Marie-Anne Carrelet/Fortunée Briquet : Différence entre versions

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Vers la fin de 1766, elle se trouva dans une société où l'on vint à lire la Sophonisbe du grand Corneille. Madame Marron observa que le rôle d'Erixe produisait peu d'effet dans la pièce, et lui semblait inutile; cette opinion fut combattue. Dès le lendemain, elle commença un plan de tragédie en prose. Sans diminuer l'intérêt du sujet, elle y évita l'inconvénient qu'elle avait relevé; on trouva qu'il n'y manquait que la versification. Madame Marron ne se doutait pas qu'il lui fût possible d'y ajouter ce mérite; cependant elle mit la main à l'oeuvre, et dès le commencement de 1767, elle termina une ''Sophonisbe'' en vers. En 1768, elle composa deux autres ''tragédies'': l'une a pour sujet ''les Héraclides'', ou ''le dévouement de la famille d'Hercule''; le héros de l'autre est ''Childéric, roi de France''. Elle avait vu dans un roman de Fontanelle, un fils coupable, qui avait pour juge son propre père. Cette situation lui fournit, en 1769, une pièce appellée d'abord ''le Prisonnier'', ensuite ''le Comte d'Harville''. La même année, elle composa encore une ''Tragédie'' et une ''Comédie''. Le premier de ces ouvrages a pour titre'': les Atrides''; le second est intitulé: ''Clarice'': c'est un Lovelace qui est ramené à son devoir par la vertu de Clarice. En 1770, le roman de Gilblas lui inspira l'idée de faire ''Valerie'', tragédie. Saurin a traité le même sujet dans Blanche et Guiscard. Il parut deux tragédies de Gabrielle de Vergi, dont les auteurs sont Dubelloy et d'Arnaud; elle crut qu'elle pouvait en faire une troisième du même nom, dans laquelle elle éviterait les défauts qu'elle avait remarqués dans les autres. Cette tragédie fut faite en douze jours. Son époux la fit imprimer à son insçu, à Lyon, chez les frères Perisse, en 1770. Elle composa, en 1773, la tragédie d'''Antigone''; en 1774, elle fit sa dixième et dernière pièce. C'est une comédie en vers, intitulée: ''le bon Père'', ou ''l'École des Pères''. Depuis il ne sortit de sa plume que le premier acte d'une tragédie de ''Cyrus'', et différens morceaux de ''Télémaque'' mis en vers. Ses écrits sont pleins de sentiment et de pathétique; la versification en est facile et harmonieuse. Cependant il n'y aurait que quelques-uns de ses ouvrages qui seraient dans le cas d'être donnés au public; les souffrances dont elle fut accablée dans les dernières années de sa vie, ne lui permirent pas de mettre la dernière main à ses productions. Voltaire qui avait lu plusieurs des pièces dramatiques de Madame Marron, rendit hommage à ses talens.
 
Vers la fin de 1766, elle se trouva dans une société où l'on vint à lire la Sophonisbe du grand Corneille. Madame Marron observa que le rôle d'Erixe produisait peu d'effet dans la pièce, et lui semblait inutile; cette opinion fut combattue. Dès le lendemain, elle commença un plan de tragédie en prose. Sans diminuer l'intérêt du sujet, elle y évita l'inconvénient qu'elle avait relevé; on trouva qu'il n'y manquait que la versification. Madame Marron ne se doutait pas qu'il lui fût possible d'y ajouter ce mérite; cependant elle mit la main à l'oeuvre, et dès le commencement de 1767, elle termina une ''Sophonisbe'' en vers. En 1768, elle composa deux autres ''tragédies'': l'une a pour sujet ''les Héraclides'', ou ''le dévouement de la famille d'Hercule''; le héros de l'autre est ''Childéric, roi de France''. Elle avait vu dans un roman de Fontanelle, un fils coupable, qui avait pour juge son propre père. Cette situation lui fournit, en 1769, une pièce appellée d'abord ''le Prisonnier'', ensuite ''le Comte d'Harville''. La même année, elle composa encore une ''Tragédie'' et une ''Comédie''. Le premier de ces ouvrages a pour titre'': les Atrides''; le second est intitulé: ''Clarice'': c'est un Lovelace qui est ramené à son devoir par la vertu de Clarice. En 1770, le roman de Gilblas lui inspira l'idée de faire ''Valerie'', tragédie. Saurin a traité le même sujet dans Blanche et Guiscard. Il parut deux tragédies de Gabrielle de Vergi, dont les auteurs sont Dubelloy et d'Arnaud; elle crut qu'elle pouvait en faire une troisième du même nom, dans laquelle elle éviterait les défauts qu'elle avait remarqués dans les autres. Cette tragédie fut faite en douze jours. Son époux la fit imprimer à son insçu, à Lyon, chez les frères Perisse, en 1770. Elle composa, en 1773, la tragédie d'''Antigone''; en 1774, elle fit sa dixième et dernière pièce. C'est une comédie en vers, intitulée: ''le bon Père'', ou ''l'École des Pères''. Depuis il ne sortit de sa plume que le premier acte d'une tragédie de ''Cyrus'', et différens morceaux de ''Télémaque'' mis en vers. Ses écrits sont pleins de sentiment et de pathétique; la versification en est facile et harmonieuse. Cependant il n'y aurait que quelques-uns de ses ouvrages qui seraient dans le cas d'être donnés au public; les souffrances dont elle fut accablée dans les dernières années de sa vie, ne lui permirent pas de mettre la dernière main à ses productions. Voltaire qui avait lu plusieurs des pièces dramatiques de Madame Marron, rendit hommage à ses talens.
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[[Catégorie:Dictionnaire Fortunée Briquet]]

Version actuelle en date du 10 mai 2011 à 17:10

MARRON, (Marie-Anne Carrelet, Dame de) née à Dijon en 1725, annonça de bonne heure les dispositions qu'elle avait pour les arts. Dès l'âge de quinze ou vingt ans, elle fit de grands tableaux. On en plaça un dans l'église de Notre-Dame de Dijon. La nature l'avait douée d'un rare talent pour la poésie dramatique; elle ne s'en aperçut qu'à l'âge de 42 ans. La sensibilité et la vertu qui règnent dans ses ouvrages, faisaient le fond de son caractère. En 1752, elle épousa M. de Marron, baron de Meillonaz. Ses moeurs, et son attachement à ses devoirs, lui méritèrent et lui acquirent une très-grande considération. Elle mourut à Bourg-en-Bresse, le 14décembre 1778. Son éloge composé par le savant Lalande, a paru en 1780, dans le Nécrologe des hommes célèbres de France.
Vers la fin de 1766, elle se trouva dans une société où l'on vint à lire la Sophonisbe du grand Corneille. Madame Marron observa que le rôle d'Erixe produisait peu d'effet dans la pièce, et lui semblait inutile; cette opinion fut combattue. Dès le lendemain, elle commença un plan de tragédie en prose. Sans diminuer l'intérêt du sujet, elle y évita l'inconvénient qu'elle avait relevé; on trouva qu'il n'y manquait que la versification. Madame Marron ne se doutait pas qu'il lui fût possible d'y ajouter ce mérite; cependant elle mit la main à l'oeuvre, et dès le commencement de 1767, elle termina une Sophonisbe en vers. En 1768, elle composa deux autres tragédies: l'une a pour sujet les Héraclides, ou le dévouement de la famille d'Hercule; le héros de l'autre est Childéric, roi de France. Elle avait vu dans un roman de Fontanelle, un fils coupable, qui avait pour juge son propre père. Cette situation lui fournit, en 1769, une pièce appellée d'abord le Prisonnier, ensuite le Comte d'Harville. La même année, elle composa encore une Tragédie et une Comédie. Le premier de ces ouvrages a pour titre: les Atrides; le second est intitulé: Clarice: c'est un Lovelace qui est ramené à son devoir par la vertu de Clarice. En 1770, le roman de Gilblas lui inspira l'idée de faire Valerie, tragédie. Saurin a traité le même sujet dans Blanche et Guiscard. Il parut deux tragédies de Gabrielle de Vergi, dont les auteurs sont Dubelloy et d'Arnaud; elle crut qu'elle pouvait en faire une troisième du même nom, dans laquelle elle éviterait les défauts qu'elle avait remarqués dans les autres. Cette tragédie fut faite en douze jours. Son époux la fit imprimer à son insçu, à Lyon, chez les frères Perisse, en 1770. Elle composa, en 1773, la tragédie d'Antigone; en 1774, elle fit sa dixième et dernière pièce. C'est une comédie en vers, intitulée: le bon Père, ou l'École des Pères. Depuis il ne sortit de sa plume que le premier acte d'une tragédie de Cyrus, et différens morceaux de Télémaque mis en vers. Ses écrits sont pleins de sentiment et de pathétique; la versification en est facile et harmonieuse. Cependant il n'y aurait que quelques-uns de ses ouvrages qui seraient dans le cas d'être donnés au public; les souffrances dont elle fut accablée dans les dernières années de sa vie, ne lui permirent pas de mettre la dernière main à ses productions. Voltaire qui avait lu plusieurs des pièces dramatiques de Madame Marron, rendit hommage à ses talens.

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