Érinna
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Érinna | ||
Biographie | ||
Naissance | IVe siècle avant JC | |
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Région d'origine | Rhodes ou Télos | |
Langues | Dialectes éolien et dorien | |
Dénomination(s) | Érinne Érynne Éryne Herynes | |
Activités | ||
Domaines de notoriété | Poétesse | |
Oeuvres | Épigrammes Un long poème (300 vers) en hexamètres dactyliques, La Quenouille (poésie funéraire) | |
Sommaire
Sources antiques principales
Épigrammes encomiastiques et funéraires de l'Anthologie grecque (VII 11, 12, 13 et 713, IX 190) ; la Souda et Eustathe de Thessalonique sont des sources importantes également (Commentaire attaché au livre II v. 711 sq. de l' Iliade, sur Admète (B 711)). Enfin, elle est dans le canon des neuf poétesses antiques d'Antipater de Thessalonique (Anthologie grecque, IX 26).
Article d'Anne Debrosse, 2012
Érinna, selon les sources antiques, est une poétesse très talentueuse (elle est comparée à Homère) morte très jeune (19 ans) et vierge.
Elle connaît une éclipse très importante à la fin de l'Antiquité mais revient à la mode grâce à une erreur de datation qui s'impose peu à peu, parce qu'on pense qu'elle est contemporaine de Sappho. Dès lors, on a tendance à la voir partout : le philologue Antonio Volsco, en 1482, propose de lire « et sua cum antiquae committit scripta Corinnae / Carminaque Erinnae non putat aequa suis » deux vers de Properce (Élégies, II, 3 v. 21) qui se lisent en réalité « et sua cum antiquae committit scripta Corinnae, / Carmina quae quivis, non putat aequa suis. » Dans les catalogues de femmes savantes tout autant que dans des ouvrages de fiction, elle tend à remplacer Corinne aux côtés de Sappho ou s'ajoute à ces deux poétesses, dès le XVIe siècle mais surtout au XVIIe siècle. L'exemple le plus éclatant (comme souvent pour les poétesses grecques) est celui de Madeleine de Scudéry, dans les Harangues héroïques et dans l'Artamène : Sappho y exhorte Érinna à écrire.
Enfin, sa virginité lui assure une partie de son succès : tout en étant d'une époque comparable et d'une réputation tout aussi flatteuse que Sappho dans les testimonia, elle aurait pu – et elle l'a été en partie – en être le contre-modèle idéal. Juan Luis Vives, dans son De Institutione Feminae Christianae (1523), recommande de suivre l'exemple de Corinne et d'Érinna, Corinna et Érinna étant depuis longtemps associées en raison de l'homoiotéleute (répétition des mêmes syllabes finales).
Néanmoins, parce qu'elle est souvent associée à Sappho, comme Corinne, elle devient parfois difficilement utilisable à son tour au XVIIe siècle, même si le phénomène est moins flagrant que pour Corinne. Hilarion de Coste, dans sa notice sur Laurence Strozzi, écrit en effet : « elle a acquis un renom immortel, que le temps ne lui pourra jamais derober, et s'est rendue plus illustre que Corinne, Sapho, Erinne, et d'autres dames de l'antiquité, qui ont mêlé des lascivetés dans leurs poésies ». Le trio constitué de Corinne, Sappho et Érinna est alors discrédité en son entier, alors que, au moment où de Coste écrit ces lignes, il n'y a aucun texte d'Érinna qui soit empreint de « lascivetés » et que sa réputation n'est pas du tout teintée d'érotisme.
Néanmoins, malgré ce phénomène, elle reste une figure de référence, même à la fin du XVIIe siècle.
Textes
Épigrammes contenues dans l'Anthologie grecque (VI 352, VII 710 et 712). En outre, un long morceau de sa Quenouille a été découvert en 1928.
Bibliographie sélective
Baader, Renate : « Wider die "lys et roses": Mademoiselle de Scudérys Rede Sapho à Erinne », Lendemains, XVI, 61, 1991, p. 12-27.
Chambefort, Pierre : « Les histoires insérées dans les romans de Madeleine de Scudéry: Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) », in C. Lachet, Les Genres insérés dans le roman, Actes du colloque international (10-12 décembre 1992), Centre d'Etudes des Interactions culturelles de l'Université de Lyon III-Jean Moulin, 1993, p. 285-294.