de mesme pour toute sortes de maladie qui fesais un effet tout autre que ceux qu'on aportèt de France. Aussi disèt on que ces médecines estais miraculeuses. [...] Quand elle composèt les remedes pour les malades, c'etait sans enbaras. Elle courèt au jardin de Mademoiselle Mance, qui joignèt le leur, chercher des simples, disait elle, en revenèt les mains pleines, quoy qu'on n'i en ut planté et qu'il etait dressé a peu pres comme celui du paresseux, plain de ronces, mechantes herbes et tout en friches, rien n'i etant cultivé que quelques herbes potageres, des legumes et racines pour manger pandant l'hiver. À la suitte du tamps, elle fit enclore un petit jardin pour y planter des herbes medecinales qu'elle cultivèt seule de ces mains» (Marie Morin, Histoire simple et véritable (1697-1725), voir supra, choix bibliog., p.175, 178).

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