Jeanne-Catherine Gaussem/Henri Lyonnet : Différence entre versions

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- «Mademoiselle Gaussin, de la Comédie française, par Nattier», pl.28, p.61]
 
- «Mademoiselle Gaussin, de la Comédie française, par Nattier», pl.28, p.61]
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[[Catégorie:Dictionnaire Henri Lyonnet]]

Version actuelle en date du 8 décembre 2010 à 20:30

[54] La postérité est injuste. A côté de ces figures de [55] premier plan dont les noms sont pour ainsi dire classés, il semble qu'il n'y en ait pas eu d'autres dont les talents soient dignes d'être rappelés. Combien de fois ne l'a-t-on pas dit? Le comédien, le chanteur, le danseur ne laisse rien après lui. Et pourtant combien d'entre eux dont le souvenir ne mérite pas de rester dans l'ombre? A la Comédie, c'est Mademoiselle Gaussin, Jeanne-Catherine Gaussem, dite Gaussin, fille d'un père attaché au service de l'acteur Baron et d'une mère ouvreuse à la Comédie. Elle était née à Paris en 1711. D'abord actrice de société, elle fut engagée à Lille, avant de débuter au Théâtre-Français. Douée d'une sensibilité touchante, elle provoquait l'admiration de Voltaire qui lui confia le personnage de Zaïre (13 août 1732), un des plus beaux triomphes de sa carrière. De ce jour-là data vraiment sa célébrité, et l'on connaît les vers de l'auteur commençant par:

Jeune Gaussin reçois mon tendre hommage...

Mademoiselle Gaussin était belle, mais elle avait surtout un accent qui allait au coeur. Elle savait mettre dans son regard un charme inexprimable. La chronique galante lui prête naturellement une foule d'aventures. La plus piquante est celle-ci: Mademoiselle Gaussin n'était nullement intéressée. Ayant vécu dans sa jeunesse avec Bouret, qui devint plus tard fermier général, elle avait gardé en sa possession un billet en blanc de celui-ci. Ayant su que Bouret n'était pas très tranquille sur l'issue de cette traite à vue, Gaussin la lui renvoya avec ces simples mots écrits par elle au-dessus de la signature [56] de son ex-ami: «Je promets d'aimer Gaussin toute ma vie.» Ce trait de désintéressement valut à la comédienne une écuelle d'or pleine de doubles louis.
La Clairon, qui la craignait, a dit qu'elle avait la plus belle tête, le son de voix le plus touchant possible, que tout son ensemble était noble, et qu'elle avait une grâce enfantine à laquelle il était impossible de résister, mais qu'elle jetait tous ses rôles dans le même moule, et qu'elle était toujours «Mademoiselle Gaussin». Ce qui n'a pas empêché Collé d'écrire dans son Journal: «Il n'est pas possible que l'on puisse jouer mieux qu'elle dans certains rôles.» Pendant des années, tout Paris fut amoureux de la Gaussin. Pourquoi fit-elle, à l'âge de 48 ans, la folie d'épouser un obscur danseur de l'Opéra qui lui fit la vie un peu dure? Nattier et Hubert Drouais le père, firent son portrait. Retirée avec la pension de 1.500 livres, elle mourut bien oubliée dans une maison qu'elle possédait à La Villette.

[Portrait:
- «Mademoiselle Gaussin, de la Comédie française, par Nattier», pl.28, p.61]

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