Parution de notre adhérente Eliane Viennot
Éloges collectifs de femmes à la Renaissance française

La Cité des Dames, Presses Universitaires de Saint-Etienne, nov. 2021, 374 p., ISBN : 978-2-86272-743-1

Diffusion AFPU

Dir. Renée-Claude Breitenstein 

Cette anthologie de dix textes publiés entre 1506 et 1622 relève du genre de l’éloge collectif de femmes, ou du recueil de notices de femmes. Ce genre, très nourri à la Renaissance, s’inscrit dans la Querelle des femmes, c’est-à-dire la substantielle production de discours « pour ou contre les femmes ». La plupart de ces textes sont ignorés du public, malgré l’immense publicité que certains ont reçue de leur temps. Ils témoignent de l’ancienneté du débat sur l’égalité ou l’inégalité des sexes et de la vigueur du féminisme renaissant, toutes choses également très ignorées du public actuel, qui croit le féminisme né au XIXe siècle. Ils montrent que des intellectuels célèbres soutenaient la cause des femmes, et que certaines d’entre elles n’hésitaient pas à descendre dans l’arène pour défendre les couleurs de leur sexe.

4ème de couverture

À la Renaissance, les textes célébrant l’excellence des femmes fleurissent en France sous l’influence de la réflexion humaniste sur le mariage, la présence de grandes dames au pouvoir et l’essor de l’imprimerie. Ils s’inscrivent aussi dans la Querelle des femmes en répondant, implicitement ou explicitement, aux arguments anti-féminins et antiféministes qui font alors florès. C’est pourquoi ces éloges collectifs, qui réunissent les listes de dames illustres et des apologies du sexe féminin ne sont pas dénués de tensions ni de combativité.

Ce volume rassemble des pièces de Jean Marot, Henri Corneille Agrippa, Hélisenne de Crenne, Charles Estienne, Alexandre Van den Bussche, Madeleine et Catherine Des Roches, Marie de Romieu, Marguerite de Valois et Marie de Gournay. Publiés entre 1506 et 1622, ces textes témoignent de la vitalité du genre de l’éloge collectif, de la diversité de ses formes et de la variété de ses tons. Ils fournissent des images variées, parfois contradictoires, du sexe féminin, tout en suggérant parfois de nouvelles zones d’expérience légitimes pour les femmes et de nouveaux rapports de sexe. C’est cette richesse, et l’existence même d’une production généralement tout à fait inconnue, que cette anthologie entend saisir et faire découvrir, ou redécouvrir, dans une orthographe modernisée.

Table des matières

Introduction 
Jean Marot, La Vrai-disant Avocate des dames (1506) 
Henri Corneille Agrippa, Déclamation de la noblesse et préexcellence du sexe féminin (1509-1530)
Hélisenne de Crenne, « Quatrième épître invective », dans Les Épîtres familières et invectives (1539)
Charles Estienne, « Que l’excellence de la femme est plus grande que celle de l’homme », dans Paradoxes (1553)
Alexandre Van den Bussche, dit Le Sylvain, Le Recueil des dames illustres en vertu (1581) [première édition 1575-1576]
Madeleine Neveu, « Ode 3 », et Catherine Fradonnet, « L’Agnodice », dans Les Œuvres (1579) [première édition 1578]

Marie de Romieu, « Bref discours que l’excellence de la femme surpasse celle de l’homme, autant récréatif que plein de beaux exemples », dans Les Premières Œuvres poétiques (1581)
François Loryot, Préface et glose du Discours de Marguerite de Valois, et Marguerite de Valois, Discours sur l’excellence des femmes, dans Les Fleurs des secrets moraux (1614)
Marie de Gournay, Égalité des hommes et des femmes (1622)
Glossaire
Complément bibliographique
Index des personnages féminins
Notices du contributeur et des contributrices

La collection “La cité des dames”, dirigée par Eliane Viennot, au format livre de poche, est dédiée aux écrits des femmes de l’Ancien Régime. Elle vise à faciliter l’accès aux textes célèbres en leur temps, ou importants du point de vue de l’histoire littéraire, de l’histoire des idées, de l’histoire tout court. Les textes, édités par les meilleur-es spécialistes, sont complets dans la mesure du possible, en extraits si trop volumineux, regroupés en anthologie si nécessaire. Ils sont reproduits en orthographe et ponctuation modernisées. Les volumes sont dotés d’un appareil critique léger mais sûr.