Proba Falconia
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Proba Falconia | ||
Biographie | ||
Naissance | IVe siècle ap. J.C. | |
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Région d'origine | Rome | |
Langues | latin | |
Dénomination(s) | Proba Probe Proba Falconia Proba Faltonia Faltonia Betitia Proba Centona Valeria Proba Falconia Proba Falconia Hortina Valerie (selon H. Corneille Agrippa et Helisenne de Crenne) | |
Conjoint(s) | Claudius Celcinus Adelphus | |
Activités | ||
Domaines de notoriété | Poétesse | |
Oeuvres | Cento Virgilianus de laudibus Christi, hexamètres virgiliens. | |
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Sommaire
Sources principales
Article de Michèle Clément, 2012
Proba n’est pas une figure antique comme les autres parce que le personnage est moins auréolé de légende que celui de Sappho ou d’Hipparchia et que l'un de ses ouvrages existe encore, entier et non pas mutilé. C'est même « l’œuvre féminine la plus répandue en France, et probablement en Europe au xvie siècle » selon Hélène Cazes qui lui a consacré une partie de sa thèse. On sait peu de chose de Proba Falconia, et encore sont-elles incertaines. Elle vit au ive siècle, sous le règne d’Honorius ; épouse de Claudius Celcinus Adelphus, préfet de Rome, elle s’est convertie au christianisme, est devenue poétesse et a composé à la toute fin du ive siècle un centon, Cento Vergilianus de laudibus Christi, composé de six cent quatre-vingt-quatorze hexamètres virgiliens. Il s’agit à la fois d’un récit épique et d’une prière lyrique, composé en diptyque : récit de la Création et récit de la Passion ; l’énonciatrice dit avoir renoncé à la poésie profane dans le proemium et on suppose, de ce fait, qu’elle a aussi été l’auteure d’un premier poème, aujourd’hui perdu, intitulé Constantini bellum adversus Magnentium. Son centon a été transmis sans interruption depuis l’Antiquité tardive jusqu’au début du XVIIe siècle.
Le genre du centon virgilien est apparu au début de l’ère chrétienne mais pas nécessairement en contexte chrétien, comme le prouve le centon d’Ausone, Cento nuptialis, accompagné d’une glose qui vaut définition du genre (lettre-préface). Le tour de force réalisé par Proba consiste aussi à faire dire littéralement à des vers de Virgile ce qu’ils n’ont jamais pu dire : la Bible. Le texte, connu dans toute l’Europe par plus de cent témoins (manuscrits et éditions), n’a eu que deux traductions françaises, quasi concomitantes, celle de Richard le Blanc, Opuscule sur le mystère de nostre foy, colligé des carmes de Vergile réduis en ordre par Proba Falconia, femme bien recommandée en la poésie, approuvée de s. Hierome, traduit en François par Richard Le Blanc et dédié à ma Dame Marguerite de France, à Paris, en 1553 et celle de Pardoux du Prat, calviniste, sous le nom d’Amas chrestien ou extrait de la Poësie de Vergile accommodez au viel, et nouveau Testament, reduitz en deux livres par Proba Fauconie femme d’Aldephus Romain, Mis en vers François par le Nomophile Marchois à Lyon, en 1557. Proba a servi, malgré elle, la cause d’une rénovation chrétienne (discrète chez Richard le Blanc et radicale chez Pardoux du Prat), preuve de l’efficacité toujours prêtée à ce centon, qui n’a plus seulement la dimension scolaire et philologique qui était la sienne jusqu’au début du XVIe siècle, mais aussi une dimension discrètement critique. Le centon de Proba participe à l’expansion du lectorat féminin (Pardoux du Prat dédie sa traduction « Aux Dames de bon vouloir ») et au renforcement de la place des femmes dans la transmission du christianisme au XVIe siècle. On a parfois confondu Proba avec une autre Proba, la femme d’Anicius Probus. Saint Jérôme fait l’éloge de la seconde (Lettre à Démétriade sur la virginité), mais désapprouve la première pour l’écriture de son centon (Lettre à Paulin, dans les liminaires de la Vulgate), plus tard condamnée par le décret du pape Gélase en 494, qui juge « apocryphe » son centon. Cependant, la légende se construira d’un adoubement par Jérôme, et sera perpétuée par la plupart des éditions de la Renaissance.
À partir de Boccace qui a donné la vie de Proba dans le chapitre 97 du De claris mulieribus, intitulé De Proba Adelphi Coniuge, Proba fait partie de presque toutes les listes de femmes célèbres de l’Ancien Régime. Christine de Pizan fait l’éloge de Proba dans le chapitre 29 du premier livre de sa Cité des dames sous le nom de « Probe la romaine ». Les humanistes, à l’exception d’Érasme, vont en général la louer, depuis Symphorien Champier dans sa Nef des dames vertueuses, Ortensio Lando dans ses Forcianæ Quæstiones, Hélisenne de Crenne dans ses Epistres familieres et invectives jusqu’à Henri Estienne dans ses Parodiae morales et centonum exempla en 1575.
Textes
Le texte du centon est connu dans son entier (à quinze vers près) depuis le haut Moyen Âge jusqu’aujourd’hui.
Les éditions modernes :
- Valeria Faltonia Proba, Centones Virgiliani Ad Testimonium Veteris Et Novi Testamenti, dans Patrologia Latina (PL 19), éd. J. P. Migne, Paris, Garnier Frères, 1844-1864. - Cento Probae, dans Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, XVI, Poetae Christianae minores, éd. C. Schenkl, Vindobonae, Tempsky, 1887, pp. 569-609. - The Golden Bough, the Oaken Cross: the Virgilian Cento of Faltonia Betitia Proba, ed. Elizabeth A. Clark, Diane F. Hatch, Chico (Calif.), Scholars Press, 1981 (texte en latin avec trad. anglaise en regard).
La transmission ancienne :
Sont répertoriés cinquante-sept témoins manuscrits (dont cinq perdus) répartis entre le viiie et le xvie siècle, vingt-quatre éditions incunables et vingt-quatre éditions publiées entre 1501 et 1601 (chiffres d’H. Cazes).
Bibliographie sélective
Études :
Bažil Martin : Centones Christiani : métamorphoses d'une forme intertextuelle dans la poésie latine chrétienne de l’Antiquité tardive, Paris, Institut d’études augustiniennes, 2009. Cazes, Hélène : Le livre et la lyre : grandeurs et décadences du centon virgilien au Moyen Age et à la Renaissance, Lille, Presses du Septentrion, 1998
Ermini, Filippo : Il centone di Proba e la poesia centonaria latina, studi di Filippo Ermini, Roma, Ermanno Loescher, 1909
Articles :
Cazes Hélène : « Les évangiles selon Falconia Proba et Richard Le Blanc : lectures d’une traduction des centons virgiliens dédiée à Marguerite de France », dans D’une écriture à l’autre : les femmes et la traduction sous l’Ancien Régime, sous la dir. de J.-Ph. Beaulieu, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2004, pp. 101-120.
Clement, Michèle : « Mettre en vers français une poétesse latine : Proba Falconia à Lyon en 1557 », in Qui écrit ? , éd. par R. Mouren et M. Furno, à paraître, 2012.