Constance-Marie de Théis : Différence entre versions
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− | + | Constance-Marie de Théis est née à Nantes le 7 septembre 1767. Elle est fille d’Anne-Marie Quillau et d’Alexandre-Marie de Théis, juge-maître des Eaux et Forêts du comté de Nantes. Aussi homme de lettres, il élève, de la même manière, son fils, Alexandre de Théis, et sa fille. C’est sans doute grâce à la bienveillance et au réseau de son père que Constance de Théis publie pour la première fois en 1785, un poème intitulé ''Bouton de rose'', dans l’''Almanach des Grâces''. En 1789, elle se marie avec le maître en chirurgie Jean-Baptiste Pipelet de Leury et s’installe à Paris. Ils ont une fille, Clémence, qui naît en 1790. Durant la période de la Terreur, le couple vit discrètement. En 1794, Constance Pipelet publie et fait jouer avec succès (une centaine de représentations) sa pièce de théâtre en dix actes : ''Sapho''. Aussi, un an après, en 1795, Constance Pipelet devient la première femme admise au Lycée des arts à Paris, lieu d’enseignement public et d’échanges savants. Elle y donne plusieurs lectures publiques et tient salon. Renommée pour ses connaissances scientifiques et son talent littéraire, elle devient membre à part entière ou associée de plusieurs sociétés savantes : Marseille, l'Ain, Nantes, Lyon, Nantes, Livourne, Vaucluse et Caen. Constance Pipelet se fait plus encore connaître par son ''Épître aux Femmes'', un long poème didactique, écrit en 1797, où elle répond vertement aux propos du plus célèbre poète du moment, Ponce Denis Écouchard Lebrun qui, dans l’un de ses poèmes, exhortait les femmes au silence : «Voulez-vous ressembler aux Muses, // Inspirez, mais n’écrivez pas». | |
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+ | En 1799, année où elle écrit une nouvelle pièce de théâtre, mal reçue et jamais publiée (''Camille, ou Amitié et imprudence''), elle divorce de Jean-Baptiste Pipelet de Leury et, par l’entremise du naturaliste Alexander von Humboldt, elle rencontre le prince et botaniste allemand Joseph Maria Franz Anton Hubert Ignaz de Salm-Reifferscheidt-Dyck qu’elle épouse en 1803. Dès lors, elle doit partager sa vie entre trois lieux : le château de Dyck, en Rhénanie-Westphalie, une demeure à Aix-la-Chapelle et un hôtel particulier à Paris. Le couple s’y entoure d'un cercle savant brillant dont font partie l’astronome Lalande, l’acteur Talma, le bibliothécaire Louis Barbier, le poète et traducteur Pongerville, la poétesse Adélaïde-Gillette Dufrénoy ou la lettrée Aglaé Laya (future Aglaé Comte), etc. Tous les membres réguliers de ce salon apparaissent sur une gravure de l’édition des ''Œuvres complètes'' de 1842. En 1820, un drame endeuille la vie de Constance de Salm : la mort de sa fille, Clémence, mariée depuis 1813 au baron Louis-Bernard Francq mais qui, devenue veuve en 1818, était courtisée par un adjudant du comte de Salm, un dénommé Althoff. Constance de Salm aurait repoussé l'idée, pour sa fille, d'une alliance avec cet homme qui, le 14 juin 1820, tue Clémence et se suicide ensuite. | ||
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+ | Avant tout poétesse, Constance de Salm publie, en 1824, un unique et bref roman, ''Vingt-quatre heures d’une femme sensible'', suite aux remarques d’un critique littéraire qui lui reprochait de ne pas avoir de cœur. En 1833, elle fait éditer ses mémoires sous le titre : ''Mes soixante ans, ou mes Souvenirs politiques et littéraires'', dans lesquels elle revient sur les dates marquantes de sa vie en les reliant aux événements politiques. Au total, Constance de Salm laisse 52 publications écrites entre 1785 et 1837, année de la fin de son activité littéraire et d’un poème testament : « Je mourrai comme j’ai vécu ». L’essentiel de ses œuvres poétiques a la forme d’épîtres où se mêlent descriptions, réflexions politiques, féministes et littéraires, éléments biographiques et éloges divers. Avant sa mort à Paris, le 13 avril 1845, elle a également publié une partie de sa correspondance (1841), ainsi que des œuvres complètes en quatre volumes (1842). | ||
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+ | Un temps oubliée, l’écrivaine est aujourd’hui reconnue, grâce aux travaux des chercheuses féministes, comme Catriona Seth, Geneviève Fraisse, Christine Planté et Huguette Krief. Constance de Salm s’est engagée par la plume en faveur des femmes et de leurs droits à écrire et créer. Sa très riche correspondance (environ 7000 lettres) révèle son aura intellectuel dans l’Europe post-révolutionnaire, ce que confirment les notices des dictionnaires biographiques du XIXe siècle. | ||
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Version du 15 décembre 2017 à 08:54
Constance-Marie de Théis | ||
Titre(s) | Comtesse et Princesse de Salm-Dyck | |
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Conjoint(s) | Jean-Baptiste Pipelet de Leury Joseph Maria Franz Anton Hubert Ignaz de Salm-Reifferscheidt-Dyck | |
Dénomination(s) | Citoyenne Pipelet | |
Biographie | ||
Date de naissance | 7 septembre 1767 | |
Date de décès | 13 avril 1845 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804) |
Notice d'Héloïse Morel, 2017
Constance-Marie de Théis est née à Nantes le 7 septembre 1767. Elle est fille d’Anne-Marie Quillau et d’Alexandre-Marie de Théis, juge-maître des Eaux et Forêts du comté de Nantes. Aussi homme de lettres, il élève, de la même manière, son fils, Alexandre de Théis, et sa fille. C’est sans doute grâce à la bienveillance et au réseau de son père que Constance de Théis publie pour la première fois en 1785, un poème intitulé Bouton de rose, dans l’Almanach des Grâces. En 1789, elle se marie avec le maître en chirurgie Jean-Baptiste Pipelet de Leury et s’installe à Paris. Ils ont une fille, Clémence, qui naît en 1790. Durant la période de la Terreur, le couple vit discrètement. En 1794, Constance Pipelet publie et fait jouer avec succès (une centaine de représentations) sa pièce de théâtre en dix actes : Sapho. Aussi, un an après, en 1795, Constance Pipelet devient la première femme admise au Lycée des arts à Paris, lieu d’enseignement public et d’échanges savants. Elle y donne plusieurs lectures publiques et tient salon. Renommée pour ses connaissances scientifiques et son talent littéraire, elle devient membre à part entière ou associée de plusieurs sociétés savantes : Marseille, l'Ain, Nantes, Lyon, Nantes, Livourne, Vaucluse et Caen. Constance Pipelet se fait plus encore connaître par son Épître aux Femmes, un long poème didactique, écrit en 1797, où elle répond vertement aux propos du plus célèbre poète du moment, Ponce Denis Écouchard Lebrun qui, dans l’un de ses poèmes, exhortait les femmes au silence : «Voulez-vous ressembler aux Muses, // Inspirez, mais n’écrivez pas».
En 1799, année où elle écrit une nouvelle pièce de théâtre, mal reçue et jamais publiée (Camille, ou Amitié et imprudence), elle divorce de Jean-Baptiste Pipelet de Leury et, par l’entremise du naturaliste Alexander von Humboldt, elle rencontre le prince et botaniste allemand Joseph Maria Franz Anton Hubert Ignaz de Salm-Reifferscheidt-Dyck qu’elle épouse en 1803. Dès lors, elle doit partager sa vie entre trois lieux : le château de Dyck, en Rhénanie-Westphalie, une demeure à Aix-la-Chapelle et un hôtel particulier à Paris. Le couple s’y entoure d'un cercle savant brillant dont font partie l’astronome Lalande, l’acteur Talma, le bibliothécaire Louis Barbier, le poète et traducteur Pongerville, la poétesse Adélaïde-Gillette Dufrénoy ou la lettrée Aglaé Laya (future Aglaé Comte), etc. Tous les membres réguliers de ce salon apparaissent sur une gravure de l’édition des Œuvres complètes de 1842. En 1820, un drame endeuille la vie de Constance de Salm : la mort de sa fille, Clémence, mariée depuis 1813 au baron Louis-Bernard Francq mais qui, devenue veuve en 1818, était courtisée par un adjudant du comte de Salm, un dénommé Althoff. Constance de Salm aurait repoussé l'idée, pour sa fille, d'une alliance avec cet homme qui, le 14 juin 1820, tue Clémence et se suicide ensuite.
Avant tout poétesse, Constance de Salm publie, en 1824, un unique et bref roman, Vingt-quatre heures d’une femme sensible, suite aux remarques d’un critique littéraire qui lui reprochait de ne pas avoir de cœur. En 1833, elle fait éditer ses mémoires sous le titre : Mes soixante ans, ou mes Souvenirs politiques et littéraires, dans lesquels elle revient sur les dates marquantes de sa vie en les reliant aux événements politiques. Au total, Constance de Salm laisse 52 publications écrites entre 1785 et 1837, année de la fin de son activité littéraire et d’un poème testament : « Je mourrai comme j’ai vécu ». L’essentiel de ses œuvres poétiques a la forme d’épîtres où se mêlent descriptions, réflexions politiques, féministes et littéraires, éléments biographiques et éloges divers. Avant sa mort à Paris, le 13 avril 1845, elle a également publié une partie de sa correspondance (1841), ainsi que des œuvres complètes en quatre volumes (1842).
Un temps oubliée, l’écrivaine est aujourd’hui reconnue, grâce aux travaux des chercheuses féministes, comme Catriona Seth, Geneviève Fraisse, Christine Planté et Huguette Krief. Constance de Salm s’est engagée par la plume en faveur des femmes et de leurs droits à écrire et créer. Sa très riche correspondance (environ 7000 lettres) révèle son aura intellectuel dans l’Europe post-révolutionnaire, ce que confirment les notices des dictionnaires biographiques du XIXe siècle.