Claudine-Alexandrine Guérin de Tencin

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Entry by Marie-Pierre Legrand,

Born on in Grenoble the 27th of April 1682, youngest member of a family who were part of the ‘Nobility of the Robe’, Claudine-Alexandrine Guérin de Tencin was, as such, destined for the cloister. Beautiful, lively and intelligent, she showed herself to be determined enough to break the vows she was forced to make, asserting to her father and before witnesses her refusal to become a nun and to join her elder sister Mme de Ferriol in Paris. To make her way in the world, she needed to make her fortune: she proved to be a very wise businesswoman and a fierce speculator. Associated with Law’s financial reform, she set up a business on rue Quincampoix, with, among others, her brother Pierre (cardinal-to-be), the president Hénault and Chevalier Destouches, with whom she had a son, d’Alembert, the famous mathematician. She abandoned him the day after his birth (1717). In 1720, she succeeded in profiting from Law’s rock-bottom bankruptcy and in substantially increasing her fortune. At the same time, she attached the greatest importance to encouraging her brother Pierre to pursue an ecclesiastical carreer. She herself became Cardinal Dubois’ mistress, muse and spy, and would remain so until his death in 1723. In 1726, Charles-Joseph de la Fresnaye, one of her lovers, found himself very deep in debt, and his debtors included Mme de Tencin. He believed that he could salvage the rest of his fortune by placing it lawfully under the name of Mme de Tencin, who kept it to herself. La Fresnaye committed suicide at her home, leaving behind a note in which he accused her of intending to assassinate him. Mme de Tencin was imprisoned in the Bastille. The scandal and the anguish caused by this sinister affair damaged her reputation and her health. However, she was released from prison, having been proven innocent and been appointed the holder of La Fresnaye’s assets, the transfer of which was deemed to be in order. With her brother appointed Archbishop of Embrun and a supporter of the Jesuit community, she took an active interest in ultramontane circles, targeting Jansenists, She was equally interested in the Affair of the Council of Embrun, which saw her brother pitted against the elderly bishop Jean Soanen in 1727. Cardinal Dubois’s successor Fleury, infuriated by her conspiracy, exiled her briefly from Paris in June 1730. She was soon pardoned, but had to promise not to meddle in public affairs any more. In 1733, after Madame de Lambert’s death, she welcomed regular visitors to the late hostess’ salon into her home, including Fontenelle, Montesquieu, Marivaux, Piron, Duclos and physicists Mairan or Réaumur. At the same time, she published her first two novels anonymously, namely Les Mémoires du comte de Comminge and Le siège de Calais, which, in the first instance, was attributed to her nephew, Pont de Veyle. She continued to work, albeit more discretely, to ensure that her brother, who regained the favour of Fleury in 1736, was promoted to the Cardinalate. Unable as a woman to directly undertake business ventures, she pushed other women into the arms of Louis XV, and, thanks to the duchesse de Châteauroux, at last she enabled her brother to be made Cardinal in 1740. In 1742, she exerted her full influence to ensure that Marivaux was elected as a member of the Académie Française. But, with Fleury’s death in 1743, as well as that of Mme de Châteauroux in the following year, Mme de Tencin lost the support she found at Court and was unsuccessful in her attempt to ensure that her brother took Fleury’s place as Prime Minister of France. So, she devoted herself entirely to her salon habitués, most notably Helvétius and Marmontel, whom she affectionately called her ‘menagerie’. In 1747, she wrote a final novel: Les malheurs de l’amour. Mme de Tencin died in Paris on December, 8th 1749, deeply missed by her friends and in particular by Marivaux. Vilified for her taste for intrigue and, above all, her way of challenging men on their own terrain, she was all at once a business woman, a skilled political actor, a novelist and an intellectual. Marivaux painted a very beautiful and sensitive portrait of her in his portrayal of Mme Dorsin in his unfinished novel La Vie de Marianne.

(translated by Dominique Mason)

Works

  • 1735 : Mémoires du comte de Comminge, La Haye, chez Jean Néaulme (published under the names of Pont de Veyle, Mme de Tencin and d’Argental) -- éd. Michel Delon, Paris, Desjonquères, 1996.
  • 1739 : Le siège de Calais, La Haye, chez Jean Néaulme -- éd. Pierre-Jean Rémy, Paris, Desjonquères, 1983.
  • 1747 : Les malheurs de l’amour, Amsterdam, sn (published under the names of Mme de Tencin and Pont de Veyle) -- éd. Erik Leborgne, Paris, Desjonquères, 2001.
  • Anecdotes de la cour et du règne d’Edouard II, roi d’Angleterre, Paris, chez Pissot, 1776 (the bookseller indicates that the third and last part was written by Mme Elie de Beaumont).
  • OEuvres complètes, published by Delandine, Amsterdam/Paris, rue et hôtel Serpente, 1786, 7 vol.
  • Correspondance du Cardinal de Tencin et de Mme de Tencin, sa soeur, avec le duc de Richelieu, sur les intrigues de la cour de France depuis 1742 jusque en 1757..., published by J. B. de La Borde avec la coll. de Soulavie, according to Barbier, sl, sn, «Collection des mémoires historiques du règne de Louis XV», 1790 -- Letters of Madame de Tencin and the cardinal de Tencin to the duc de Richelieu, ed. Johnston, Paris, Editions Mazarine, 1967.
  • Lettres de Mmes de Villars, de La Fayette, de Tencin, de Coulanges, de Ninon de L'Enclos et de Mlle Aïssé, accompagnées de notices biographiques, de notes explicatives et de la Coquette vengée par Ninon de L'Enclos, Paris, L. Collin, 1806, 3 vol.

Previously attributed to Mme de Tencin:

  • Histoire d’une religieuse par elle-même, récit publié anonymement dans la Bibliothèque Universelle des Romans en mai 1786, à Paris (il semblerait aujourd’hui que ce texte ait été écrit par Bastide).


Selected bibliography

  • Dulmet, Florica, «L’Amour, la politique, l’esprit, tiercé d’une femme libre, Madame de Tencin», Ecrits, 415, juillet-août 1981, p.7-104.
  • Jones, Shirley, «Madame de Tencin: An Eighteenth-Century Woman Novelist», dans Woman and Society in Eighteenth-Century France, Essays in Honour of John Stephenson Spink, dir. Eva Jacobs et al., Londres, The Athlone Press, 1979, p.207-217.
  • Masson, Pierre-Maurice, Une Vie de femme au XVIIIe siècle: Madame de Tencin (1682-1749), 3e édition, augmentée et corrigée, Genève, Slatkine, 1970 [Paris, Hachette, 1910].
  • Sareil, Jean, Les Tencin. Histoire d'une famille au XVIIIe siècle, Droz, Genève, 1969.
  • Sartori, Eva-Maria, «Tencin», dans French Women Writers. A Biobibliographical Source Book, dir. Eva Maria Sartori et Dorothy Wynne Zimmermann, New York, Westport/London, Greenwood Press, 1991, p.473-483.

Selected bibliography of images

  • 1er quart XVIIIe du siècle: Jean Guynier, dit Gueynier (attribué à), Portrait présumé de Madame de Tencin (huile sur toile, 77 x 62 cm), Grenoble, Musée dauphinois -- [1].
  • XVIIIe siècle: Anonyme (d'après Jacques André Joseph Aved), Portrait présumé de Mme de Tencin vieillissante (huile sur toile, 91 x 74,5 cm), Valenciennes, musée des Beaux-Arts -- [2].


Reception

  • «Nous avons un petit roman intitulé le Siège de Calais, qui est de Mme de Tencin, soeur du cardinal de ce nom, fameuse par sa figure, son esprit, ses liaisons, ses aventures, ses intrigues et ses vices. Lorsqu’elle mourut, il y a environ seize ans, on fit son épitaphe que voici, et dont il n’est point possible de supprimer quelques mots trop énergiques: Elle est enfin gisant dans le tombeau, / Cette Tencin dont l’âme vérolée / Accumulait les vices en monceau; / Fripons, putains, la troupe est désolée. / Consolez-vous, novices en noirceurs: / Le grand Astruc vous apprendra l’usure; / La Grosleyl’art de vendre vos faveurs; / Le cardinal, l’inceste et le parjure.» (Grimm et al., Correspondance littéraire, philosophique et critique [Février 1765], tel que cité dans Voltaire intégral, CD-Rom, Naintré, Association Voltaire intégral éditeur, 2005 [texte établi d’après l’édition de Paris, Moland/Garnier, 1875, (page)])
  • «La littérature française vient de faire une très grande perte par la mort de Mme de Tencin. Cette femme si célèbre passa ses premières années dans l’obscurité du cloître. Elle eut assez de courage pour tenter de rompre des engagements que nous regardons ici comme indissolubles, et assez d’adresse pour y réussir. Rendue au monde, elle s’y fit remarquer par un caractère qui réunissait toutes les extrémités; audacieuse et timide, ambitieuse et voluptueuse, profonde et frivole, dissimulée et confiante, prodigue et avare; on était tenté de lui croire tous les vices et toutes les vertus. Elle débuta presque par vouloir gouverner le royaume. M. le duc d’Orléans, qui était alors régent de France, se laissa persuader de la voir, mais il ne la garda que vingt-quatre heures. On a prétendu que ce prince avait redouté ses intrigues, et un vieux courtisan m’a conté que le régent, parlant de Mme de Tencin, avait dit qu’il ne voulait point de maîtresse qui, dans le tête-à-tête, parlait d’affaires.» («Mort de Mme de Tencin; particularités sur sa vie», dans Grimm et al., Correspondance littéraire, philosophique et critique. Nouvelles Littéraires (LXI - LXV), LXI (?) (1749), cité dans Voltaire intégral, CD-Rom, Naintré, Association Voltaire intégral éditeur, 2005 [texte établi d’après l’édition de Paris, Moland/Garnier, 1875).
  • «[Mme de Tencin] fit beaucoup de bruit par son esprit et ses aventures sous le nom de la religieuse Tencin [...]. On ferait un livre de cette créature, qui ne laissa pas de se faire des amis par les charmes de son corps et même plus par ceux de son artificieux esprit. [...] la Tencin devenue le pilier et le ralliement de la saine doctrine et le centre de la petite Eglise cachée, si excellemment orthodoxe, eut tacite permission de demeurer à Paris, où elle continua d’être le creuset d’où sortirent les plus violents partis et les plus dangereuses pratiques des ambitieux sous le voile de la Constitution. Les Jésuites, le cardinal de Bissy et les plus signalés d’entre les évêques ne lui refusaient rien et cette créature fut constamment le canal le plus assuré de leurs grâces.» (Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, «Additions au journal de Dangeau», dans Mémoires, Paris, Gallimard, «Pléiade», 1987, t.VII, p.918-919, p.921)
  • «Te passerai-je sous silence / Soeur de Tencin? / Monstre enrichi par l’impudence / Et le larcin / Vestale peu rebelle aux lois/ De Cythérée / Combien méritas-tu de fois / D’être vive brûlée?»(Chansonnier historique du XVIIIe siècle, éd. Emile Raunié, Paris, A. Quantin, 1882, t.VII)
  • «Il n’est pas question, Madame, de la liste de toutes les personnes que vous voyez; et je n’ai rien à dire contre personne en particulier: je les crois tous gens de mérite et de probité; mais vous me permettrez de vous dire qu’il s’en faut beaucoup que vous meniez une vie retirée et que vous ne vous mêliez de rien. Il ne suffit pas d’avoir de l’esprit et d’être de bonne compagnie; et la prudence demande qu’on ne se mêle -et surtout une personne de votre sexe- que des choses qui sont de sa sphère. Le Roi est informé avec certitude que vous ne vous refermez pas dans ces bornes; et c’est pourquoi je vous prie instamment, comme je l’ai déjà fait, d’éviter tout soupçon et tout prétexte de vous accuser de manquement aux ordres du Roi là-dessus.» («Lettre du cardinal de Fleury à Mme de Tencin, du 15 juin 1730», dans Pierre-Maurice Masson, Une vie de femme..., voir supra, choix bibliographique, p.81)
  • «Enfin je dus au voisinage de la maison de campagne où j’étais et de celle de Mme de Tencin à Passy, l’avantage de voir quelquefois en tête à tête cette femme extraordinaire. [...] je ne puis exprimer l’illusion que me faisait son air de nonchalance et d’abandon. Mme de Tencin, la femme du royaume qui dans sa politique remuait le plus de ressorts et à la ville et à la cour, n’était pour moi qu’une vieille indolente. [...] Ah! que de finesse d’esprit, de souplesse et d’activité cet air naïf, cette apparence de calme et de loisir ne me cachaient-ils pas? Je ris encore de la simplicité avec laquelle je m’écriais en la quittant: «La bonne femme!». Le fruit que je tirai de ces conversations sans m’en apercevoir, fut une connaissance du monde plus saine et plus approfondie.» (Jean-François Marmontel, Mémoires, éd. Jean-Pierre Giuccardi et Gilles Thierrat, Paris, Mercure de France, 1999, p.151)
  • «Madame Dorsin était belle, encore n’est-ce pas là dire de qu’elle était [...]. Ajoutez à présent une âme qui passe à tout moment sur cette physionomie, qui va y peindre tout ce qu’elle sent, qui y répand l’air de tout ce qu’elle est, qui la rend aussi spirituelle, aussi délicate, aussi vive, aussi fière, aussi sérieuse, aussi badine qu’elle l’est tour à tour elle-même; et jugez par là des accidents de force, de grâce, de finesse, et de l’infinité des expressions rapides qu’on voyait sur ce visage [...]. La plupart des femmes qui ont beaucoup d’esprit ont une certaine façon d’en avoir qu’elles n’ont pas naturellement, mais qu’elles se donnent [...]. Mme Dorsin ne débitait rien de ce qu’elle disait dans aucune de ces petites manières de femme: c’était le caractère de ses pensées qui réglait bien franchement le ton dont elle parlait. Elle ne songeait à avoir aucune sorte d’esprit, mais elle avait de l’esprit avec lequel on en a de toutes les sortes, suivant que le hasard des matières l’exige [...]. Il n’y a point de jolie femme qui n’ait un peu trop d’envie de plaire; de là naissent ces petites minauderies plus ou moins adroites par lesquelles elle vous dit: Regardez-moi. Et toutes ces singeries n’étaient point à l’usage de Mme Dorsin; elle avait une fierté d’amour-propre qui ne lui permettait pas de s’y abaisser et qui la dégoûtait des avantages qu’on peut en tirer; ou si dans la journée elle se relâchait un instant là-dessus, il n’y avait qu’elle qui le savait. Mais, en général, elle aimait mieux qu’on pensât bien de sa raison que de ses charmes; elle ne se confondait pas avec ses grâces; c’était elle que vous honoriez en la trouvant raisonnable; vous n’honoriez que sa figure en la trouvant aimable.» (Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, La vie de Marianne, éd. Michel Gilot, Paris, Garnier-Flammarion, 1978, p.206-207).
Claudine-Alexandrine Guérin de Tencin
Title(s) Marquise de Tencin, Baronne de Saint-Martin de l'Isle de Ré
Also known as Madame de Tencin
Biography
Birth date 1681
Death 1749
Biographical entries in old dictionaries
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert
Dictionnaire Fortunée Briquet
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson
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