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− | * « Cette dame avait un mérite réel et des connaissances étendues en botanique. Elle était membre de la Société linnéenne et a coopéré à plusieurs ouvrages de botanique. M. J. E. Gilibert | + | * « Cette dame avait un mérite réel et des connaissances étendues en botanique. Elle était membre de la Société linnéenne et a coopéré à plusieurs ouvrages de botanique. M. J. E. Gilibert […] avoue les services rendus à cette science par Mme Lortet. […] M. Balbis (J.-B.) cite très souvent Mme Lortet dans sa ''Flore Lyonnaise''. Il lui a même dédié une plante qu’il a appelée ''Hieracium lortetiae'', c.-à-d. épervière de Lortet. […] Enfin l’on peut ajouter, et ce ne lui sera pas un moindre titre de gloire, que c’est elle qui a dirigé l’éducation de son fils le docteur Lortet. Comme la mère des Gracques, elle a pu dire : Voilà ma plus belle parure.» (Anonyme, ''L'Écho de la Fabrique'', 3 mai 1835). |
* « Un goût aussi prononcé pour la science ne l’avait cependant point détournée de ses devoirs. Chez elle, ces études n’altèrent en rien le caractère distinctifs de la femme : les lumières de la raison faisaient briller d’un plus vif éclat tout ce qu’il y a d’aimable dans le sexe. Quelle fille fut meilleure ? […] ; où trouver une meilleure mère ? […] ; où trouver une meilleure femme de ménage ? […] ; où trouver une meilleure amie ? […]. Telle fut Madame Lortet, unissant l’amabilité de la femme aux connaissances, à la raison et au courage d’un homme.» (Georges Roffavier, voir ''supra'', Choix bibliographique, p. 9-11). | * « Un goût aussi prononcé pour la science ne l’avait cependant point détournée de ses devoirs. Chez elle, ces études n’altèrent en rien le caractère distinctifs de la femme : les lumières de la raison faisaient briller d’un plus vif éclat tout ce qu’il y a d’aimable dans le sexe. Quelle fille fut meilleure ? […] ; où trouver une meilleure mère ? […] ; où trouver une meilleure femme de ménage ? […] ; où trouver une meilleure amie ? […]. Telle fut Madame Lortet, unissant l’amabilité de la femme aux connaissances, à la raison et au courage d’un homme.» (Georges Roffavier, voir ''supra'', Choix bibliographique, p. 9-11). | ||
* « Madame Lortet voua à ces sciences un culte de reconnaissance et de prédilection, et éprouva mieux que personne le charme qu'elles répandent sur l'existence. Jusqu'à ses derniers moments, l'étude et la recherche des végétaux occupa doucement les loisirs de sa vieillesse; il se passait peu de séances où elle n'enrichit vos collections de quelque tribut de ses excursions fructueuses. Et dans ces communications accueillies par nous avec l'estime et l'empressement dû à son rare savoir, on ne savait ce qu'on devait le plus admirer ou de l'étendue et de l'exactitude de ses connaissances, ou de la modestie et de la bonté de son caractère.» (Anonyme, ''Annales de la société linnéenne de Lyon'', sans n°, 1836, p. 30). | * « Madame Lortet voua à ces sciences un culte de reconnaissance et de prédilection, et éprouva mieux que personne le charme qu'elles répandent sur l'existence. Jusqu'à ses derniers moments, l'étude et la recherche des végétaux occupa doucement les loisirs de sa vieillesse; il se passait peu de séances où elle n'enrichit vos collections de quelque tribut de ses excursions fructueuses. Et dans ces communications accueillies par nous avec l'estime et l'empressement dû à son rare savoir, on ne savait ce qu'on devait le plus admirer ou de l'étendue et de l'exactitude de ses connaissances, ou de la modestie et de la bonté de son caractère.» (Anonyme, ''Annales de la société linnéenne de Lyon'', sans n°, 1836, p. 30). |
Version du 4 juin 2019 à 17:00
Clémence Richard | ||
Conjoint(s) | Jean-Pierre Lortet | |
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Dénomination(s) | Madame Lortet, Clémence Lortet | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1772 | |
Date de décès | 1835 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Marc Philippe, 2019
Fille unique d’un maître ouvrier spécialisé en chinage des soies, Clémence Richard naît à Lyon le 16 septembre 1772. Sa mère, Jeanne Gondret (1750-1826), est issue d’une famille de teinturiers de la bourgeoisie savoyarde. Son père Pierre Richard (1741-1815), petit-fils d’un laboureur venu à Lyon pour être tisserand, a acquis à l’armée un bon niveau en mathématiques, ce qui lui permet de prendre en charge l’éducation de Clémence et de lui enseigner les sciences et les mathématiques. En 1791, elle épouse Jean-Pierre Lortet (1756-1823), trésorier général du Rhône. Fils d’un aubergiste franc-maçon – membre de La Pilata, une société dédiée au progrès des sciences qu’il héberge chez lui –, Jean-Pierre lui-même est franc-maçon. S’il n’est pas prouvé que Clémence ait été membre d’une loge adoptive, la franc-maçonnerie joue un rôle important dans sa vie et celle de leur fils. Ce seul enfant, Pierre (1792-1868), est allaité par sa mère, comme le préconise Rousseau. Les idées du philosophe ont eu une grande influence sur Clémence, ce dont témoignent ses écrits. Clémence est une républicaine convaincue, mais quand Lyon est assiégé par les troupes de la République en 1793 et subit des purges drastiques, elle se mobilise avec son mari pour sauver le plus de personnes possible, quelles que soient leurs affinités politiques.
La répression qui suit le siège de Lyon est sans doute la cause de l’état dépressif de Clémence. Vers 1803, elle consulte le Dr. Gilibert, ancien membre de La Pilata et frère de loge de son mari. Il lui prescrit d’exercer ses jambes et d’occuper son esprit, lui recommande de jardiner et de venir à ses cours de botanique. Bientôt, il lui propose de collecter du matériel pour ses leçons et, petit à petit, l’envoie herboriser de plus en plus loin. Un an plus tard, Clémence est capable de parcourir trente kilomètres en une seule journée, tout en collectant des plantes avec son fils. Clémence devient ainsi botaniste, cataloguant la flore locale. Gilibert l’invite alors à faire une étude phénologique. En 1808, Clémence répertorie avec enthousiasme les dates de floraison autour de Lyon. Ces données, avec d’autres collectées auparavant par Gilibert en Biélorussie, sont publiées en 1809 dans un Calendrier de Flore, sous le seul nom de Gilibert. La préface, toutefois, reconnaît clairement la contribution de Clémence.
A la même époque, Clémence suit des cours d’astronomie, de chimie, de physique, et s’intéresse aussi à la géologie. Avec son fils, elle apprend le latin, ce qui lui permet de consulter plusieurs ouvrages de botanique. Pierre étudie au lycée, mais Clémence parachève sa formation dans le domaine des sciences. En 1811, Pierre Lortet va à Paris suivre des études de médecine. Clémence l’accompagne et rencontre plusieurs éminents botanistes, avec qui elle demeure en relation, entre autres Jussieu, Bonpland et Thouin.
De retour à Lyon, Clémence guide sur le terrain plusieurs botanistes importants comme Dumarché, Reynier et Richard. Pendant la même période, elle réalise des expériences agronomiques avec le chanvre et des oléagineuses. Elle reçoit un prix de la Société royale d’agriculture de Lyon en 1820. Cette reconnaissance et son mémoire Le calendrier de Flore lui permettent d’être reçue membre de la Société Linnéenne de Paris. Avec Balbis et d’autres naturalistes, Clémence fonde, fin 1822, la branche lyonnaise de la Société Linnéenne. Celle-ci devient rapidement le lien qui manquait aux naturalistes lyonnais. Sous l’impulsion de Clémence, les membres travaillent à un catalogue de la flore lyonnaise, publié sous les auspices de Balbis (1827-1828). Clémence poursuit ses expériences agronomiques et ses voyages botaniques dans les Alpes (1810, 1826, 1830), dans le Jura (1817), en Auvergne (1818, 1824, 1828), etc. et ce, jusqu’à sa mort, le 15 avril 1835 à Oullins (Rhône).
En 1835, Georges Roffavier l’a décrite comme aimable et simple. C’est probablement vrai, mais c’est aussi un raccourci du rôle important qu’elle a joué dans le domaine de la botanique. C’est elle qui a obtenu de Seringe qu’il vienne diriger le Jardin botanique de Lyon ; c’est elle aussi qui a formé les Chirat, auteurs d’un important ouvrage de botanique, et qui a ouvert la voie aux études cryptogamiques d’Aunier, sans oublier qu’elle a suscité la vocation naturaliste de son petit-fils Louis Lortet. Sans braver les bienséances et fuyant toute publicité, elle a transmis l’héritage scientifique de Gilibert et établi durablement à Lyon une botanique de qualité.
Oeuvres
- 1809 : Le Calendrier de Flore, pour l’année 1778, autour de Grodno, et pour l’année 1808 autour de Lyon, éd. Leroy, Lyon (publiée sous le seul nom de Jean-Emmanuel Gilibert, cette œuvre est en fait une collaboration, comme le prouve la mention faite en 1823 dans le tome 2 des Mémoires de la Société linnéenne de Paris : « Mme Lortet (Clémence) Le calendrier de flore, pour l’année 1773, autour de Grodno, et pour l’année 1808 autour de Lyon ; publié par J.-E. Gilibert, de compagnie avec Madame Lortet. Lyon, 1809 »).
- 1810 ? : «Liste des plantes recueillies ou observées dans le voyage de la Grande-Chartreuse et du glacier de la Selle», manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon (catalogue probablement communiqué à Thouin).
- 1811 ? : Promenades botaniques (publiées partiellement par Georges Roffavier en 1835, puis éd. Pierre Lortet et al., 2018, voir infra, Principales sources).
- 1811 : «Observations sur le cotylédon de Fumaria bulbosa Lin» (texte inédit communiqué à A.-L. de Jussieu, dans une lettre conservée au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon).
- 1813-1821 : «Notes botaniques et journal», éd. Pierre Lortet et al., 2018, voir infra, Principales sources.
- 18** ? : «Liste des plantes cueillies ou observées dans ce voyage» (concerne le Pilat, manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon).
- 1820 : «Plantes récoltées au Pilat», manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon.
- 1820 : «Herbier lyonnais de Mad. Lortet 1820» (récapitulatif des collectes lyonnaises de l’année 1820), manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyo).
- 1826? : Voyage au Mont-Cenis, éd. dans Magnin Antoine, « Les Lortet, botanistes lyonnais particulièrement Clémence, Pierre et Louis Lortet et le botaniste Roffavier, Annales de la société botanique de Lyon, 37, 1913, p.66-72.
- 1827 : «Plantes récoltées en Allemagne et en Suisse», manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon.
- 1827-1828 : Flore lyonnaise, éd. Leroy, Lyon (publiée sous le seul nom de Giovanni Balbis, cette œuvre est en fait une collaboration avec la Société Linnéenne de Lyon menée par C. Lortet, comme le reconnait clairement la préface).
- 1828 : «Voyage en Auvergne», manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon.
- 1833 : «Quand le Rhone a abandonné un gravier voici les plantes qu’on y remarque les premières», manuscrit inédit, conservé au Centre de conservation et d’étude des collections de Lyon.
Principales sources
- Lortet, Pierre, Audibert, Cédric, Bärtschi, Blandine, Benharrech, Sarah, Chambaud, Françoise, Philippe, Marc, Thiébaut, Mélanie, « Les Promenades botaniques de Clémence Lortet, née Richard (1772-1835) », Bull. Société linnéenne de Lyon, 87 (7-8), 2018, p.199-254.
Choix bibliographique
- Magnin Antoine, « Les Lortet, botanistes lyonnais particulièrement Clémence, Pierre et Louis Lortet et le botaniste Roffavier, Annales de la société botanique de Lyon, 37, 1913, p.66-72.
- Roffavier, Georges, Notice sur Madame Lortet, membre de la Société Linnéenne de Lyon, Lyon, Perrin, 1835.
- Vingtrinier, Aimé, Femmes de lettres lyonnaises, Mme Lortet, botaniste, Lyon, Georg, 1896.
Choix iconographique
- 1826 : Pierre Lortet, Portrait au crayon de sa mère, daté du 21 novembre 1826, original dans une collection privée -- Bulletin de la société linnéenne de Lyon, 87 (7-8), 2018.
- 183*: Etienne Rey, Portrait de Madame Lortet d’après un dessin de Jean-Baptiste Vietty (lithographie), Société Linnéenne de Lyon.
Choix de liens électroniques
- Lortet : petite généalogie familiale de l’Ancien Régime à nos jours [1]. Ce site présente de nombreux documents sur la famille Lortet, notamment sur le fils de Clémence Richard, le Dr. Pierre Lortet, et son petit-fils, le Pr. Louis Lortet.
Jugements
- « Cette dame avait un mérite réel et des connaissances étendues en botanique. Elle était membre de la Société linnéenne et a coopéré à plusieurs ouvrages de botanique. M. J. E. Gilibert […] avoue les services rendus à cette science par Mme Lortet. […] M. Balbis (J.-B.) cite très souvent Mme Lortet dans sa Flore Lyonnaise. Il lui a même dédié une plante qu’il a appelée Hieracium lortetiae, c.-à-d. épervière de Lortet. […] Enfin l’on peut ajouter, et ce ne lui sera pas un moindre titre de gloire, que c’est elle qui a dirigé l’éducation de son fils le docteur Lortet. Comme la mère des Gracques, elle a pu dire : Voilà ma plus belle parure.» (Anonyme, L'Écho de la Fabrique, 3 mai 1835).
- « Un goût aussi prononcé pour la science ne l’avait cependant point détournée de ses devoirs. Chez elle, ces études n’altèrent en rien le caractère distinctifs de la femme : les lumières de la raison faisaient briller d’un plus vif éclat tout ce qu’il y a d’aimable dans le sexe. Quelle fille fut meilleure ? […] ; où trouver une meilleure mère ? […] ; où trouver une meilleure femme de ménage ? […] ; où trouver une meilleure amie ? […]. Telle fut Madame Lortet, unissant l’amabilité de la femme aux connaissances, à la raison et au courage d’un homme.» (Georges Roffavier, voir supra, Choix bibliographique, p. 9-11).
- « Madame Lortet voua à ces sciences un culte de reconnaissance et de prédilection, et éprouva mieux que personne le charme qu'elles répandent sur l'existence. Jusqu'à ses derniers moments, l'étude et la recherche des végétaux occupa doucement les loisirs de sa vieillesse; il se passait peu de séances où elle n'enrichit vos collections de quelque tribut de ses excursions fructueuses. Et dans ces communications accueillies par nous avec l'estime et l'empressement dû à son rare savoir, on ne savait ce qu'on devait le plus admirer ou de l'étendue et de l'exactitude de ses connaissances, ou de la modestie et de la bonté de son caractère.» (Anonyme, Annales de la société linnéenne de Lyon, sans n°, 1836, p. 30).
- « Il [son père] fit de cette enfant ou plutôt de cette adolescente une femme virile comme une Romaine, une érudite comme un membre de l’Institut.» (Aimé Vingtrinier, voir supra, Choix bibliographique, p. 4).