Marie de Vichy-Chamrond

De SiefarWikiFr

Marie de Vichy-Chamrond
Titre(s) Marquise du Deffand
Conjoint(s) Jean Baptiste de la Lande, Marquis du Deffand
Dénomination(s) Madame du Deffand
Biographie
Date de naissance 25 septembre 1696
Date de décès 24 septembre 1780
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Melinda Caron et Marianne Charrier-Vozel, 2015

Issue d’une famille de vieille noblesse désargentée, Marie de Vichy-Champrond est née à Charolles le 25 septembre 1696. Elle est le troisième enfant de Gaspard II, seigneur de Champrond, comte de Vichy et d’Anne Brûlard, fille du premier Président du Parlement de Bourgogne. Eduquée au couvent réputé de la Madeleine-du-Traisnel à Paris, elle épouse son cousin Jean-Baptiste-Jacques du Deffand, marquis de La Lande (1688-1750), le 2 août 1718. Marie mène dès lors une vie mondaine active, gravitant dans l’entourage du Régent avec lequel elle entretient une liaison qui, quoique très brève, fait beaucoup de bruit. La réputation de légèreté qu’elle acquiert au cours de ces années provoque la séparation de son couple dès 1722. Après la rupture définitive d’avec son mari en1728, commence sa liaison avec le président Jean-Charles-François Hénault (1685-1770), veuf depuis peu, laquelle durera près de vingt ans. Le milieu de Marie est alors celui des festivités orchestrées par la duchesse du Maine à la cour de Sceaux, milieu dont elle s’éloignera finalement pour s’installer, en 1747, dans l’appartement du couvent des Filles orphelines de Saint-Joseph, où elle recevra l’élite sociale et culturelle de Paris jusqu’à la fin de ses jours. Elle jouit désormais d’une tout autre réputation, celle d’une femme à l’esprit vif et mordant, que lui valent notamment ses portraits et bouts-rimés qui circulent dans le monde. À partir de 1750, sa correspondance avec Voltaire, ami et complice de longue date, devient plus abondante et régulière, le philosophe quittant alors la France pour trouver refuge dans les environs de Genève. L’ennui dont Marie souffre de plus en plus la plonge dans des états de mélancolie qui ne la quitteront plus. S’ajoutent à cette «maladie de l’âme» la cécité, qui progresse d’année en année, et l’insomnie qui bouleversera son quotidien pour le reste de sa vie. En 1752, à l’occasion d’un long séjour en province, à Champrond, puis à Mâcon, où elle cherche à se guérir de cette crise, Mme du Deffand fait la connaissance de Julie de Lespinasse (1732-1776), sa nièce illégitime, qui viendra s’installer avec elle dans le quartier Saint-Germain-des-Prés en 1754 en tant que dame de compagnie. Les deux femmes cohabitent pendant dix ans, avant que, Julie, chassée par Mme du Deffand, ne lui aliène une partie de ses habitués, notamment D’Alembert (1717-1783), auquel Marie avait été très attachée. La rupture est brusque et irrémédiable. L’arrivée de l’auteur anglais Horace Walpole (1727-1803) à Paris à la fin de l’année 1764 entraînera bientôt Mme du Deffand dans une longue relation épistolaire et un amour platonique que la publication posthume de ses lettres ne révèlera au public qu’au début du XIXe siècle, soit près de trente ans après la mort de la marquise, survenue le 24 septembre 1780, veille de son quatre-vingt-quatrième anniversaire. C’est à titre d’épistolière et de maîtresse de maison que Marie du Deffand a pris place dans l’histoire littéraire. L’anecdote de sa rupture avec Julie de Lespinasse a longtemps entretenu l’image d’une antiphilosophe que sont venues nuancer les nombreuses études et éditions de sa correspondance avec Voltaire, ainsi que les travaux consacrés aux pratiques de sociabilité des femmes des Lumières. Le mal de vivre de la marquise, ses réflexions sur la vieillesse, de même que son amour «coupable» pour Walpole, qui était beaucoup plus jeune qu’elle, ont aussi frappé de nombreux esprits, notamment celui du philosophe E. Cioran qui admirait sa façon de savoir goûter «les agréments de l’amertume». Ces aspects ont en outre nourri plusieurs études à caractère psychologique. La verve de Mme de Sévigné, les amours de vieillesse de Ninon de Lenclos, le salon de Mme de Lambert ou encore le scepticisme d’Isabelle de Charrière ont entrainé maints parallèles entre ces femmes et la marquise, à laquelle on a souvent opposé, à cause de son réseau plus conservateur et aristocratique, la figure de Mme Geoffrin. Aujourd’hui, les nombreuses éditions des lettres de Marie du Deffand offrent d’elle des images contrastées que l’édition générale de sa correspondance permettra de nuancer, en nous donnant à lire toute la finesse, l’acuité, la profondeur et la complexité de l’une des plus belles plumes du XVIIIe siècle.

Outils personnels