Marie Leprince : Différence entre versions
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* Database-Womenwriters: ce site donne divers informations sur les auteures et écrivaines européennes et propose une reconsidération de leurs ouvrages avec possibilité d’entrée dans le canon littéraire.[http://www.womenwriters.nl/index.php/Women_writers%27_networks] [http://neww.huygens.knaw.nl/authors/show/9] | * Database-Womenwriters: ce site donne divers informations sur les auteures et écrivaines européennes et propose une reconsidération de leurs ouvrages avec possibilité d’entrée dans le canon littéraire.[http://www.womenwriters.nl/index.php/Women_writers%27_networks] [http://neww.huygens.knaw.nl/authors/show/9] | ||
Version du 9 décembre 2014 à 14:23
Marie Leprince | ||
Conjoint(s) | Claude Antoine Malter Antoine Grimard de Beaumont Thomas Pichon | |
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Dénomination(s) | Madame Leprince de Beaumont | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1711 | |
Date de décès | 1780? | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Ramona Herz, 2014
Marie Leprince, née le 26 avril 1711 à Rouen, est la fille aînée du sculpteur-peintre Jean-Baptiste Nicolas Leprince et de sa deuxième femme, Barbe Plantard, qui meurt en 1722 quand Marie a seulement onze ans. À l’âge de quatorze ans, avec sa soeur cadette Catherine-Aimée, elle entre dans le couvent d’Ernemont, où elle fait ses premières expériences d’éducatrice comme institutrice d’enfants pauvres. En 1735, elle quitte la vie religieuse pour rejoindre son père à Metz. Remarié avec Anne Gautier, il en a eu six autres enfants. Son huitième fils, Jean-Baptiste Leprince (1733?-1781), deviendra un peintre et graphiste fameux.
Marie devient dame de la cour d’Elizabeth-Thérèse de Lorraine (1711-1741, qui doit quitter la France en 1737 après la proclamation de la déchéance du roi de Pologne, Stanislas Leszczynski, comme duc de Lorraine. Le 22 juin 1737, Marie Leprince épouse Claude Antoine Malter, un maître de danse. Cette union, dont l’acte de mariage mentionne que le père de Marie est décédé – très probablement pour dissimuler sa désapprobation –, est annulée en 1745. Entre-temps, elle a fait la connaissance d’Antoine Grimard de Beaumont. Leur mariage n’est pas prouvé, bien que Marie Leprince soit désormais nommée «de Beaumont» et qu’on trouve la signature «A. Beaumont» sur le contrat d’édition de L’Éducation complète (1752). On ne sait si Antoine est le père de sa fille Élisabeth, née en 1744, et qu’elle laisse en France quand elle part à Londres en 1748.
Son premier roman Triomphe de la vérité, dédié au roi de Pologne, est publié à Nancy en 1748. En Angleterre, elle fait paraître le périodique Le Nouveau Magasin Français (1750-52) et se consace dès lors à l’éducation. Gouvernante de jeunes filles nobles, dont Sophie Carteret, la future Lady Shelburne, elle écrit de nombreux ouvrages éducatifs. En 1756, l’année de la parution de son fameux Magasin des Enfants, elle fait probablement la connaissance de Thomas Pichon, alias Tyrell, qui passe pour son mari pendant les années 1758-1762. C’est encore un contrat, cette fois avec l’éditeur John Nourse de Londres, pour le Magasin des Jeunes dames (1763), qui témoigne de cette relation. Cette année-là, cependant, Marie Leprince de Beaumont quitte Londres et son amant avec qui elle s'est disputée. Elle s’installe à Annecy, en Savoie, avec la famille de sa fille. Les dernières années de sa vie ne sont connues que par sa correspondance avec Tyrell, entre 1763 et 1775. Elle les passe probablement en compagnie d’Elisabeth et de son mari, Nicolas Louis Joseph Moreau, ainsi que de ses six petits-enfants. Jusqu’en 1779, année de la parution de son dernier ouvrage La Dévotion éclairée, elle publie encore plusieurs écrits. La date (1780?) et le lieu de sa mort (Paris, Annecy, Chavanod ou Avallon) restent incertains.
Son oeuvre est consacré non seulement à l’éducation de jeunes filles (Magasin des Enfants; des Adolescentes; des Jeunes Dames), mais aussi à l’instruction des garçons (Le Mentor Moderne) et des indigents (Magasin des Pauvres). Adaptant des dialogues à l’âge de ses destinataires, Marie Leprince de Beaumont peut être considérée comme la fondatrice de la littérature de jeunesse en France. C’est à leur intention qu’elle écrit de nombreux contes, ou qu’elle réécrit certains, comme La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve. Elle est également directrice d’un journal, Le Nouveau Magasin Français, qui s’adresse à un public européen. L’intérêt principal est mis sur les curiosités en divers disciplines dont surtout les sciences dures. Souvent surnommé « Magasin des Dames », ce journal est explicitement destiné aux deux sexes pour inciter leur instruction. Marie Leprince de Beaumont est enfin l’autrice de plusieurs romans (Civan, roi de Bungo; La Nouvelle Clarice), dont des romans épistolaires (Lettres d’Émerance à Lucie; Lettres de Madame du Montier). Dans de nombreux écrits, elle défend la foi chrétienne (Le triomphe de la vérité; Les Américaines; La Dévotion éclairée).
La recherche s’est jusqu’à présent surtout concentrée sur ses contes, notamment sa version abrégée de La Belle et la Bête pour le Magasin des Enfants, dont la célébrité ne s’est jamais démentie (jusqu’au film de Disney en 1991). La majorité de ses autres écrits, non rééditée, est tombée dans l’oubli. En raison de de son catholicisme, l’écrivaine a longtemps été associée au courant des Anti-Lumières mais la recherche actuelle tend à reconsidérer cette approche en mettant en évidence ses idées progressistes.
Oeuvres
- 1748 : Le Triomphe de la vérité ou Mémoires de Mr. de La Villette, Nancy, Henri Thomas.
- 1748 : Arrest solennel de la nature par lequel le grand événement de l’année 1748 est sursis jusqu’au premier aoust 1749, Paris, s.n.
- 1748 : Lettre en réponse à l’Année merveilleuse, Nancy, Henri Thomas -- éd. Barbara Kaltz, Contes et autres écrits, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 (en partie).
- 1750-52 : Le Nouveau magasin français ou Bibliothèque instructive et amusante, Londres, François Changuion -- éd. Barbara Kaltz, Contes et autres écrits, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 (en partie).
- 1750 : Lettres diverses et critiques, Nancy, Henri Thomas.
- 1753 : L’Éducation complète ou Abrégé de l’histoire universelle mêlé de géographie et de chronologie. A l’usage de la famille royale de S.A.R. la Princesse de Galles, Londres, John Nourse -- éd. Barbara Kaltz, 'Contes et autres écrits', Oxford, Voltaire Foundation, 2000 (en partie).
- 1754 : 'Civan, roi de Bungo, histoire japonnoise', Londres, John Nourse -– éd. Alix S. Deguise, Genève, Slatkine, 1998.
- 1750-52 : Lettres de madame du Montier à la marquise de *** sa fille. Avec les réponses, où l’on trouve les leçons les plus épurées et les conseils les plus délicats d’une mère pour servir de règle à la fille dans l’état du mariage ; même dans les circonstances les plus épineuses ; pour se conduire avec religion & honneur dans le grande Monde. L’on y voit aussi les plus beaux sentimens de reconnoissance de docilité & de déférence d’une fille envers sa mère, publié dans le Nouveau Magasin français, février 1750-novembre 1752.
- 1756 : Le Magasin des Enfants ou dialogues entre une sage gouvernante et plusieurs de ses élèves de la première distinction, dans lesquels on fait penser, parler, agir les jeunes gens suivant le génie, le tempérament, et les inclinations de chacun. On y représente les défauts de leur âge; et l’on y montre de quelle manière on peut les en corriger : on s’applique autant à leur former le cœur, qu’à leur éclairer l’esprit. On y donne un abrégé de l’Histoire sacrée, de la fable, de la géographie etc.: le tout rempli de réflexions utiles, et de contes moraux pour les amuser agréablement; et écrit d’un stile simple et proportionné à la tendresse de leurs années, Londres, J. Haberkorn -- éd. Barbara Kaltz, Contes et autres écrits, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 (en partie).
- 1758 : Anecdotes du quatorzième siècle, pour servir à l’histoire des femmes illustres de ce tems, Londres, J. Haberkorn.
- 1760 : Le Magasin des adolescentes ou dialogues entre une sage gouvernante, et plusieurs de ses élèves de la première distinction, Londres, John Nourse. - éd. Barbara Kaltz, Contes et autres écrits, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 (en partie).
- 1761 : Principes de l’histoire Sainte, Londres, John Nourse.
- 1764 : Instructions pour les jeunes dames qui entrent dans le monde, se marient, leurs devoirs dans cet état et envers leurs enfans. Pour servir de suite au Magasin des adolescentes, Lyon et Paris, Desaint&Saillant.
- 1765 : Lettres d’Émérance à Lucie, Lyon et Paris, Pierre Bruyset Ponthus et Charles Saillant.
- 1766 : Mémoires de Madame la baronne de Batteville ou La veuve parfaite, Lyon, Pierre Bruyset Ponthus.
- 1767 : La Nouvelle Clarice, Paris, Desaint.
- 1767 : Le Magasin des Pauvres, artisans, domestiques, et gens de la campagne, Londres, John Nourse.
- 1769 : Les Américaines ou La preuve de la religion chrétienne par les Lumières naturelles, Annecy, C.M. Durand.
- 1772/1773 : Le Mentor moderne ou Instructions pour les garçons et pour ceux qui les élèvent, Paris, Claude Hérissant -- éd. Barbara Kaltz, Contes et autres écrits, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 (en partie).
- 1773 : Contes moraux, Lyon et Paris, Saillant -- éd. Barbara Kaltz, Oxford, Voltaire Foundation, 2000.
- 1776 : Nouveaux contes moraux, Lyon, Pierre Bruyset Ponthus.
- 1779 : La Dévotion éclairée ou Magasin des dévotes, Lyon, Pierre Bruyset Ponthus.
- Attributions incertaines
- L'Adepte moderne, ou le vrai secret des franc-maçons. Histoire intéressante', Londres, 1755.
- Lettres curieuses, instructives et amusantes ou correspondance historique, galante, critique, morale, philosophique, littéraire ... entre une dame de Paris et une dame de province; contenant un grand nombre d'histoires anecdotes & d'avantures aussi vraies que curieuses et intéressantes, La Haye, Isaac Beauregard, 1759.
- Attribution erronée
- Manuel de la Jeunesse ou Instructions familières en dialogues, Paris, Antoine Fournier, 1773
Principales sources
- B.N.F, f.fr. 10783, f°47: fiche de police de novembre 1750, complétée après le Ier septembre 1751.
- Bibliothèque municipale de Vire, Papiers de Thomas Pichon, 165 B14, I: correspondance entre Thomas Pichon et Marie Leprince de Beaumont.
- British Museum Library, Ms, Add 38728, fol.63-64: contrats d’éditions avec John Nourse, Londres.
- Lunéville, Minutes notariales, Étude Guibal, Maître Thiriet 1718-1756, 8 E13: acte 183 du 22 juin 1737, acte de mariage avec Claude Antoine Malter
Choix bibliographique
- Artigas-Menant, Geneviève, «Les Lumières de Marie Leprince de Beaumont: Nouvelles données biographiques», dans 18ème siècle, 36, 2004, p.291-301.
- Artigas-Menant, Geneviève, Lumières clandestines. Les papiers de Thomas Pichon, Paris, Honoré Champion, 2001, p.51-68.
- Chiron, Jeanne et al. (dir.), Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. «La belle et la bête» dans tous ses états, Paris, Garnier (en préparation).
- Clancy, Patricia A., «A French writer and educator in England: Mme Le Prince de Beaumont», dans S.V.E.C., 201, 1982, p.195-208.
- Kaltz, Barbara, «Introduction», dans Contes et autres écrits, dir. Barbara Kaltz, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, p.1-78.
Choix iconographique
- XVIIIe s.: Portrait anonyme peint sur ivoire, Coll. particulière [1]
Choix de liens électroniques
- Dictionnaire des journalistes: ce site livre une biographie de Marie Leprince de Beaumont rédigée par Patricia Clancy ainsi qu’une information supplémentaire sur le journal Le Nouveau Magasin Français publié par Marie Leprince de Beaumont entre 1750 et 1752.[2]
- Database-Womenwriters: ce site donne divers informations sur les auteures et écrivaines européennes et propose une reconsidération de leurs ouvrages avec possibilité d’entrée dans le canon littéraire.[3] [4]
Jugements
- (à propos de l’Éducation complète) «Cet ouvrage trop peu connu est le fruit de l’expérience et du zèle. Cette dame dévouée, autant par goût que par état, à l’éducation des jeunes personnes dont les pères et mères veulent bien faire entrer le cœur et l’esprit pour quelque-chose dans les soins qu’on prend pour les former pour le monde, n’a pas moins travaillé pour les maîtres et pour les maîtresses que pour les élèves. […] Cet abrégé qui est très bien fait peut marcher avec l’Histoire ancienne de M. Rollin, et n’est destiné qu’à la rendre plus utile.» (Anonyme, Lettre du 26 janvier 1755, Paris, publiée dans Correspondance littéraire de Mannheim', éd. Jochen Schlobach, Paris/ Genève, 1992, p.304)
- «Cette femme-là est actuellement dans un couvent à Chambéry en Savoie, après avoir joué sur le théâtre de Marseille, été entretenue puis mariée à un danseur encore en vie, remariée à un contrebandier nommé Beaumont, et mariée actuellement pour la troisième fois au Sr Tyrrell ici, où elle fait la cagote, la pédante et a joué toutes nos dames les plus huppées qui à présent en disent pis que pendre. C’est bien l’esprit le plus superficiel et la tête la plus bigote et la plus hypocrite que j’aie connue.» (Lettre de Jean Deschamps à Jean Henri Samuel Formey le 9 octobre 1764 à Londres, Staatsbibliothek Berlin, Nachlass Formey, f°32)
- «Madame Leprince de Beaumont née à Rouen en 1711 est vivante, et elle est résidente à Londres. Les divers ouvrages qu’elle a donnés jusqu’ici ont excité l’attention d’une grande partie du Public: on a rendu justice au mérite de cette Dame: on a reconnu en elle d’excellentes qualités & particulièrement un talent admirable pour l’instruction des jeunes Demoiselles, un esprit orné de toutes les connaissances nécessaires à une bonne éducation, l’art si rare de se mettre à la portée des sujets qu’on instruit & de devenir pour ainsi dire enfant pour plaire aux enfans & pour exciter leur curiosité: toutes qualités qui mettent dans le plus beau jour le mérite de Madame le Prince.» (Augustin Alletz Pons, L’Esprit des femmes célèbres du siècle de Louis XIV et de celui de Louis XV, jusqu’à présent, Paris, 1768, p.349)
- «C’est une Mme de Beaumont-Leprince qui fait des espèces de catéchismes pour les jeunes demoiselles» (Voltaire, Lettre à Étienne-Noël Damilaville, le 24 juin 1767, publiée dans Oeuvres complètes de Voltaire, éd. Louis Moland, Paris, 1881, p.298)
- «Elle eut une influence utile sur notre littérature; ce fut elle qui la première s’occupa avec détail, et une grande suite, de l’éducation de l’enfance et de la première jeunesse, et qui donna l’idée de travailler dans ce genre; elle composa une petite bibliothèque pour ces deux âges.» (Félicité de Genlis, De l’influence des femmes sur la littérature française, Paris, 1811, p. 273)