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Antoinette Hérault
Conjoint(s) Guillaume Chasteau
Biographie
Date de naissance 1642
Date de décès 1695
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire André Félibien (1688)
Dictionnaire Florent Le Comte


Notice de Sandrine Lely, 2004.

Née à Paris le 13 juillet 1642, Antoinette Hérault est l'une des douze enfants du peintre et marchand de tableaux Antoine Hérault et de Madeleine Bruyant. Sa soeur aînée Madeleine (1635-1682) est peintre elle aussi, et épouse de Noël Coypel, tandis que son frère Charles-Antoine (1644-1718) est reçu à l'Académie royale comme peintre de paysage. C'est dans l'atelier familial qu'elle apprend le dessin et la peinture.
En novembre 1665 (contrat du 10 nov., A. N., Min. cent., CXV), Antoinette Hérault épouse Guillaume Chasteau (1634-1683), graveur, éditeur et marchand d'estampes, membre de l'Académie royale de peinture depuis 1663. Au moins huit enfants naissent de ce mariage.
Chasteau et son épouse reçoivent plusieurs commandes officielles, grâce à la protection de Colbert. En 1680, Antoinette Hérault réalise une copie en miniature de La Famille de Darius de Charles Le Brun, tableau qui mesure plus de 3 mètres sur 4. La prouesse est appréciée puisque l'artiste reçoit un paiement de 700 livres, somme importante pour une miniature. Louis XIV, lors d'une visite de ses collections au Louvre en décembre 1681, remarque l'oeuvre et en fait don au Grand Dauphin. Peu après, Antoinette Hérault réalise deux miniatures, dont les sujets ne sont pas connus, pour l'oratoire de la dauphine Marie-Anne de Bavière, qui la gratifie d'un «présent considérable», selon Florent Le Comte. Colbert lui commande ensuite une copie d'un immense tableau de Le Brun, Porus et Alexandre. La réduction en miniature de cette toile haute de plus de 4 m. et large de plus de 12 m. peuplée de dizaines de personnages, constitue un véritable tour de force. Terminée en 1683, cette oeuvre n'est ni remise au roi ni payée, en raison de la mort de Colbert. Antoinette Hérault, désormais veuve, ne reçoit, semble-t-il, aucune commande de Louvois, nouveau Surintendant des Bâtiments. Elle n'en continue pas moins à travailler pour une clientèle princière, dont la Grande Mademoiselle. Le 6 décembre 1686, elle épouse en secondes noces le graveur et peintre d'ornements Jean-Baptiste Bonnart (1654-1726). On ignore tout des dernières années de sa vie.
Nous savons qu'elle a eu des élèves, grâce à un contrat d'apprentissage encore conservé (A. N. Min. cent. CIX, 233): en juillet 1667, Marie Duval entre chez les Chasteau pour apprendre la gravure avec Guillaume Chasteau et la miniature avec Antoinette Hérault.
La fragilité des peintures d'Antoinette Hérault, réalisées selon la technique de la miniature employée au XVIIe siècle, à l'aquarelle sur des feuilles de vélin, a entraîné la disparition totale de son oeuvre. Ses contemporains la tiennent pour une des meilleures miniaturistes du temps, dont les ouvrages sont très recherchés et bien payés par une clientèle prestigieuse. Son art semble avoir été particulièrement apprécié par les femmes: parmi ses commanditaires, on trouve Mademoiselle de Montpensier, Marie-Anne de Bavière et, si l'on en croit un inventaire ancien, Madame de Maintenon. Après sa mort, elle tombe cependant rapidement dans l'oubli: après Florent Le Comte (1700), il faut attendre le XXe siècle pour voir son nom réapparaître, mais elle est simplement citée dans la généalogie des dynasties Hérault et Coypel.

Oeuvres

- 1680 : La Famille de Darius. Miniature d'après Charles Le Brun. Disparue.
- v. 1681-1683 : Alexandre et Porus. Miniature d'après Charles Le Brun. Disparue.
- ? : Vierge assise, tenant l'enfant Jésus qui a le coude appuyé sur un piédestal. En 1733, cette miniature se trouvait à Marly. Disparue.
- ? : Le Martyre de saint Étienne. Miniature d'après Annibal Carrache. En 1710, elle se trouvait à Marly, dans la Chambre de Mme de Maintenon. Disparue.
- ? : Sainte Catherine tenant une palme, sur un fond de paysage. Miniature. En 1710, elle se trouvait à Marly, dans la Chambre de Mme de Maintenon. Disparue.
- ? : L'Enfant Jésus avec saint Jean et son agneau. Miniature ovale. En 1733, elle se trouvait à Marly, dans la chambre de la reine, près de son lit. Disparue.

Choix bibliographique

- Engerand, Fernand. Inventaire des tableaux du Roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly. Paris, 1899, p.546.
- Garnier, Nicole. Antoine Coypel (1661-1722). Paris, Arthena, 1989.
- Janneau, Guillaume. La Peinture française au XVIIe siècle. Genève, Pierre Cailler, 1965, p.250, 251, 336.
-Préaud, Maxime, et al. Dictionnaire des éditeurs d'estampes à Paris sous l'Ancien Régime. Paris, Promodis/Cercle de la Librairie, 1987, p.77-78.

Jugements

- «Sa Majesté apres avoir veu les Tableaux des sept grandes Salles du vieux Louvre, alla voir ceux qui sont dans les quatre Salles du vieil Hôtel de Gramont. Elle y trouva la Famille de Darius peinte en miniature d'apres Mr le Brun. Cet Ouvrage doit estre beau, puis qu'il avoit esté jugé digne de tenir une place parmy les plus beaux Tableaux du monde. Le travail en est extraordinaire et grand, et peu de gens ont fait des miniatures sans blanc aussi considerables et aussi finies; et ce qui vous surprendra, c'est que celle-là est d'une Femme. Elle a esté faite par Mademoiselle Chateau, ce nom est connu. Elle est Femme de Mr Chateau, Graveur ordinaire du Roy, et qui a gravé beaucoup de Tableaux du Cabinet de Sa Majesté. Les Ouvrages de cette Illustre sont fort recherchez, et elle en a fait pour beaucoup de Souverains. Le Roy fit present de celuy de la Famille de Darius à Monseigneur le Dauphin, qui fait depuis quelques temps amas de Curiositez pour en composer un Cabinet. La mesme travaille presentement à la Bataille de Porus; et quoy que ce soit une fort grande entreprise, cet Ouvrage est déjà très-avancé» (Mercure galant, décembre 1681, p.251-254).

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