Françoise-Marie-Antoinette Saucerotte/Henri Lyonnet

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[114] Mademoiselle Raucourt, née à Paris (et non à Dombasle), fille de comédien, élève de Brizard, avait débuté à l'âge de seize ans et demi avec un succès prodigieux. «Elle est faite à peindre, écrivent lesMémoires Secrets, elle a la figure la plus belle, la plus noble, la plus théâtrale, le son de voix le plus enchanteur.» Le vieux Voltaire, aux oreilles de qui était arrivé le bruit de ce triomphe, ne put s'empêcher de rimer:

Raucourt, tes talents enchanteurs

Chaque jour te font des conquêtes;
Tu fais soupirer tous les coeurs
Tu fais tourner toutes les têtes.
...............
L'Art d'attendrir et de charmer
A paré la brillante aurore,
Mais ton coeur est fait pour aimer
Et ce coeur n'a rien dit encore.

Hélas! Jamais idole, après avoir été encensée avec [115] ivresse, ne fut plus cruellement ni plus vite brisée. Est-ce à dire que, dans l'engouement de la foule, la réputation de vestale de la jeune actrice entrait pour beaucoup? Quel réveil: éclats scandaleux, dettes énormes, moeurs dissolues, rien ne devait manquer à la gamme. Paraissant beaucoup plus que son âge, à vingt-trois ans, déjà la jeune actrice a des allures masculines, sa voix devient dure; chez elle la diction est impeccable, assurément, mais la sensibilité lui est inconnue. Les pamphlets se multiplient... «La taille de Mademoiselle Raucourt, a écrit un critique qui la connut à ses débuts, était superbe, son oeil très beau, sa figure majestueuse et son maintien rempli de dignité...», mais il reconnaît qu'elle ne peut rendre ni la tendresse, ni l'amour maternel, ni la douceur.
Très royaliste, Mademoiselle Raucourt ne devait pas échapper aux persécutions révolutionnaires. Elle fut incarcérée avec ses camarades à Sainte-Pélagie, puis à la prison des Anglaises, et ne dut son salut qu'à Labussière, cet obscur petit comédien devenu employé dans les bureaux «des pièces accusatrices» et qui faisait disparaître les plus compromettantes des dossiers.

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