Ekaterina Romanovna Dachkova : Différence entre versions

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- «Cette femme hautaine avait l'air d'une méprise de la nature, elle tenait plus de notre sexe que du sien [...]. Aussi dans les premiers jours du règne de sa souveraine, montrant une ambition sans mesure, elle avait demandé le commandement d'un régiment des gardes, et peut-être même espéré un ministère» (Louis-Philippe comte de Ségur, ''Mémoires ou Souvenirs et anecdotes''[1824]'',''Paris, A. Eymery, 1879, vol. 2, p.106).
 
- «Cette femme hautaine avait l'air d'une méprise de la nature, elle tenait plus de notre sexe que du sien [...]. Aussi dans les premiers jours du règne de sa souveraine, montrant une ambition sans mesure, elle avait demandé le commandement d'un régiment des gardes, et peut-être même espéré un ministère» (Louis-Philippe comte de Ségur, ''Mémoires ou Souvenirs et anecdotes''[1824]'',''Paris, A. Eymery, 1879, vol. 2, p.106).
  
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Version du 25 août 2010 à 14:37

Ekaterina Romanovna Dachkova
Conjoint(s) Mikhaïl Dachkov
Biographie
Date de naissance 1743
Date de décès 1810
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Elena Gretchanaia, 2003. Dernière mise à jour: février 2005

Ekaterina Romanovna Dachkova naît le 17 [28] mars 1743 à Saint-Pétersbourg. Fille du comte Romane Vorontsov et de sa femme Marfa (née Sourmina), elle perd sa mère à l'âge de deux ans et est élevée dans la famille de son oncle, Mikhaïl Vorontsov, chancelier d'État. Elle reçoit une très bonne éducation, maîtrise quatre langues, surtout le français. En février 1758, elle épouse le prince Mikhaïl Dachkov. Elle a une fille, Anastassia (1760-1831), et deux fils, Mikhaïl (1762) et Paul (1763-1807). En 1759, elle fait la connaissance de la future impératrice Catherine II, qui devient son amie. Elle prend d'ailleurs une part active dans le coup d'état qui la met sur le trône le 28 juin 1762. Elle débute peu après dans la littérature avec des traductions de philosophes français (Voltaire, Helvétius).

Après la mort de son mari (1764), elle vit à Moscou. Elle écrit des poèmes en russe et en français (non conservés), des pièces de théâtre, elle traduit des encyclopédistes français, elle rédige des articles sur des questions relatives à l'éducation, des discours académiques, des lettres. En 1768, elle voyage à l'ouest de la Russie, puis part à l'étranger avec son fils en vue de lui donner une éducation européenne (1770-1771), avant de renouveler l'expérience en 1775-1782. Elle visite l'Allemagne, l'Angleterre, la Hollande, la France, l'Italie, la Suisse, faisant la connaissance de Diderot, Voltaire, Raynal, W. Robertson, A. Smith, B. Franklin. De retour en Russie, elle est nommée directrice de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg le 24 janv. 1783, et le 21 oct. de la même année, directrice de l'Académie impériale russe, fondée à son initiative. Elle commence alors à éditer la revue Sobesednik liubitelei rossiïskogo slova (1783-1784) puis la revue Novyie ejemesiatchnyie sotchinenia (1786-1796) [voir OEuvres]. Elle protège aussi plusieurs écrivains russes. La notoriété de la princesse, qui par ailleurs chante et compose de la musique, est alors pleinement reconnue: elle devient membre de la Soc. phil. de Philadelphie, de la Soc. écon. de Saint-Pétersbourg, de l'Acad. Royale d'Irlande, de l'Acad. de Berlin ainsi que de celle de Stockholm. Dachkova exerce ses fonctions à la tête de l'Acad. impériale des sciences de Saint-Pétersbourg jusqu'en 1794, date à laquelle paraît le premier dictionnaire de la langue russe en six volumes, à la rédaction duquel elle a participé.

Après l'avènement au trône de Paul Ier (1796), Dachkova est exilée dans son village Korotovo (nord-ouest de la Russie), puis dans celui Troitskoïé (sud de Moscou). En 1801, le nouveau tsar Alexandre Ier l'invite à prendre part à nouveau à la vie de la Cour, et elle se rend parfois à Saint-Pétersbourg et à Moscou, mais elle préfère vivre à Troitskoïé. Une jeune fille irlandaise, Martha Wilmot, parente d'amis anglais, vient séjourner chez elle de 1803 à 1808 avec sa soeur Catherine et l'encourage à écrire ses Mémoires. C'est en français que Dachkova rédige son oeuvre majeure,Mon Histoire, terminée en 1805. Elle y retrace sa vie depuis son enfance, décrit les événements politiques qui ont amené Catherine II au pouvoir, ses entretiens avec Diderot et Voltaire, sa vie en exil. L'oeuvre s'inscrit dans la tradition des Mémoires aristocratiques français, et la tendance apologétique y est prononcée. En 1807, une copie du texte est emportée par Catherine Wilmot en Angleterre, tandis que Martha, arrêtée à la frontière russe en 1808, brûle l'original. Dachkova décède le 4 [16] janvier 1810 à Troitskoïé. On trouve chez elle une autre copie de ses Mémoires, qui circule dans la société aristocratique jusqu'à sa publication.

Dachkova est un cas frappant de la transgression des limites assignées aux femmes au XVIIIe siècle. Elle a suscité chez plusieurs de ces contemporains étrangers, surtout les Français (comme C.-C. de Rulhière, Ch.-F.-Ph. Masson, L.-Ph. de Ségur, auteurs des mémoires sur la Russie) un intérêt malveillant. En Russie impériale elle a toujours été respectée comme une gloire nationale, un personnage historique sans précédent, mais après la révolution socialiste elle est tombée en discrédit comme un des supports du régime tsariste. L'intérêt envers Dachkova s'est accru considérablement ces derniers temps, y compris en Russie, après l'abolition de la censure idéologique (on publie surtout des nouveaux documents sur «la présidente des deux Académies»). Les recherches se poursuivent aussi aux Etats-Unis et en Europe.

Oeuvres

a) en français

- 1777 : Le petit tour dans les Highlands. Éd. Antony G. Cross, in XVIII vek[XVIII siècle], Saint-Pétersbourg, 19, 1995, p.223-238.
- 1803-1805 : Mon histoire, éd. Petr Bartienev, in Arkhiv kniazia Vorontsova [Les archives du prince Vorontsov], Moscou, V.Gote, 1881, vol. 21 -- Éds Alexandre Worontsoff-Dachkoff, Catherine Le Gouis, Catherine Worontsoff-Dachkoff, Paris, L'Harmattan, 1999.
- Lettres à son père Romane Vorotsov, à ses frères Alexandre Vorontsov, Semion Vorontsov, à son neveu Mikhaïl Vorontsov, à Iouriï Neledinskiï-Meletskiï, à l'impératrice Maria Fedorovna, à l'empereur Paul, 1758-1806, in Arkhiv kniazia Vorontsova[Archives du prince Vorontsov], éd. Petr Bartenev, Moscou, V. Gote, 1872-1881, vol.5, 12, 21, 24 (publiées en français).
- Lettres à William Robertson, 1776-1786, in E.R.Dachkova, O smysle slova «vospitaniïe». Sotchineniïa. Pis'ma. Dokumenty [De la signification du mot «éducation». OEuvres. Lettres. Documents], éd. Galina Smaguina, Saint-Pétersbourg, Dmitriï Boulanine, 2001, p.228-230, 233-236, 239-240 (en français), 251-252 (en anglais).
- Lettres éparses : à Pavel Dachkov, 1779, in Materialy dlia biografii kniaguini E.R.Dachkovoï[Matériaux pour la biographie de la princesse E.R.Dachkova], Leipzig, Kasprovitch, 1876, p.102-108 (en traduction russe); à Mme Hamilton, 1804-1805, in ibid., p.118-125 (en traduction russe); aux deux mêmes, à l'impératrice Maria Fedorovna, à Martha Wilmot, 1806-1808, Istoritceskiï vestnik [Messager d'histoire], Saint-Petersbourg, 1882, N 9, p. 668-675 (en traduction russe).

b) en russe
- 1774 : article :Pis'mo k drougou[Lettre à un ami], Opyt troudov Volnogo Rossiïskogo sobraniïa pri Imp. Moskovskom ouniversitete[Essai des travaux de l'Assemblée libre russe auprès de l'Université de Moscou], Moscou, partie 1, p.78-80 -- E.R.Dachkova, O smysle slova «vospitaniïe», voir supra, p. 92-93.
- 1775 : relation de voyage :Poutechestviïe odnoï rossiïskoï znatnoï gospoji po nekotorym Angliïskim provintsiïam[Le voyage d'une dame noble russe dans quelques provinces anglaises], Opyt troudov Volnogo Rossiïskogo sobraniïa pri Imp. Moskovskom ouniversitete [Essai des travaux de l'Assemblée libre russe auprès de l'Université de Moscou], Moscou, partie 2, p.105-144.
- 1783-1784, articles parus dans Sobesednik liubiteleï rossiïskogo slova[Interlocuteur des amateurs du mot russe]: Poslaniïe k slovou «tak»[Epître sur le mot «ainsi»], 1783, partie 1, p.15-23;Sokrachtcheniïe katekhizissa tchestnogo tcheloveka[Le catéchisme abrégé de l'honnête homme], 1783, partie 1, p.34-35;O smysle slova «vospitaniïe»[De la signification du mot «éducation»], 1783, partie 2, p.12-28; Poutechestvouïuchtchiïe [Les voyageurs], 1784, partie 11, p.120-132 -- E.R.Dachkova, O smysle slova «vospitaniïe»..., voirsupra, respectivement p.113-119, 119, 120-127, 146-153.
- 1783 : Discours prononcé lors de l'ouverture de l'Académie impériale russe : Retch', govorennaïa pri otkrytii imperatorskoï Rossiïskoï Akademii, Saint-Pétersbourg, imp. Akademiïa naouk.
- 1783 : Poésies :Nadpis' k portretou Ekateriny II [Inscription au portrait de Catherine II],Sobesednik liubiteleï rossiïskogo slova [Interlocuteur des amateurs du mot russe],partie 1, p.14.
- 1786 : Toisiokov, comédie en cinq actes,Saint-Pétersbourg, pri Akademii naouk -- E.R. Dachkova, Literatournyïe sotchineniïa[OEuvres littéraires], éd. Galina Moisseïeva, Moscou, Pravda, 1990, p.267-312.
- 1786 : Poésies :Prittcha. Ottsy i deti[Parabole. Pères et fils], Novyie ejemesiatchnyie sotchinenia[Nouvelles compositions mensuelles], partie 5, novembre, p. 71-72.
- 1793 : Zapiski, pokazyvaiuchtchiïe sravnitelnoïe sostoïaniïe Akademii v posledstviïe desiatiletneïe[Mémoires montrant l'état de l'Académie après dix ans de son existence], Saint-Pétersbourg, tipografiïa Akademii naouk.
- 1799 : Svad'ba Fabiana[Le mariage de Fabian]; le texte n'a pas été imprimé, et il est perdu.
- 1807 : testament : Doukhovnoïe zavechtchaniïe[Testament], in Zapiski kniaguini Dachkovoï [Mémoires de la princesse Dachkova], voirsupra, p.318-323. -- E.R.Dachkova, O smysle slova «vospitaniïe»..., voirsupra, p. 360-365.
- Rapports relatifs à la direction de l'Académie des sciences, 1783-1795 : in Zapiski kniaguini Dachkovoï[Mémoires de la princesse Dachkova], éd. Nikolaï Tchetchouline, Saint-Pétersbourg, A.S.Souvorine, 1907, p.298-311.
- Lettres diverses : au prince Potemkine, 1781-1784, Drevniaïa i novaïa Rossiïa [La Russie ancienne et moderne], Moscou, 1879, N 6, p.154-157; à sa fille, Anastassia Chtcherbinina, entre 1807 et 1810, in Zapiski kniaguini Dachkovoï[Mémoires de la princesse Dachkova], voirsupra, p. 297-298; à Fedor Kisselev, Iouriï Neledinskiï-Meletskiï et le comte Piotr Santi, 1807, inibid., p.313-317.

c) traductions du français vers le russe
- 1763 : Voltaire, Essai sur la poésie épique, Nevinnoïe ouprajneniïe [Exercice innocent], Saint-Pétersbourg, N 1-4.
- 1763 : Helvétius,De la source des passions[extrait de De l'Esprit], Nevinnoïe ouprajneniïe [Exercice innocent], Saint-Pétersbourg, N 1-6.
- 1774 : Holbach, extrait de La politique naturelle, ou Discours sur les vrais principes du gouvernement, Opyt troudov Volnogo Rossiïskogo sobraniïa pri Imp. Moskovskom ouniversitete[Essai des travaux de l'Assemblée libre russe auprès de l'Université de Moscou], Moscou, Partie 1, p. 80-84 -- E.R.Dachkova, O smysle slova «vospitaniïe», voir supra, p. 93-95.

d) oeuvres musicales
- 1779 : Musique pour un hymne spirituel anglais(pour choeur et orgue), in Recueil des airs composés par son altesse Madame la Princesse de Daschkow née Comtesse de Worontsow, inédit.
- ?-1805 : romances, chansons, airs, in Recueil des airs...

Choix bibliographique

- Cross, Antony G. By the Banks of the Thames: Russians in Eighteenth-Century Britain. Newtonville, Massachusetts, Oriental Research Partners, 1980.
- Longmire, R.A. Princess Dachkova and the Intellectual Life of Eighteenth Century Russia, thèse, University of London, 1955.
- Worontsoff-Dachkoff, Alexandre et Catherine, Le Gouis, Catherine. Postface et notes de l'édition deMon Histoire,voir supra, oeuvres.

Choix iconographique

- Dimitri Levitskiï. Portrait de la princesse Dachkova (tableau), 1784. Washington, Musée de l'art russe -- Princesse Dachkova, Mon histoire, voir supra, oeuvres.
- Anonyme. Portrait de la princesse Dachkova (tableau) 1783? Moscou, Académie des sciences de Russie.
- Salvatore Tonci? Portrait de la princesse Dachkova en exil (tableau). Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage -- Princesse Dachkova, Mon histoire, voir supra,oeuvres.

Jugements

- «Cette femme hautaine avait l'air d'une méprise de la nature, elle tenait plus de notre sexe que du sien [...]. Aussi dans les premiers jours du règne de sa souveraine, montrant une ambition sans mesure, elle avait demandé le commandement d'un régiment des gardes, et peut-être même espéré un ministère» (Louis-Philippe comte de Ségur, Mémoires ou Souvenirs et anecdotes[1824],Paris, A. Eymery, 1879, vol. 2, p.106).

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