Mme de Genlis : Adèle et Théodore , ou Lettres sur l’éducation

Mme de GENLIS, Adèle et Théodore , ou Lettres sur l’éducation ; contenant tous les principes relatifs aux trois différents plans d’éducation des princes et des jeunes personnes de l’un et l’autre sexe

Isabelle BROUARD-ARENDS (éd.)

Rennes, PUR, 2006, 675p., ISBN: 2753502404, 27 euros.

Introduction, édition, index et notes par Isabelle Brouard-Arends.

Ce roman épistolaire à visée éducative a été écrit par madame de Genlis en 1781 et publié en 1782, fort peu de temps après sa nomination comme gouverneur des enfants du Duc de Chartres dont l’un d’eux le duc de Valois est le premier prince du sang. L’intérêt de cet ouvrage, maintes fois republié et traduit en plusieurs langues pendant tout le XIX è siècle, consiste en cette association de deux éducations, l’une pour les filles et les garçons d’origine aristocratique, l’autre pour un prince dont le gouverneur met tout en oeuvre pour qu’il devienne un monarque éclairé, préfiguration du futur Louis-Philippe. Ce texte aborde la question de l’éducation des princes de manière originale, il en est l’un des derniers épigones avant les bouleversements révolutionnaires qui considéreront cette question close.

Madame de Genlis, dont les traits se retrouvent dans le personnage principal du roman, madame d’Almane, y affirme la légitimité pour les mères de présider à l’éducation de leurs enfants, selon une ligne de conduite associant principes moraux et accès au savoir également reconnu pour les filles et les garçons. Outre cette visée éducative, le roman, par son évocation de la société parisienne et ses murs, relève, également, de la critique sociale et est un témoignage éloquent sur les dernières décennies de l’Ancien Régime.
L’ouvrage est maintes fois mentionné lorsqu’il est fait mention de la littérature éducative des Lumières. Cette nouvelle édition vient combler un vide éditorial et est susceptible d’intéresser historien et littéraire : ceux qui s’intéressent au discours éducatif de cette période et à la production genlisienne, trop méconnue et souvent mal considérée.