Gabrielle de Coignard : Différence entre versions

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== Notice de [[Antoinette Gimaret]], 2006 ==
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La biographie de Gabrielle de Coignard reste lacunaire. Née aux alentours de 1550 de Jean de Coignard et de Louise de Baulac, elle appartient par sa naissance à l’élite parlementaire toulousaine. Son père, notaire et conseiller au Parlement, est un catholique convaincu; il est par ailleurs grand amateur de poésie et maître ès Jeux Floraux. Elle reçoit certainement une bonne éducation religieuse et une solide initiation aux lettres. En décembre 1570, elle épouse Pierre de Mansecal, sieur de Miremont, avocat réputé qui devient président au Parlement de Toulouse en 1572. Deux filles naissent de cette union, Jeanne et Catherine, que Gabrielle, devenue veuve dès 1573, élève pratiquement seule. À son décès, le 29 novembre 1586, elles sont adolescentes. Elles décident huit ans plus tard de publier l’oeuvre poétique élaborée par leur mère durant son veuvage (aucun texte ne semble avoir été écrit avant).
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Le recueil des ''OEuvres Chrestiennes'' s’ouvre par une dédicace rédigée par ses filles, «Aux dames dévotieuses», qui permet de comprendre quel lectorat elles visaient. Il est composé de deux parties: d’abord 129 «sonnets spirituels», puis 21 poèmes de «vers chrestiens» plus étendus et de formes variées: hymnes, discours, stances, complaintes, noëls. La plupart sont en alexandrins. L’ensemble se présente comme une sorte de journal intime dans lequel seraient consignées toutes les étapes d’une longue conversion. Le choix de chanter exclusivement les «choses divines» et, en particulier, la Passion du Christ, évacue le registre mondain et contribue à l’élaboration d’un nouveau lyrisme amoureux, autour de la figure du Crucifié. Cette méditation poétique, nourrie de représentations sensibles de la souffrance physique du Christ, destinées à émouvoir les fidèles et à les amener à de pieuses résolutions, s’inscrit dans le courant de spiritualité jésuite (Ignace de Loyola et Louis de Grenade), qui recourt volontiers à l’emploi d’images concrètes pour donner corps aux paroles des évangiles. Gabrielle de Coignard puise dans l’arsenal des figures poétiques et bibliques commun à tous les poètes de son temps mais elle s’abandonne rarement à la virtuosité rhétorique, en signe d’humilité propre à l’écriture dévote. Elle appartient bien à une génération de poètes nourris à l’école de la Pléiade, mais qui, sous l’influence de la Contre-Réforme, ont entrepris de convertir leurs activités littéraires en exercices spirituels. Les modes profanes de réception et de création poétiques semblent ainsi congédiés au profit d’une démarche purement morale. L’oeuvre invite chacun-e à corriger son comportement.
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Le recueil a connu un certain succès éditorial, sans doute soutenu par les jésuites. Il a été réédité l’année suivant sa publication à Toulouse, ainsi que chez un libraire d’Avignon, avant d’être réimprimé en 1613 à Lyon, chez Abraham Cloquemin (sous le titre ''OEuvres poétiques''). Bien oubliée ensuite, rarement présente dans les anthologies ou les histoires littéraires modernes, toujours inconnue du grand public, Gabrielle de Coignard a bénéficié de l’intérêt croissant porté au baroque par la critique littéraire à partir des années 1950. Terence Cave a été le premier à rendre justice à l’ensemble de son oeuvre, en la rapprochant de la mystique espagnole et du renouveau spirituel caractérisant la seconde moitié du XVIe siècle. Depuis lors, le courant favorable aux études sur les femmes s’est intéressé à elle et permis un certain renouveau des recherches sur son œuvre.
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== Oeuvres ==
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- 1594 : ''OEuvres chrestiennes de feu Dame Gabrielle de Coignard, vefve à feu Monsieur de Mansecal, sieur de Miremont, Président en la cour de Parlement de Tolose,''Toulouse, Pierre Jagourt et Bernard Carles -- éd. Colette H. Winn, ''OEuvres chrétiennes'', Paris, Droz, 1995.
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- 2003 : ''Spiritual sonnets: a bilingual edition'' (réédition et traduction de 129 poèmes extraits de l’édition de 1594), éd. et trad. Melanie E. Gregg, Chicago, University of Chicago Press, (The other voice in early modern Europe), 2003 -- [http://home.infionline.net/~ddisse/coignard.html#anchor25932]
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== Choix bibliographique ==
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- Blanchemain, Prosper, «Gabrielle de Coignard, femme-poète du XVIe siècle», ''Archives du Bibliophile,''III, 1860, p.199-203.
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- Cave, Terence''Devotional Poetry in France, c.1570-1613,''Cambridge, Cambridge University Press, 1969.
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- Ferguson, Gary, «The Feminisation of Devotion: Gabrielle de Coignard, Anne de Marquets, and François de Sales», in ''Women’s Writing in the French Renaissance: Proceedings of the Fifth Cambridge French'' ''Renaissance Colloquium, 7-9 July 1997,'' edited by Philip Ford and Gillian Jondorf, Cambridge: Cambridge French Colloquia, 1999, p. 187-206.
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- Gendre, André, «Quête de Dieu et séduction du monde dans les ''Sonnets spirituels'' de Gabrielle de Coignard», ''in'' ''Cité des hommes, cité de Dieu : Travaux sur la littérature de la Renaissance en l'honneur de Daniel Ménager'', Droz, Genève, 2003, p. 419-430.
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-Winn Colette H., «La figure de la ''Mater dolorosa'' dans les ''Œuvres Chrétiennes'' de Gabrielle de Coignard (1594)», ''Corpus Dolens'', les représentations du corps souffrant du Moyen Âge au XVII<sup>e</sup> siècle, Montpellier, Université Paul-Valéry, Publ. Montpellier 3, 2002.
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== Liens électroniques ==
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- Jeannine Moulin, ''La poésie féminine'', Paris, Seghers, 1966 : [http://www.biblisem.net/auteurs/moucoign.htm]
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- ''Other Women's Voices: Translations of women's writing before 1700'': [http://home.infionline.net/~ddisse/coignard.html]
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- Armstrong, Megan C., «Compte rendu de : Gabrielle de Coignard, ''Spiritual Sonnets'', éd. et trad. Melanie E. Gregg, Chicago, University of Chicago Press, 2003», ''H-France Review'', 4, 2004, no 73: [http://www.h-france.net/vol4reviews/armstrong2.html]
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== Jugements ==
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- «Elle n’estoit ny n’avoit desiré d’estre une grande clergesse, non qu’elle n’honorat les sçavantes dames, mais elle disoit que c’estoit savoir tout que n’ignorer point les moyens de son salut. C’estoit là sa science, ses preceptes et maximes; [...] sa pratique, les œuvres de misericorde; ses propos et ses escrits, les louanges de Dieu.» (Jeanne et Catherine de Mansecal, filles de la poétesse, préface «Aux dames devotieuses», ''Oeuvres'', 1594, voir ''supra'')
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- «Son style ne diffère pas beaucoup de celui de Racan, disciple de Malherbe, et l’on comprend ce que cette Dame eût pu faire un ou deux siècles plus tard.» (le Père Sermet, [1790], dans Léon Feugère, «Recherches historiques sur Goudouli, Pierre Hélie et Madame la Présidente de Mansecal, poètes toulousains», ''Histoire et mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse''1790, vol.4, p.240)
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- «Gabrielle de Coignard avait un vrai talent poétique, et l’on peut croire que si elle était née deux siècles plus tard, elle aurait occupé une place distinguée sur le Parnasse Français.» (''Biographie Toulousaine,''Paris, L.G. Michaud, 1823, t.1, p.132-133)
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- (A propos de ses vers) «Ils nous frappent par leur accent pénétrant, par la langue solide, parfois par une véritable éloquence.» (Armand Müller, ''La Poésie religieuse catholique de Marot à Malherbe'',Paris, 1950, p.205)
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Version actuelle en date du 27 mai 2013 à 17:27

Gabrielle de Coignard
Conjoint(s) Pierre de Mansecal, sieur de Miremont
Biographie
Date de naissance Vers 1550
Date de décès 1586
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Antoinette Gimaret, 2006

La biographie de Gabrielle de Coignard reste lacunaire. Née aux alentours de 1550 de Jean de Coignard et de Louise de Baulac, elle appartient par sa naissance à l’élite parlementaire toulousaine. Son père, notaire et conseiller au Parlement, est un catholique convaincu; il est par ailleurs grand amateur de poésie et maître ès Jeux Floraux. Elle reçoit certainement une bonne éducation religieuse et une solide initiation aux lettres. En décembre 1570, elle épouse Pierre de Mansecal, sieur de Miremont, avocat réputé qui devient président au Parlement de Toulouse en 1572. Deux filles naissent de cette union, Jeanne et Catherine, que Gabrielle, devenue veuve dès 1573, élève pratiquement seule. À son décès, le 29 novembre 1586, elles sont adolescentes. Elles décident huit ans plus tard de publier l’oeuvre poétique élaborée par leur mère durant son veuvage (aucun texte ne semble avoir été écrit avant).

Le recueil des OEuvres Chrestiennes s’ouvre par une dédicace rédigée par ses filles, «Aux dames dévotieuses», qui permet de comprendre quel lectorat elles visaient. Il est composé de deux parties: d’abord 129 «sonnets spirituels», puis 21 poèmes de «vers chrestiens» plus étendus et de formes variées: hymnes, discours, stances, complaintes, noëls. La plupart sont en alexandrins. L’ensemble se présente comme une sorte de journal intime dans lequel seraient consignées toutes les étapes d’une longue conversion. Le choix de chanter exclusivement les «choses divines» et, en particulier, la Passion du Christ, évacue le registre mondain et contribue à l’élaboration d’un nouveau lyrisme amoureux, autour de la figure du Crucifié. Cette méditation poétique, nourrie de représentations sensibles de la souffrance physique du Christ, destinées à émouvoir les fidèles et à les amener à de pieuses résolutions, s’inscrit dans le courant de spiritualité jésuite (Ignace de Loyola et Louis de Grenade), qui recourt volontiers à l’emploi d’images concrètes pour donner corps aux paroles des évangiles. Gabrielle de Coignard puise dans l’arsenal des figures poétiques et bibliques commun à tous les poètes de son temps mais elle s’abandonne rarement à la virtuosité rhétorique, en signe d’humilité propre à l’écriture dévote. Elle appartient bien à une génération de poètes nourris à l’école de la Pléiade, mais qui, sous l’influence de la Contre-Réforme, ont entrepris de convertir leurs activités littéraires en exercices spirituels. Les modes profanes de réception et de création poétiques semblent ainsi congédiés au profit d’une démarche purement morale. L’oeuvre invite chacun-e à corriger son comportement.

Le recueil a connu un certain succès éditorial, sans doute soutenu par les jésuites. Il a été réédité l’année suivant sa publication à Toulouse, ainsi que chez un libraire d’Avignon, avant d’être réimprimé en 1613 à Lyon, chez Abraham Cloquemin (sous le titre OEuvres poétiques). Bien oubliée ensuite, rarement présente dans les anthologies ou les histoires littéraires modernes, toujours inconnue du grand public, Gabrielle de Coignard a bénéficié de l’intérêt croissant porté au baroque par la critique littéraire à partir des années 1950. Terence Cave a été le premier à rendre justice à l’ensemble de son oeuvre, en la rapprochant de la mystique espagnole et du renouveau spirituel caractérisant la seconde moitié du XVIe siècle. Depuis lors, le courant favorable aux études sur les femmes s’est intéressé à elle et permis un certain renouveau des recherches sur son œuvre.

Oeuvres

- 1594 : OEuvres chrestiennes de feu Dame Gabrielle de Coignard, vefve à feu Monsieur de Mansecal, sieur de Miremont, Président en la cour de Parlement de Tolose,Toulouse, Pierre Jagourt et Bernard Carles -- éd. Colette H. Winn, OEuvres chrétiennes, Paris, Droz, 1995.

- 2003 : Spiritual sonnets: a bilingual edition (réédition et traduction de 129 poèmes extraits de l’édition de 1594), éd. et trad. Melanie E. Gregg, Chicago, University of Chicago Press, (The other voice in early modern Europe), 2003 -- [1]

Choix bibliographique

- Blanchemain, Prosper, «Gabrielle de Coignard, femme-poète du XVIe siècle», Archives du Bibliophile,III, 1860, p.199-203.

- Cave, TerenceDevotional Poetry in France, c.1570-1613,Cambridge, Cambridge University Press, 1969.

- Ferguson, Gary, «The Feminisation of Devotion: Gabrielle de Coignard, Anne de Marquets, and François de Sales», in Women’s Writing in the French Renaissance: Proceedings of the Fifth Cambridge French Renaissance Colloquium, 7-9 July 1997, edited by Philip Ford and Gillian Jondorf, Cambridge: Cambridge French Colloquia, 1999, p. 187-206.

- Gendre, André, «Quête de Dieu et séduction du monde dans les Sonnets spirituels de Gabrielle de Coignard», in Cité des hommes, cité de Dieu : Travaux sur la littérature de la Renaissance en l'honneur de Daniel Ménager, Droz, Genève, 2003, p. 419-430.

-Winn Colette H., «La figure de la Mater dolorosa dans les Œuvres Chrétiennes de Gabrielle de Coignard (1594)», Corpus Dolens, les représentations du corps souffrant du Moyen Âge au XVIIe siècle, Montpellier, Université Paul-Valéry, Publ. Montpellier 3, 2002.

Liens électroniques

- Jeannine Moulin, La poésie féminine, Paris, Seghers, 1966 : [2]

- Other Women's Voices: Translations of women's writing before 1700: [3]

- Armstrong, Megan C., «Compte rendu de : Gabrielle de Coignard, Spiritual Sonnets, éd. et trad. Melanie E. Gregg, Chicago, University of Chicago Press, 2003», H-France Review, 4, 2004, no 73: [4]

Jugements

- «Elle n’estoit ny n’avoit desiré d’estre une grande clergesse, non qu’elle n’honorat les sçavantes dames, mais elle disoit que c’estoit savoir tout que n’ignorer point les moyens de son salut. C’estoit là sa science, ses preceptes et maximes; [...] sa pratique, les œuvres de misericorde; ses propos et ses escrits, les louanges de Dieu.» (Jeanne et Catherine de Mansecal, filles de la poétesse, préface «Aux dames devotieuses», Oeuvres, 1594, voir supra)

- «Son style ne diffère pas beaucoup de celui de Racan, disciple de Malherbe, et l’on comprend ce que cette Dame eût pu faire un ou deux siècles plus tard.» (le Père Sermet, [1790], dans Léon Feugère, «Recherches historiques sur Goudouli, Pierre Hélie et Madame la Présidente de Mansecal, poètes toulousains», Histoire et mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse1790, vol.4, p.240)

- «Gabrielle de Coignard avait un vrai talent poétique, et l’on peut croire que si elle était née deux siècles plus tard, elle aurait occupé une place distinguée sur le Parnasse Français.» (Biographie Toulousaine,Paris, L.G. Michaud, 1823, t.1, p.132-133)

- (A propos de ses vers) «Ils nous frappent par leur accent pénétrant, par la langue solide, parfois par une véritable éloquence.» (Armand Müller, La Poésie religieuse catholique de Marot à Malherbe,Paris, 1950, p.205)

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