Jacqueline Bouette de Blémur : Différence entre versions

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| dénominations = soeur J. de B.R.I. ou J. D. B. R. I [Jacqueline Bouëtte de Blémur, religieuse indigne] <br/> S. I. de Blemur, R. D. S. S. [religieuse indigne du Saint-sacrement)<br/>  Madame de Blémur <br/> Mère de Saint-Benoît<br/> Mère de Blémur
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== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2014==
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Née à Paris le 8 janvier 1618 dans une famille de la haute noblesse normande liée aux Montmorency, Jacqueline Bouette de Blémur est envoyée dès l’âge de cinq ans auprès d’une tante religieuse à l’abbaye royale de la Trinité de Caen ou Abbaye des Dames. Elle y fait son éducation et y prend l’habit à 11 ans. Quatre ans plus tard, elle y occupe la fonction de maîtresse des novices avant d’être prieure pendant l’abbatiat de Laurence de Budos dont elle est la secrétaire. Ses relations avec l’abbesse suivante, Marie-Eléonore de Rohan (« La Grande Vestale » de la Clélie de [[Madeleine de Scudéry]]), semblent avoir été moins confiantes malgré leurs communs talents littéraires. Elle est encouragée par le savant Pierre-Daniel Huet, futur évêque d’Avranches, à faire imprimer ses écrits sur les plus fameuses moniales de son ordre et publie les six volumes de ''L’Année bénédictine'' entre 1667 et 1673, un travail qu’elle poursuit et affine en faisant éditer des biographies collectives ou singulières (les 1300 pages des ''Eloges'' contiennent la vie de 36 bénédictines, 2 cisterciennes et 4 religieux). Malgré sa notoriété d’écrivaine érudite, elle se montre très attachée aux devoirs de son état, craignant, dit-on, que «Dieu ne lui reprochât un jour de se voir éloignée de la perfection & de la sainteté de ceux dont elle écrivoit la vie». Sa dévotion au Saint-Sacrement s’exprime dans des ouvrages de piété destinés aux laïcs comme aux religieux et dans une demande de transfert, faite en 1678 à l’âge de 60 ans, dans une observance bénédictine plus étroite fondée en 1654 par son amie [[Catherine de Bar]] (en religion Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, 1614-1698) : les bénédictines de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Dans le couvent parisien de celles-ci, elle refait un noviciat pour vivre selon la réforme engagée par le nouvel institut. Devenue professe, elle refuse des propositions d’abbatiat et continue, jusque dans un âge très avancé et malgré de multiples infirmités (cécité), une vie de simple religieuse occupée à des recherches historiques et à la prière. Elle meurt, entourée du respect de ses compagnes, au même monastère parisien de la rue Cassette en 1698 où elle était entrée vingt ans auparavant.<br/>
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Historienne avertie de son ordre mais hagiographe par vocation, Blémur utilise, pour écrire ses récits, des livres et manuscrits anciens, mais aussi des témoignages recueillis auprès des anciennes religieuses. Néanmoins, comme la plupart des écrivaines en clôture ([[Jacqueline de Chaugy|Chaugy]] par exemple), elle cherche autant à embellir qu’à préserver le passé afin de mieux (re)construire une tradition et d’édifier les générations futures. Malgré l’anonymat épisodique auquel la contraint son état, elle connut un succès certain de son vivant et reçut l’approbation de savants comme le bénédictin mauriste, dom Mabillon. Auteure de qualité, éprise de références bibliques, de merveilleux chrétien et de détails concrets, elle écrivit des récits informés et pleins de charme qui expliquent que son nom n’est pas oublié aujourd’hui de l’historiographie bénédictine et/ou féministe. Paradoxalement elle apparaît à la fois comme le porte-voix de la réforme bénédictine, comme la conteuse d’expériences mystiques déjà suspectes à la fin du XVIIe siècle et comme une des premières véritables historiennes de langue française.
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Version du 18 décembre 2014 à 14:16

Jacqueline Bouette de Blémur
Dénomination(s) soeur J. de B.R.I. ou J. D. B. R. I [Jacqueline Bouëtte de Blémur, religieuse indigne]
S. I. de Blemur, R. D. S. S. [religieuse indigne du Saint-sacrement)
Madame de Blémur
Mère de Saint-Benoît
Mère de Blémur
Biographie
Date de naissance 8 janvier 1618
Date de décès 19 mars 1696
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)



Notice de Nicole Pellegrin, 2014

Née à Paris le 8 janvier 1618 dans une famille de la haute noblesse normande liée aux Montmorency, Jacqueline Bouette de Blémur est envoyée dès l’âge de cinq ans auprès d’une tante religieuse à l’abbaye royale de la Trinité de Caen ou Abbaye des Dames. Elle y fait son éducation et y prend l’habit à 11 ans. Quatre ans plus tard, elle y occupe la fonction de maîtresse des novices avant d’être prieure pendant l’abbatiat de Laurence de Budos dont elle est la secrétaire. Ses relations avec l’abbesse suivante, Marie-Eléonore de Rohan (« La Grande Vestale » de la Clélie de Madeleine de Scudéry), semblent avoir été moins confiantes malgré leurs communs talents littéraires. Elle est encouragée par le savant Pierre-Daniel Huet, futur évêque d’Avranches, à faire imprimer ses écrits sur les plus fameuses moniales de son ordre et publie les six volumes de L’Année bénédictine entre 1667 et 1673, un travail qu’elle poursuit et affine en faisant éditer des biographies collectives ou singulières (les 1300 pages des Eloges contiennent la vie de 36 bénédictines, 2 cisterciennes et 4 religieux). Malgré sa notoriété d’écrivaine érudite, elle se montre très attachée aux devoirs de son état, craignant, dit-on, que «Dieu ne lui reprochât un jour de se voir éloignée de la perfection & de la sainteté de ceux dont elle écrivoit la vie». Sa dévotion au Saint-Sacrement s’exprime dans des ouvrages de piété destinés aux laïcs comme aux religieux et dans une demande de transfert, faite en 1678 à l’âge de 60 ans, dans une observance bénédictine plus étroite fondée en 1654 par son amie Catherine de Bar (en religion Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, 1614-1698) : les bénédictines de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Dans le couvent parisien de celles-ci, elle refait un noviciat pour vivre selon la réforme engagée par le nouvel institut. Devenue professe, elle refuse des propositions d’abbatiat et continue, jusque dans un âge très avancé et malgré de multiples infirmités (cécité), une vie de simple religieuse occupée à des recherches historiques et à la prière. Elle meurt, entourée du respect de ses compagnes, au même monastère parisien de la rue Cassette en 1698 où elle était entrée vingt ans auparavant.
Historienne avertie de son ordre mais hagiographe par vocation, Blémur utilise, pour écrire ses récits, des livres et manuscrits anciens, mais aussi des témoignages recueillis auprès des anciennes religieuses. Néanmoins, comme la plupart des écrivaines en clôture (Chaugy par exemple), elle cherche autant à embellir qu’à préserver le passé afin de mieux (re)construire une tradition et d’édifier les générations futures. Malgré l’anonymat épisodique auquel la contraint son état, elle connut un succès certain de son vivant et reçut l’approbation de savants comme le bénédictin mauriste, dom Mabillon. Auteure de qualité, éprise de références bibliques, de merveilleux chrétien et de détails concrets, elle écrivit des récits informés et pleins de charme qui expliquent que son nom n’est pas oublié aujourd’hui de l’historiographie bénédictine et/ou féministe. Paradoxalement elle apparaît à la fois comme le porte-voix de la réforme bénédictine, comme la conteuse d’expériences mystiques déjà suspectes à la fin du XVIIe siècle et comme une des premières véritables historiennes de langue française.

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