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Version du 25 novembre 2012 à 14:45
Corinne | ||
Biographie | ||
Naissance | VIe-Ve siècles av. J.C. Selon d'autres hypothèses, elle daterait seulement du IIIe siècle av. J.C. | |
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Région d'origine | Béotie | |
Langues | Béotien | |
Dénomination(s) | Corinne Coryne Corinna | |
Conjoint(s) | Histoire d'amour supposée avec Pindare à l'époque moderne | |
Activités | ||
Domaines de notoriété | Poétesse | |
Oeuvres | Hymnes | |
Sommaire
Sources antiques principales
Corinne est dans la plupart des listes de poétesses des époques antiques et byzantines. Elle est dans la Souda. Elle est connue surtout grâce à Pausanias (Description de la Grèce, IX 22, 3), à Plutarque (De Glor. Athen. IV, 347f-348a) et à Properce (Élégies, II, 3 v. 21) et Ovide. Elle est ajoutée par Tzétzès au canon des dix lyriques. Eustathe de Thessalonique la cite (Commentaire attaché au livre II v. 711 sq. de l'Iliade, sur Admète (B 711)). Elle est dans le canon des neuf poétesses antiques d'Antipater de Thessalonique (Anthologie grecque, IX 26).
Article de Anne Debrosse, 2012
Corinne est une poétesse très connue dans l'Antiquité. Il nous reste un nombre assez conséquent de fragments. Elle est célèbre pour avoir vaincu Pindare lors de concours de poésie (de une à cinq fois, selon les sources).
À l'époque moderne, elle est encore plus réputée, en partie par confusion avec la Corinne d'Ovide. Elle devient un double de Sappho dans les listes des traités philogynes mais aussi, plus largement, dans les textes qui font appel à Sappho (poèmes d'hommage à une femme de lettres, notices...). Au début du chant XX du Roland Furieux, elle est le symbole de la poétesse immortelle aux côtés de Sappho. Ce motif est repérable dans bon nombre d'écrits du XVIe siècle. Par ailleurs, quand il est question de la respectabilité du modèle, on peut préférer Corinne à Sappho. Ainsi, il arrive assez souvent qu'elle apparaisse seule dans les listes ou les poèmes d'hommage (par exemple, dans le poèmes « A la Royne de Navarre » de Jacques Peletier du Mans). Chez Juan Luis Vives (De Institutione Feminae Christianae, 1523), qui déconseille la lecture de Sappho, Corinne est en bonne place parmi les modèles de femmes savantes à proposer aux jeunes filles. Elle est utilisée au XVIIe siècle, dans le cercle de Madeleine de Scudéry, pour donner un surnom à Antoinette Deshoulières : Marie-Jeanne L'Héritier (alias Télésilla) la surnomme ainsi dans le Mercure Galant de 1695, ce qui est répété par Elisabeth-Sophie Chéron dans une épigramme de sa composition.
Elle finit cependant par être victime de sa proximité avec Sappho: vers la fin du XVIe siècle, dans un nombre non négligeable de textes, elle est décriée à l'instar de Sappho pour ses mœurs supposées. Et comment expliquer autrement sa condamnation, puisque sa poésie n'est guère érotique et que les sources ne mentionnent aucune de ses éventuelles histoires d'amour ; la seule raison pourrait être que, selon Pausanias, elle aurait remporté les concours poétiques sur Pindare en raison de sa grande beauté notamment. C'est donc sa proximité avec Sappho qui la classe dans la catégorie des lascives et l'exclut des listes de modèles acceptables. En outre, elle tend à laisser la place à Érinna.
Très tôt, on pense qu'il y a eu plusieurs Corinne (comme on pense qu'il y a eu plusieurs Sappho). Selon Textor entre autres, il y aurait eu trois Corinne (confusion induite par Suidas) : l'une était la poétesse de Béotie qui a triomphé de Pindare, l'autre, une Corinne de Thespie, et la troisième, la Corinne d'Ovide. Ces deux dernières Corinne étaient également considérées comme des poétesses. Des traits moraux différents sont parfois prêtés à chacune d'entre elles. Marie-Jeanne L'Héritier s'empresse de chasser l'usurpatrice ovidienne du Parnasse, où ne doivent siéger que les véritables femmes de lettres, dans le Triomphe de Madame Deshoulières, reçue dixième muse au Parnasse.
Les textes de Corinne connaissent une fortune très différente de celle du personnage. Seuls les savants les connaissent. En effet, elle utilise le dialecte béotien, qui est difficile à comprendre et qui semble bizarre et peu évolué dès l'Antiquité. Des fragments sont cités principalement dans des ouvrages portant sur des difficultés et des bizarreries lexicales, évidemment peu prisés du grand public. Néanmoins, elle réussit à exciter l'enthousiasme de ceux qui redécouvrent sa voix au détour d'un traité sur les pronoms, car elle blâme Myrtis d'avoir osé s'attaquer à Pindare, alors qu'elle était une femme (frag. 664 de l'éd. Loeb).
Textes
Corpus très enrichi au XIXe siècle par la découverte de nouveaux papyrus. Auparavant, fragments chez Héphaestion, Enchiridion, II 3 et XVI 3 ; chez les grammairiens Apollonius Dyscole (Traité du Pronom) et Aelius Hérodien (Sur les mots uniques) ; fragment discuté chez Athénée, Deipnosophistes, VII, 283d. Fragments publiés indépendamment en 1568, dans les Carmina novem illustrium feminarum Sapphus Erinnae Myrus Myrtidis Corinnae Telesillae Praxillae Nossidis Anytae et lyricorum Alcmanis Stesichori Alcaei Ibyci Anacreontis Simonidis Bacchylidis. Elegiae Tyrtaei et Mimnermi. Bucolica Bionis et Moschi. Latino versu a Laurentio Gambara expressa. Cleanthis Moschionis aliorumque fragmenta nunc primum edita. Ex bibliotheca Fuluii Ursini Romani, Antverpiae, ex officina Chr. Plantini, 1568.
Bibliographie sélective
McLeod, Glenda : Virtue and Venom. Catalogs of Women from Antiquity to the Renaissance, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1991.
Mathieu-Castellani, Gisèle : La Quenouille et la Lyre, Paris, José Corti, 1998.