Marie Millet/Philibert Riballier et Catherine Cosson : Différence entre versions

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[379] MILET, (Marie) fille d’un Laboureur du village de Bécourt en Picardie. Pendant les troubles qui déchirerent la France sous le regne de Henri III, un Capitaine nommé Dupont choisit le village de Bécourt pour y établir le quartier d’hiver de sa compagnie. La maison de Milet se trouvant la plus commode, il y logea. Milet avoit trois filles extrêmement belles et sages. Dupont les vit et fut d’abord épris de l’ainée. Peu de jours après il la demanda en mariage. Milet lui répondit qu’il ne marieroit jamais ses filles qu’à des gens de même condition qu’elles. Dupont irrité de cette réponse, eut la brutalité de maltraiter cet homme vertueux, qui fut forcé de prendre la fuite. Marie étoit accourue au bruit; mais les soldats de Dupont la saisirent, la livrerent à leur chef, l’aiderent à la deshonorer, et après qu’il en eut joui, eurent la barbarie de l’accabler eux-mêmes de nouveaux outrages. Ils terminerent cette scene d’horreurs en l’obligeant à se mettre à table avec eux. A peine y fut-elle que, saisissant un moment où Dupont tournoit la tête [380] pour parler à quelqu’un, elle se saisit de son couteau, et le lui plongea dans le coeur. Marie se sauva sans perdre de tems, laissant ses bourreaux dans le premier étonnement de cette courageuse action, et courut joindre son pere et sa mere pour déposer dans leur sein sa cruelle situation. A peine elle en avoit fait le récit, qu’elle voit arriver les soldats de Dupont. Craignant alors d’exposer son pere et sa mere à devenir les victimes de leur rage, elle court au-devant d’eux. Ils la saisissent, l’attachent à un arbre, et après avoir épuisé de nouveau sur elle les plus indignes traitemens, ils la tuent à coups d’arquebuses. L’infortuné Milet, plongé dans le plus affreux désespoir, alla sur le champ dans tous les villages voisins implorer du secours pour tirer vengeance de tant d’atrocités réunies, et dès la même nuit tomba, à la tête d’une multitude de paysans armés, sur les soldats, et les immola tous à sa juste fureur.
 
[379] MILET, (Marie) fille d’un Laboureur du village de Bécourt en Picardie. Pendant les troubles qui déchirerent la France sous le regne de Henri III, un Capitaine nommé Dupont choisit le village de Bécourt pour y établir le quartier d’hiver de sa compagnie. La maison de Milet se trouvant la plus commode, il y logea. Milet avoit trois filles extrêmement belles et sages. Dupont les vit et fut d’abord épris de l’ainée. Peu de jours après il la demanda en mariage. Milet lui répondit qu’il ne marieroit jamais ses filles qu’à des gens de même condition qu’elles. Dupont irrité de cette réponse, eut la brutalité de maltraiter cet homme vertueux, qui fut forcé de prendre la fuite. Marie étoit accourue au bruit; mais les soldats de Dupont la saisirent, la livrerent à leur chef, l’aiderent à la deshonorer, et après qu’il en eut joui, eurent la barbarie de l’accabler eux-mêmes de nouveaux outrages. Ils terminerent cette scene d’horreurs en l’obligeant à se mettre à table avec eux. A peine y fut-elle que, saisissant un moment où Dupont tournoit la tête [380] pour parler à quelqu’un, elle se saisit de son couteau, et le lui plongea dans le coeur. Marie se sauva sans perdre de tems, laissant ses bourreaux dans le premier étonnement de cette courageuse action, et courut joindre son pere et sa mere pour déposer dans leur sein sa cruelle situation. A peine elle en avoit fait le récit, qu’elle voit arriver les soldats de Dupont. Craignant alors d’exposer son pere et sa mere à devenir les victimes de leur rage, elle court au-devant d’eux. Ils la saisissent, l’attachent à un arbre, et après avoir épuisé de nouveau sur elle les plus indignes traitemens, ils la tuent à coups d’arquebuses. L’infortuné Milet, plongé dans le plus affreux désespoir, alla sur le champ dans tous les villages voisins implorer du secours pour tirer vengeance de tant d’atrocités réunies, et dès la même nuit tomba, à la tête d’une multitude de paysans armés, sur les soldats, et les immola tous à sa juste fureur.
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[[Catégorie:Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson]]

Version actuelle en date du 12 mai 2011 à 06:11

[379] MILET, (Marie) fille d’un Laboureur du village de Bécourt en Picardie. Pendant les troubles qui déchirerent la France sous le regne de Henri III, un Capitaine nommé Dupont choisit le village de Bécourt pour y établir le quartier d’hiver de sa compagnie. La maison de Milet se trouvant la plus commode, il y logea. Milet avoit trois filles extrêmement belles et sages. Dupont les vit et fut d’abord épris de l’ainée. Peu de jours après il la demanda en mariage. Milet lui répondit qu’il ne marieroit jamais ses filles qu’à des gens de même condition qu’elles. Dupont irrité de cette réponse, eut la brutalité de maltraiter cet homme vertueux, qui fut forcé de prendre la fuite. Marie étoit accourue au bruit; mais les soldats de Dupont la saisirent, la livrerent à leur chef, l’aiderent à la deshonorer, et après qu’il en eut joui, eurent la barbarie de l’accabler eux-mêmes de nouveaux outrages. Ils terminerent cette scene d’horreurs en l’obligeant à se mettre à table avec eux. A peine y fut-elle que, saisissant un moment où Dupont tournoit la tête [380] pour parler à quelqu’un, elle se saisit de son couteau, et le lui plongea dans le coeur. Marie se sauva sans perdre de tems, laissant ses bourreaux dans le premier étonnement de cette courageuse action, et courut joindre son pere et sa mere pour déposer dans leur sein sa cruelle situation. A peine elle en avoit fait le récit, qu’elle voit arriver les soldats de Dupont. Craignant alors d’exposer son pere et sa mere à devenir les victimes de leur rage, elle court au-devant d’eux. Ils la saisissent, l’attachent à un arbre, et après avoir épuisé de nouveau sur elle les plus indignes traitemens, ils la tuent à coups d’arquebuses. L’infortuné Milet, plongé dans le plus affreux désespoir, alla sur le champ dans tous les villages voisins implorer du secours pour tirer vengeance de tant d’atrocités réunies, et dès la même nuit tomba, à la tête d’une multitude de paysans armés, sur les soldats, et les immola tous à sa juste fureur.

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