Marie Poussepin : Différence entre versions

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* 1724, information faite auprès de 35 habitants de Sainville, en vue de l’obtention de lettres patentes : « […] 5.- Claude Legendre, marchand, second marguillier […]  Dépose qu’il sçait par expérience que la communauté establie à Sainville est utille aux habitants de cette parroisse, attendu qu’il a deux filles qu’il envoye aux petites écoles dans laditte communauté dont il est comptant [content], parce qu’elle instruit fort bien, qu’elle cherche à soulager les malades, et que dans le besoin elles sont d’une très grande commodité […] ; et qu’elles ont fait tort à la paroisse par l’acquisition de quelques maisons qu’elle a joint à la leur, qui ont osté plusieurs habitants qui payaient taille […] ; les mettre à la taille, parce qu’autrement la parroisse en souffriroit. […] 7.- François Romeru, laboureur […] il est à propos que le nombre des filles soit diminué et fixé, attendu que dans le temps de la récolte, elles font tort aux habitants par l’enlèvement qu’elles font des chaumes qui serviroient aux bestiaux des laboureurs. […] » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry,  voir ''supra'' Principales sources, à compléter).
 
* 1724, information faite auprès de 35 habitants de Sainville, en vue de l’obtention de lettres patentes : « […] 5.- Claude Legendre, marchand, second marguillier […]  Dépose qu’il sçait par expérience que la communauté establie à Sainville est utille aux habitants de cette parroisse, attendu qu’il a deux filles qu’il envoye aux petites écoles dans laditte communauté dont il est comptant [content], parce qu’elle instruit fort bien, qu’elle cherche à soulager les malades, et que dans le besoin elles sont d’une très grande commodité […] ; et qu’elles ont fait tort à la paroisse par l’acquisition de quelques maisons qu’elle a joint à la leur, qui ont osté plusieurs habitants qui payaient taille […] ; les mettre à la taille, parce qu’autrement la parroisse en souffriroit. […] 7.- François Romeru, laboureur […] il est à propos que le nombre des filles soit diminué et fixé, attendu que dans le temps de la récolte, elles font tort aux habitants par l’enlèvement qu’elles font des chaumes qui serviroient aux bestiaux des laboureurs. […] » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry,  voir ''supra'' Principales sources, à compléter).
 
* 1913, un dominicain hagiographe : «  Son œuvre se rattache à cette phase de la charité en France, la phase des initiatives particulières, locales, nous dirions aujourd’hui régionalistes […]. Et à part quelques notes discordantes, d’ailleurs sans portée, tous, en définitive, n’auront qu’une voix pour proclamer son humilité, son angélique douceur, l’endurance de sa volonté, la sagesse de ses vues, la beauté de sa vie, l’opportunité de son œuvre […]. Et l’on ne saurait dire, si sous le toit de Marie Poussepin, c’est le travail qui prie ou la prière qui travaille » (Th. Mainage, ''Mère Marie Poussepin...'', voir ''supra'' Choix bibliographique, p. 22, 191, 293)
 
* 1913, un dominicain hagiographe : «  Son œuvre se rattache à cette phase de la charité en France, la phase des initiatives particulières, locales, nous dirions aujourd’hui régionalistes […]. Et à part quelques notes discordantes, d’ailleurs sans portée, tous, en définitive, n’auront qu’une voix pour proclamer son humilité, son angélique douceur, l’endurance de sa volonté, la sagesse de ses vues, la beauté de sa vie, l’opportunité de son œuvre […]. Et l’on ne saurait dire, si sous le toit de Marie Poussepin, c’est le travail qui prie ou la prière qui travaille » (Th. Mainage, ''Mère Marie Poussepin...'', voir ''supra'' Choix bibliographique, p. 22, 191, 293)
- 1938, un dominicain historien du travail : «  Marie Poussepin, avec son esprit de finesse, a compris l’importance de la transformation économique et sociale qui s’opéra en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle ; et s’adapta merveilleusement aux réformes de l’époque ; abandonnant la soie, elle s’adonna à l’industrie de la laine ; le travail à l’aiguille est remplacé chez les Poussepin par le travail au métier. […] elle fait figure d’initiatrice. […] elle s’occupe de son commerce, comme une sainte sait le faire. […] Ce sera la richesse et le gagne-pain d’une grande partie de la population  et tout ce bien-être, c’est à la future fondatrice de la Présentation que les Dourdannais le doivent. » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry,  voir ''supra'' Principales sources, t. I, p. 313-314).  
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* 1938, un dominicain historien du travail : «  Marie Poussepin, avec son esprit de finesse, a compris l’importance de la transformation économique et sociale qui s’opéra en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle ; et s’adapta merveilleusement aux réformes de l’époque ; abandonnant la soie, elle s’adonna à l’industrie de la laine ; le travail à l’aiguille est remplacé chez les Poussepin par le travail au métier. […] elle fait figure d’initiatrice. […] elle s’occupe de son commerce, comme une sainte sait le faire. […] Ce sera la richesse et le gagne-pain d’une grande partie de la population  et tout ce bien-être, c’est à la future fondatrice de la Présentation que les Dourdannais le doivent. » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry,  voir ''supra'' Principales sources, t. I, p. 313-314).  
  
  

Version du 22 décembre 2015 à 09:19

Marie Poussepin
Titre(s) Directrice de la Fraternité St-Pierre de Dourdan
Fondatrice et supérieure de la congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie
bienheureuse
Dénomination(s) Soeur Catherine du Tiers Ordre de Saint Dominique
Biographie
Date de naissance 14 octobre 1653
Date de décès 24 janvier 1744
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Nicole Pellegrin, 2015

Marie Poussepin, née en Hurepoix à Dourdan (actuel département de l’Essonne) le 14 octobre 1653, est la fille de Julienne Fourrier et de Claude Poussepin, marchand fabricant en bas de soie et propriétaire terrien. Elle est l’aînée d’une fratrie de quatre enfants, dont un frère, Claude (1665-1735) continuera à ses côtés, puis seul, l’entreprise familiale. Née dans une famille prospère et alphabétisée, elle fréquente une « petite école » tenue plus tard par des sœurs de l’Instruction chrétienne et y acquiert des savoirs en lecture, écriture, calcul, travaux manuels et exercices de piété. Elle entre dans la confrérie de Charité de la paroisse Saint-Pierre, à la suite de sa mère (morte en 1675). Comme celle-ci, Marie en sera trésorière avant d’en être la «supérieure» (directrice) de 1683 à 1716 bien que ne résidant plus alors à Dourdan.
Pieuse, dévouée aux œuvres charitables et restée célibataire, elle est par ailleurs tertiaire dominicaine depuis 1667. Dans les registres paroissiaux, on la voit souvent marraine dès 1664 et cela jusqu’en 1697. Elle est aussi très présente dans les actes notariés du lieu où elle figure comme femme d’affaires et maîtresse de très nombreux apprentis, seule ou aux côtés de son frère. Son père, avant sa mort, lui avait en effet confié, avec l’éducation du jeune frère encore en vie, la totalité de ses biens en 1680 et la direction d’une entreprise de tricotage en soie à l’aiguille (bas, gants et bourses) qu’elle développe grâce à l’introduction de métiers mécaniques anglais (vers 1684), l’emploi croissant de la laine et l’embauche d’une vingtaine d’ouvriers.
Désireuse de se vouer aux pauvres de la campagne et non des villes, pris alors en charge par les Filles de la Charité et celles de l’Instruction chrétienne, elle rassemble des femmes destinées à vivre en communauté de leur travail (du tricotage à l’aiguille de bonneteries diverses) pour mieux soigner les déshérités et éduquer les petites paysannes. Après un essai d’implantation, semble-t-il infructueux, à Angerville, et la rencontre vers 1691 du père dominicain, François Mespolié (1657-1727), dit « le missionnaire de la Beauce », qui l’aurait aidée à formuler son projet, elle achète, à ses frais, des bâtiments à Sainville (diocèse de Chartres en Eure-et-Loir) et y fonde en 1696 une congrégation de religieuses non cloîtrées, proches de la spiritualité et des pratiques de l’ordre dominicain dont elles portent les couleurs noir et blanc, tout en se vouant, en costume séculier, aux œuvres de charité, à l’enseignement des filles et au travail des mains. Les lettres patentes qui officialisent la fondation des Sœurs de Charité de la Présentation de Marie ne sont obtenues et enregistrées qu’en 1724 en raison de diverses oppositions locales d’ordre fiscal et de la méfiance des autorités ecclésiastiques à l’égard d’activités temporelles trop prégnantes et d’un lien trop lâche avec l’autorité épiscopale. Quant aux « constitutions », elles sont approuvées en 1738 et imprimées en 1739. Dès avant la mort, en janvier 1744, de leur fondatrice et longtemps supérieure, les « filles » de Marie Poussepin ont déjà essaimé dans les diocèses de Chartres, Blois, Sens, Arras, Meaux, Versailles, et restent aujourd’hui fort actives à travers le monde.
Redécouverte par le grand public quand elle a été béatifiée par le pape Jean-Paul II le 20 novembre 1994, elle est vénérée dans l’ensemble des communautés de l’ordre dominicain auquel la congrégation, jusqu’alors indépendante, s’est agrégée en 1959, renouant avec sa première orientation spirituelle. Son souvenir est bien vivant à la maison-mère de la Grande Bretèche à Tours et à Sainville. Grâce à l’artiste impressionniste et amante galloise de Rodin, Gwen John (1876-1939), convertie au catholicisme, des représentations peintes de Poussepin ou de ses filles ont fait connaître son apostolat jusqu’en terres anglophones. Tout autant que son œuvre spirituelle et charitable de fondatrice d’une congrégation originale, ses compétences industrielles et commerçantes et son esprit d’innovation en plein colbertisme suscitent l’admiration.

Oeuvres

  • 1738: Règlemens pour les Sœurs de la Communauté de la Charité de Sainville, Chartres, Jacques Roux, 1739 [publiées anonymement en collaboration avec le père Mespolié ?]
  • Règles générales pour la conduite des sœurs de la communauté de Sainville dans les paroisses où elles s’établissent...

Principales sources

  • Recueil des actes de la Vénérable Marie Poussepin (1653-1744), Fondatrice des Sœurs de la Présentation de Tours, t. I : Période de Dourdan, 1653-1695. Contribution à l’histoire du commerce et de l’industrie à Dourdan aux XVIIe et XVIIIe siècles et t. II : Période de Sainville, 1696-1744. Contribution à l’histoire de la charité et de l’enseignement aux XVIIe et XVIIIe siècles, éd. Gabriel Théry, Tours, Mame, 1938, 2 vol. in-4°, ill.
  • Positio super virtutibus..., Rome 1985 (synthèse de tous les éléments concernant la vie et les vertus de Marie Poussepin en vue de sa béatification).

Choix bibliographique

  • Madeleine Saint-Jean, « Marie Poussepin », dans Dictionnaire de spiritualité, ascétique et mystique, Paris, Beauchesne, 1986, t. 12-2, col. 2037-2040.
  • Madeleine de Saint-Jean, "L'itinéraire d'une fondatrice Marie Poussepin (1653-1744), dans Mémoire dominicaine. Fondateurs, fondatrices dans l'Ordre dominicain depuis l'époque moderne, Paris, Cerf, 1992, p. 17-40.
  • Madeleine Saint-Jean, « Marie Poussepin et la dynamique d’un projet apostolique », dans Abbayes, prieurés et communautés religieuses en Ile-de-France. Actes du huitième colloque de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et d’Ile-de-France, 1997, p. 469-473.
  • Mainage,Thomas-Lucien o.p., Mère Marie Poussepin, fondatrice des Sœurs de Charité Dominicaines Présentation de la Sainte Vierge de Tours (1653-1744), Paris, P. Lethielleux, 1913.
  • Préteseille,Bernard, Marie Poussepin ou l’exercice de la charité, [Chambray-les-Tours], C. L. D., 1989.
  • Venchi, Innocenzo, « Marie Poussepin (1653-1744) »,Archivum Fratrum Prædicatorum, 1986, vol. 56, pp. 207-218.

Choix iconographique

  • XVIIIe s.: Anonyme, Portrait de Marie Poussepin, Musée de Dourdan et Monastère de la Grande-Bretèche de Tours
  • 1913-1919: Gwen John, Marie Poussepin (16 versions dans divers musées britanniques dont ceux de Cardiff, Southampton, la Tate de Londres, etc)

Jugements

  • 1712, conclusions d’avocat : « Une fille inspirée de la Providence a vécu à la campagne depuis plusieurs années avec un nombre de filles, pour enseigner les petites écoles dans plusieurs villages où elles se sont établies et pour apprendre aux jeunes filles à travailler ; plusieurs d’entre elles ayant appris à saigner sont utiles aux malades à qui elles donnent leur soing et médicaments gratis ; elles n’ont d’autre moyen pour vivre et pour procurer ce secours à la campagne que leur grande œconomie et un travail assidu dans une fabrique de bas de soye qu’elles tricotent. Cette fille a fait plusieurs establissements où elle a mis les choses nécessaires en linge, habits et petits ameublements ; elle a fait bâtir à Sainville, diocèse de Chartres, une maison très commode et dans d’autres villages elle a pris des maisons à louage ou à rente qu’elle a disposé à son dessein, ce qu’elle continue de faire autant que cela est agréable à messieurs les curez ou habitants qui les souhaitent » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry, voir supra Principales sources, t. II, p. 158).
  • 1724, information faite auprès de 35 habitants de Sainville, en vue de l’obtention de lettres patentes : « […] 5.- Claude Legendre, marchand, second marguillier […] Dépose qu’il sçait par expérience que la communauté establie à Sainville est utille aux habitants de cette parroisse, attendu qu’il a deux filles qu’il envoye aux petites écoles dans laditte communauté dont il est comptant [content], parce qu’elle instruit fort bien, qu’elle cherche à soulager les malades, et que dans le besoin elles sont d’une très grande commodité […] ; et qu’elles ont fait tort à la paroisse par l’acquisition de quelques maisons qu’elle a joint à la leur, qui ont osté plusieurs habitants qui payaient taille […] ; les mettre à la taille, parce qu’autrement la parroisse en souffriroit. […] 7.- François Romeru, laboureur […] il est à propos que le nombre des filles soit diminué et fixé, attendu que dans le temps de la récolte, elles font tort aux habitants par l’enlèvement qu’elles font des chaumes qui serviroient aux bestiaux des laboureurs. […] » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry, voir supra Principales sources, à compléter).
  • 1913, un dominicain hagiographe : «  Son œuvre se rattache à cette phase de la charité en France, la phase des initiatives particulières, locales, nous dirions aujourd’hui régionalistes […]. Et à part quelques notes discordantes, d’ailleurs sans portée, tous, en définitive, n’auront qu’une voix pour proclamer son humilité, son angélique douceur, l’endurance de sa volonté, la sagesse de ses vues, la beauté de sa vie, l’opportunité de son œuvre […]. Et l’on ne saurait dire, si sous le toit de Marie Poussepin, c’est le travail qui prie ou la prière qui travaille » (Th. Mainage, Mère Marie Poussepin..., voir supra Choix bibliographique, p. 22, 191, 293)
  • 1938, un dominicain historien du travail : «  Marie Poussepin, avec son esprit de finesse, a compris l’importance de la transformation économique et sociale qui s’opéra en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle ; et s’adapta merveilleusement aux réformes de l’époque ; abandonnant la soie, elle s’adonna à l’industrie de la laine ; le travail à l’aiguille est remplacé chez les Poussepin par le travail au métier. […] elle fait figure d’initiatrice. […] elle s’occupe de son commerce, comme une sainte sait le faire. […] Ce sera la richesse et le gagne-pain d’une grande partie de la population et tout ce bien-être, c’est à la future fondatrice de la Présentation que les Dourdannais le doivent. » ("Recueil des Actes", éd. G. Théry, voir supra Principales sources, t. I, p. 313-314).
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