Renée de France/Fortunée Briquet

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RENÉE DE FRANCE, duchesse de Ferrare, fille de Louis XII, et d'Anne de Bretagne, naquit à Blois, le 25octobre 1509, ou 1510. On destina sa main, dès 1515, à Charles d'Autriche, depuis empereur; quelques années après, elle fut demandée par Henri VIII, roi d'Angleterre. Des raisons d'état s'opposèrent à ces projets de mariage. En 1527, cette princesse épousa Hercule d'Est, 2e du nom, duc de Ferrare. Cette union ne fut pas très-heureuse. Le zèle patriotique de Renée, et son goût pour le protestantisme, en furent en partie cause. Son époux qui ne se réglait que par les circonstances, abandonna brusquement les intérêts de la France pour ceux de l'empereur. Elle désapprouva cette conduite. Hercule irrité lui fit dévorer les chagrins les plus amers. Cette princesse possédait les dons du coeur et de l'esprit. Au rapport de Brantôme, après la guerre malheureuse du duc de Guise, en Italie, Renée sauva plus de dix mille français qui passèrent à Ferrare, et qui, sans elle, seraient morts de faim. Cette action héroïque rappelle que Bersa; Dame de la Pouille, recueillit dans ses maisons, à Canouze, les débris de l'armée romaine, après la bataille de Cannes. A la mort d'Hercule, arrivée en 1559, la fille de Louis XII retourna en France. Montargis lui fut assigné pour retraite; elle y donna asile à une foule de malheureux protestans. Le duc de Guise, pour l'engager à livrer ceux qu'elle cachait, lui fit craindre le siège de la ville. Elle n'opposa à cette menace qu'une noble fermeté. Un ordre du roi l'obligea de renvoyer les quatre cent soixante réformés, dont elle avait été le refuge. Elle pourvut aux frais de leur voyage, et à leur départ elle fondit en larmes.
Son amour pour l'étude lui fit apprendre l'histoire, les langues, les mathématiques, et même l'astrologie. Luc Gauric l'initia dans les secrets de cette dernière science. Elle ne les apprit pas pour s'en servir, mais seulement pour payer tribut au goût de son siècle. La philosophie, la géométrie et l'astronomie furent ses occupations favorites. Elle voulut connaître aussi les questions les plus difficiles de la théologie. Ce travail lui fit embrasser le parti du luthéranisme. On ne put jamais le lui faire abandonner malgré les sollicitations et les menaces qui lui en furent faites par le roi de France et le pape. Parmi les gens de lettres et les savans qu'elle protégea, on distingue Morati, Celio Alcagnini, Lelio Gregorio Giraldi, Clément Marot qui fut son secrétaire, et Daniel Tossanus. Ce dernier est un des protestans qu'elle sauva du massacre de la Saint-Barthélemy. La célèbre Olympia Fulvia Morata lui dut son éducation. La fille de Louis XII mourut à Montargis, le 12 juin 1575. On la pleura sincèrement. Dans le Roland Furieux, de l'Arioste, il y a une octave qui contient un magnifique Éloge de la duchesse de Ferrare. Brantôme l'a placée parmi ses Femmes illustres. Sa vie a été publiée par Catteau, 1781, in-8.

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