Henriette de Coligny/Fortunée Briquet

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SUZE, (Henriette de Coligny, Comtesse de la) fille du second maréchal de Châtillon, petit-fils de l'amiral de Coligny, naquit à Paris en 1618. On la maria très-jeune à Thomas Adington, seigneur écossais. Devenue veuve peu de tems après, elle donna sa main au comte de la Suze. Elle abandonna la religion de Calvin, pour se faire catholique. Ce changement la brouilla pour toujours avec son époux, qui était protestant: ils se séparèrent. Devenue libre, elle se livra entièrement à l'étude des lettres. Son enthousiasme pour la littérature fut poussé trop loin, car il lui fit négliger ses affaires domestiques, qui ne tardèrent pas à se déranger. Sa maison était le rendez-vous des poètes les plus célèbres de son tems. Différens auteurs ont chanté sa beauté et son esprit. Le fameux Largillière la peignit assise sur un char roulant sur des nuages. Les vers mis au bas de ce portrait, ont été attribués par les uns, à Fieubet, et par les autres, au P.Bouhours, les voici:

Quae dea sublimi vehitur per inania curru?

An Juno, an Pollus, an Venus ipsa venit?
Si genus inspicias, Juno; si scripta Minerva;
Si spectes oculos, Mater amoris erit.

Ces vers ont été traduits de la manière suivante:

Quelle déesse ainsi vers nous descend des cieux!

Est-ce Vénus, Pallas, ou la reine des dieux,
Dont nous ressentons la présence?
Toutes trois en vérité.
C'est Junon par sa naissance,
Minerve par sa science,
Et Vénus par sa beauté.

Dans le roman de Clélie, de Mademoiselle de Scudéri, Hésiode endormi sur le Parnasse, voit les Muses en songe, et Calliope lui montre les poètes qui naîtront dans la suite des tems: «Regarde» lui dit Calliope, en parlant de Madame de la Suze, «cette femme qui t'apparaît; elle a, comme tu vois, la taille de Pallas, et sa beauté a je ne sais quoi de doux, de languissant et de passionné, qui ressemble assez à cet air charmant que les peintres donnent à Vénus; cette illustre personne sera d'une si grande naissance, qu'elle ne verra presque que les maisons royales au-dessus de la sienne; sache qu'elle naîtra encore avec plus d'esprit que de beauté, quoiqu'elle doive, comme tu vois, posséder mille charmes; elle aura même une bonté généreuse qui la rendra digne de toutes les louanges, sans te parler de tant d'autres admirables qualités que le ciel lui prodiguera: apprends seulement qu'elle fera des Élégies si belles, si pleines de passion, et si précisément du caractère qu'elles doivent avoir, qu'elle surpassera tous ceux qui l'auront précédée, et tous ceux que la voudront suivre». Titon du Tillet l'a mise dans son Parnasse. Elle termina sa carrière à Paris, le 10 mars 1673.
On lui doit: Poésies; Paris, Charles de Sercy, 1666, in-12; 1684, 2 vol. in-12. On les réimprima avec plusieurs pièces de Pélisson, et de quelques autres, en 1695, et en 1725, en 5 vol. in-12. Les Poésies de Madame de la Suze sont des Élégies, des Odes, des Chansons, et des Madrigaux. Ses Élégies qui sont d'un agrément infini, dit Boileau, lui donnèrent une grande célébrité. Les pensées en sont ingénieuses, et les sentiments délicats.

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