Claudine Bouzonnet-Stella/Pierre-Jean Mariette : Différence entre versions
De SiefarWikiFr
[version vérifiée] | [version vérifiée] |
(Import automatique) |
|||
Ligne 30 : | Ligne 30 : | ||
- Veue de la ville d'Orviete en Italie. Gravée par Cochin, au dessus de laquelle le portrait du cardinal Charles Gualtieri, archevêque de Fermo, est porté en l'air par des enfans, et gravé en 1662 par Cl. B. Stella. Elle doit être plus longue; car l'épreuve qui est dans cette oeuvre est, je crois, [269] imparfaite, et il y manque deux morceaux aux deux côtés où se trouvent les armes du cardinal Gualtieri et celles de la ville d'Orviete qui sont cy après. Il doit aussi s'y trouver deux autres enfans en l'air dont l'un porte les marques d'honneur des dignités ecclésiastiques; l'autre sonne de la trompette, sur la banderole de laquelle est gravée la dédicace de cette estampe faite par Ange Sanvitiani d'Orviete au cardinal Gualtieri. Elle est datée de Paris en avril 1661. Ce qui est de Mlle Stella est au burin.<br /> | - Veue de la ville d'Orviete en Italie. Gravée par Cochin, au dessus de laquelle le portrait du cardinal Charles Gualtieri, archevêque de Fermo, est porté en l'air par des enfans, et gravé en 1662 par Cl. B. Stella. Elle doit être plus longue; car l'épreuve qui est dans cette oeuvre est, je crois, [269] imparfaite, et il y manque deux morceaux aux deux côtés où se trouvent les armes du cardinal Gualtieri et celles de la ville d'Orviete qui sont cy après. Il doit aussi s'y trouver deux autres enfans en l'air dont l'un porte les marques d'honneur des dignités ecclésiastiques; l'autre sonne de la trompette, sur la banderole de laquelle est gravée la dédicace de cette estampe faite par Ange Sanvitiani d'Orviete au cardinal Gualtieri. Elle est datée de Paris en avril 1661. Ce qui est de Mlle Stella est au burin.<br /> | ||
- Un paysage où des bergers gardent un troupeau de moutons, d'après H. de La Hyre. A l'eau forte, N. Robert exc. Ce nom de peintre se trouvoit écrit au bas; cependant l'invention en est attribuée à Vander Cabel. J'ay ouy dire à M. de La Hyre le medecin que ce paysage estoit d'après son père, sçavant mathématicien. | - Un paysage où des bergers gardent un troupeau de moutons, d'après H. de La Hyre. A l'eau forte, N. Robert exc. Ce nom de peintre se trouvoit écrit au bas; cependant l'invention en est attribuée à Vander Cabel. J'ay ouy dire à M. de La Hyre le medecin que ce paysage estoit d'après son père, sçavant mathématicien. | ||
+ | |||
+ | [[Catégorie:Dictionnaire Pierre-Jean Mariette]] |
Version actuelle en date du 14 novembre 2010 à 20:29
[I,175] BOUZONNET-STELLA (les trois soeurs). Claudine Stella, cette scavante fille, avoit encore deux soeurs, qui se distinguoient comme elle dans la graveure; l'une s'appeloit Antoinette et l'autre Françoise; leur nom de famille estoit Bouzonnet. Antoinette etoit la moins âgée, et ce qu'elle a gravé d'après Jules Romain lui fait honneur. Elle mourut jeune à Paris, en [176] 1676. Claudine l'aînée dessinoit très-habilement et mérite d'être mise au rang des plus excellens graveurs; elle est morte aussi à Paris, le 1. octobre 1697. Elle avoit 61 ans.
[V,252] STELLA (La famille des). Il y a des familles où le goût de certains arts se perpétue et devient pour ainsi dire héréditaire. Soit qu'on doive l'attribuer à la force de la nature, soit que l'exemple et l'éducation y ayent plus de part, il est toujours certain que l'on voit quelquefois les enfans succéder à leur père dans leur profession comme dans leurs biens, et s'en faire en quelque façon un patrimoine qui leur devient d'autant plus avantageux qu'il leur est aisé de l'augmenter.
[notice de Jacques Stella]
[253] Il n'eut d'autres eleves que ceux qu'il forma dans sa propre [254] famille, un neveu et trois nièces, qu'il avoit fait venir de Lyon pour demeurer auprès de luy, tous quatre enfants d'une de ses soeurs. Le premier, qui se nommoit Antoine Bouzonnet Stella, se poussa dans la peinture, et il y avoit lieu d'espérer qu'il y auroit fait des progrès, mais il mourut jeune ayant été en Italie où il avoit beaucoup étudié les ouvrages de Jules Romain. Les trois soeurs s'attachèrent toutes trois à la graveure, et il leur fut d'autant plus facile d'y réussir et de s'y rendre recommandables qu'elles avoient acquis auprès de leur oncle un grand fond de dessein; c'etoit la partie qu'elles cultivoient le plus; elles negligeoient assez volontiers le reste; aussy ne faut-il pas chercher dans leur ouvrage cette politesse de graveure et ce bel arrangement de tailles dont la plus part des autres graveurs font tant de parade.
Claudine Bouzonnet Stella, l'aînée, avoit instruit ses deux soeurs Antoinette et Françoise; celle cy n'a gravé qu'au burin, presque toujours d'après Jacques Stella son oncle; l'autre au contraire a toujours travaillé à l'eau-forte et ses ouvrages se réduisent à un petit nombre; les principaux sont d'après Jules Romain. Pour Claudine, elle s'est servie indifferemment tantôt du burin, tantôt de l'eau-forte. Presque toujours occupée à graver d'après les desseins de son oncle ou d'après les merveilleux tableaux du Poussin qui luy appartenoient, elle s'est particulièrement attachée à en conserver le caractère, et, ce qui ne se peut presque jamais dire des graveurs et en general des imitateurs, bien loin d'affoiblir les beautés de ses originaux, elle leur en a prêté de nouvelles, de façon que le Poussin, quelque grand, quelque majestueux, quelque correct qu'il soit, le paroit peut-être encore davantage dans les estampes de Claudia Stella que dans ses propres tableaux, et il règne dans les sujets champêtres qu'elle a gravé d'après les desseins de son oncle, un caractère naïf et de simplicité que l'on ne trouve point ailleurs.
[255] C'est que Claudine Stella étoit foncierement habile dans la partie du dessein; l'on en peut juger par ce qu'elle a gravé d'après des desseins de son invention qui sont dignes du Poussin. Le goût sage et solide de ce grand peintre étoit devenu le sien; en l'étudiant avec autant de réflexion qu'elle avoit fait, elle se l'étoit rendu familier, et l'on peut adjouter qu'il n'y a eu personne à qui il ait appartenu plus légitimement qu'à cette sçavante fille. Autant qu'elle étoit recommandable par ses talents, autant étoit elle éloignée d'en tirer de la vanité; un esprit simple et remply de bon sens, une piété sans fard, une rare modestie et un desintéressement encore plus rare faisoient son caractère et luy attiroient l'estime et le respect de tous ceux qui la connoissoient.
L'on a rassemblé ici tous ses ouvrages; on les a joint avec ce qui a été gravé par ses deux soeurs, et ce qui l'a été par differens graveurs d'après Jacques Stella, leur oncle, et d'après leur frère; ç'auroit été une espèce d'injustice de separer une si illustre famille, et chaque chose separement auroit peut-être perdu de son prix.
[257] Une des soeurs de J. Stella épousa à Lyon un orfèvre nommé Étienne Bouzonnet, de qui elle eut plusieurs enfans que leur [258] oncle fit venir auprès de lui; il leur mit à tous le crayon à la main; il les regarda comme ses enfans, et par reconnoissance ils prirent son nom et ne furent plus appellés autrement.
Antoine Bouzonnet Stella. Antoine, l'aîné de tous, né à Lyon en 1634, mourut à Paris étant adjoint à professeur dans l'Académie royale de peinture en 1682. Il visita l'Italie depuis la mort de son oncle, et il revint chargé de quantité de desseins qu'il avoit faits à Mantoue d'après les ouvrages de Jules Romain au palais du Té; mais, comme il avoit le génie de la famille, c'est à dire un peu froid et reglé, il ne paroit pas que le feu du peintre italien eût beaucoup embrâsé son âme. Du reste il étoit correct et mettoit de la sagesse dans ses ordonnances.
Claudine Bouzonnet Stella. Claudine, sa soeur, née à Lyon le 6 juillet 1636, mourut comme son frère à Paris, dans le logement de leur oncle aux galeries du Louvre, qui leur avoit été conservé, le 1 octobre 1697. Elle peignoit et dessinoit encore mieux. J'ai de ses desseins composés dans le style de Poussin et qui en sont dignes; mais ce qui lui a assuré une gloire immortelle, ce sont les planches qu'elle a gravées d'après les tableaux de ce grand peintre, sur les desseins de son oncle.
Françoise. Sa soeur Françoise peignoit et gravoit à son exemple, mais dans un moindre degré d'habileté; sa naissance est de l'année 1638. le 12 décembre, et sa mort du 18 avril 1691.
Antoinette, la plus jeune, née le 24 aoust 1641, dessinoit et gravoit à l'eau forte de très bon goût, et elle donnoit les plus grandes espérances; elle eut le malheur de faire une chûte, et elle mourut le 20 octobre 1676, à la fleur de l'âge. Toute cette famille avoit toujours vécu dans une union parfaite.
[261] OEuvres de Jacques Stella de Lyon, peintre ordinaire du roy de France, et chevalier de Saint Michel, d'Antoine Bouzonnet Stella, son neveu et son eleve, peintre de l'Académie royale de peinture, de Claudine, Françoise et Antoinette Bouzonnet-Stella, ses niepces, qui se sont rendues illustres par les morceaux qu'elles ont gravées tant au burin qu'à l'eau forte.
[263]
- Une suite de dix sujets de la passion de Jésus-Christ, gravés au burin par Claudine Stella d'après les tableaux de son oncle; ce sont les derniers ouvrages de cette illustre fille; les planches en sont demeurées entre les mains de ses héritiers, qui ne les ont pas encore mis au jour, de sorte que le peu d'épreuves qui en sont répandues sont extrêmement rares à trouver. Il doit y en avoir douze. Les douze sujets de la passion de Notre Seigneur sont gravés par Cl. B. Stella d'après Jacques Stella, son oncle. Ces douze pièces sont des plus belles choses de M. Stella, et sa nièce luy a fait honneur en les gravant. Ces douze pièces, avec d'autres qui n'ont pas été encore gravées, devoient composer une suite de la passion, mais la mort de Mlle Stella l'a interrompue; dans les douze sujets qui sont gravés, il y en a même quelques uns qui ne sont pas encore tout à fait rachevés. Les tableaux de ceux qui restent à faire sont tous prêts et sont entre les mains des héritiers de Mlle Stella à Lyon, aussy bien que ces douze planches. Ces douze pièces de la passion sont gravées au burin; à la plupart il y en a une partie gravée à l'eau-forte; c'est un nommé de Masso qui a les planches; il s'en est deffait en 1725 en faveur d'un marchand de Lyon qui les a presentement. Ces pièces sont [264] d'ailleurs fort rares, car les planches n'ont peut-être jamais tiré deux épreuves, et je ne les ay jamais vues que cette fois dans cette oeuvre cy, qui étoit celle que Mlle Stella avoit fait pour elle.
[265]
- Les jeux et les plaisirs de l'enfance en 52 pièces. Celles de Poilly et de Couvay ont pu estre gravées pour M. Stella dans le temps qu'il leur fit graver conjointement l'histoire de Notre Dame de Liesse, et Mlle Stella aura achevé elle seule toutes les autres depuis. [...]
[267] STELLA (Claudine). Cette sçavante fille avoit encore deux soeurs, qui se distinguoient comme elle dans la graveure; l'une s'appeloit Antoinette et l'autre Françoise; leur nom de famille estoit Bouzonnet. Antoinette étoit moins âgée et ce qu'elle a gravé d'après Jules Romain lui fait honneur; elle mourut jeune à Paris, en 1676. Claudine, l'aînée de toutes, et non seulement la plus habile, mais qu'on met au rang des plus excellens graveurs, est morte à Paris le 1er octobre 1697. Elle pouvoit avoir 61 ans.
- Moyse exposé sur le Nil, en deux feuilles gravées en 1672 à l'eau forte d'après Nic. Poussin. - Ex musoeo Ant. Stella Parisiis. Voyez oeuvre de Poussin. Se peut-il rien de plus beau que le paysage qui sert de fond au sujet?
- La Sainte Vierge travaillant de l'éguille près de l'enfant Jésus adoré par un ange et endormi dans son berceau; en demi corps. Gravé au burin d'après Jac. Stella. Son nom n'y est pas, ny celui de son oncle; c'est pourtant de son bon temps.
[268] - Vingt trois petites pièces de sainteté; toutes inventées et gravées au burin en 1660 par Cl. B. Stella. Elles sont gravées en partie au burin et en partie à l'eau forte, j'y vois peu d'eau forte s'il y en a, et elles ont été faites pour le missel romain de Voisin; elles sont très-difficiles à trouver belles épreuves et surtout avant d'avoir été imprimées dans le livre. Le missel romain traduit en françois avec l'explication de toutes les messes. A Paris, 1660. A toutes: Claudia B. Stella in. sculp. Sans cela on les prendroit pour être de l'invention du Poussin.
- Une croix plantée au milieu d'un désert. Gravé par L. Cossin d'après Cl. Stella; trophées de haires, de cilices, de disciplines et autres instrumens de pénitence, inventé et gravé par Cl. Stella. Ces deux titres, aussi bien que les cinq figures de Saint Arsene en prière dans la solitude d'après Ph. de Champagne; de Saint Antoine tourmenté par le démon, d'après Annibal Carrache; de Saint François d'Assise en contemplation, d'après le Guide; de Saint Colomban méprisant les honneurs et les richesses que le démon luy fait voir, inventé et gravé par Cl. B. Stella; de Sainte [sic] Zozime donnant la sainte eucharistie à Sainte Marie Egyptienne d'après Lubin Baugin, ont été faits pour être mis dans la Vie des saints de M. Arnauld d'Andilly. Il devoit y en avoir une suite considérable. C'étoit M. de Brienne qui en faisoit la dépense, mais cette suite a été interrompue et ces planches n'ont point servy; elles sont gravées en partie au burin et en partie à l'eau forte. Des belles choses de Mlle Stella. Les figures au burin; les fonds à l'eau forte.
- Veue de la ville d'Orviete en Italie. Gravée par Cochin, au dessus de laquelle le portrait du cardinal Charles Gualtieri, archevêque de Fermo, est porté en l'air par des enfans, et gravé en 1662 par Cl. B. Stella. Elle doit être plus longue; car l'épreuve qui est dans cette oeuvre est, je crois, [269] imparfaite, et il y manque deux morceaux aux deux côtés où se trouvent les armes du cardinal Gualtieri et celles de la ville d'Orviete qui sont cy après. Il doit aussi s'y trouver deux autres enfans en l'air dont l'un porte les marques d'honneur des dignités ecclésiastiques; l'autre sonne de la trompette, sur la banderole de laquelle est gravée la dédicace de cette estampe faite par Ange Sanvitiani d'Orviete au cardinal Gualtieri. Elle est datée de Paris en avril 1661. Ce qui est de Mlle Stella est au burin.
- Un paysage où des bergers gardent un troupeau de moutons, d'après H. de La Hyre. A l'eau forte, N. Robert exc. Ce nom de peintre se trouvoit écrit au bas; cependant l'invention en est attribuée à Vander Cabel. J'ay ouy dire à M. de La Hyre le medecin que ce paysage estoit d'après son père, sçavant mathématicien.