Marie Raguenau
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Marie Raguenau | ||
Conjoint(s) | Charles Varlet, "dit" La Grange | |
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Dénomination(s) | Marie Ragueneau, Mlle de La Grange, Mme La Grange, Marotte, Marie Ragueneau de l’Estang | |
Biographie | ||
Date de naissance | 16 mai 1639 | |
Date de décès | 3 février 1727 | |
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Sommaire
[masquer]Notice de Farrah Boutida et Louise Roche, 2025
Marie Ragueneau est baptisée le 16 mai 1639 à Saint-Germain l’Auxerrois, église située dans l’actuel premier arrondissement de Paris, connue depuis l’Ancien Régime pour être « la paroisse des artistes ». Elle est la fille de Marie Brunet et de Cyprien Ragueneau. Ce dernier a inspiré le personnage de Ragueneau, le « poète-pâtissier », du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. En effet, jusqu’en 1650, Cyprien Ragueneau a tenu une boutique située rue Saint-Honoré, fréquentée par des artistes. Ruiné, il intègre la troupe de Molière à Lyon en 1653 sous le nom de « De l’Estang » et meurt un an plus tard, le 8 août 1654. Sa femme et sa fille, quant à elles, restent dans la troupe. Durant cette période, Marie Ragueneau, surnommée Marotte, n’est pas comédienne, mais elle participe à la vie de la troupe en étant préposée à la billetterie ou encore en vendant des liqueurs aux spectateurs pendant les représentations. Une source indique notamment qu’elle aurait été la femme de chambre de Mlle de Brie. Rendant donc divers services, elle aurait pu monter sur scène de façon occasionnelle pour remplacer une comédienne.
Marie Ragueneau se marie avec un comédien de la troupe, Charles Vernet de La Grange, le 25 avril 1672 à Saint-Germain l’Auxerrois. À la fin de l’année 1672 (la date du 12 novembre est inscrite par La Grange dans son Registre), Mlle La Grange accouche de deux jumelles, Claire-Élisabeth et Marie-Catherine, dont Molière est le parrain. Ces dernières ne survivent pas plus d’une journée à leur naissance. Trois ans plus tard, le 19 février 1675, Mlle La Grange donne naissance à une autre fille, Marie-Jeanne (dite Manon) que le couple ne destine pas au théâtre : elle se mariera en décembre 1691 à un avocat, Louis Munier.
C’est à partir de son mariage que Mlle La Grange devient comédienne de la troupe, en étant sociétaire à demi-part. Son mari, entré dans la troupe en 1659, en est l’un des principaux comédiens et tient les premiers rôles. Fidèle à Molière dont il a l’entière confiance, il est aussi le rédacteur du registre de la troupe. Mlle La Grange tient les seconds rôles, surtout comiques. Elle créa notamment le rôle de Bélise, soeur de Chrysale, « vieille fille » dans Les Femmes savantes, ou encore celui de Mme Pantin, veuve amoureuse du chevalier dans Le Chevalier à la mode de Dancourt. Elle reprit entre autres ceux de Georgette, servante, dans L’École des femmes, et de Lisette, la suivante de Léonor dans L’École des maris. Ainsi, l’analyse de sa place au sein des distributions rend compte de rôles relativement secondaires et souvent peu valorisés. Cependant, il est important de faire référence au rôle de la Comtesse d’Escarbagnas, dans la pièce du même nom, puisque Molière l’a écrit pour elle.
Après la mort de Molière, le couple est reste membre de la troupe à la fondation de la Comédie-Française en 1680. La Grange meurt le 1er mars 1692. Alors veuve, Mlle La Grange obtient de la troupe une pension viagère de 1000 livres de rente annuelle et hérite de tous les biens de son mari. Selon le premier biographe de Molière, Grimarest (1705), elle aurait vendu sa bibliothèque, qui contenait les manuscrits de Molière, ce qui entraîna leur perte. Mlle La Grange meurt bien plus tard, au début du mois de février 1727.
Marie Ragueneau est une bonne représentante des « petites mains » nécessaires à la vie de toute troupe de théâtre.
Principales sources
- Charles Varlet de la Grange, Archives de la Comédie-Française, Registre de La Grange, 1658-1685, Paris, La Comédie-Française, 1876.
- Madeleine Jurgens et Elizabeth Maxfield-Miller, Cent ans de recherche sur Molière, sur sa famille et sur les comédiens de sa troupe, Paris, Archives Nationales, 1963.
- Madeleine Jurgens et Marie-Antoinette Fleury, Documents du minutier central concernant l’histoire littéraire (1650-1700), Paris, PUF, 1960.
Choix bibliographique
- Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français (ceux d’hier) : biographie, bibliographie, iconographie, 2 vol., Genève, Bibliothèque de la Revue Universelle Internationale Illustrée, 1911.
=Choix iconographique
- Frédéric Désiré Hillemacher, Galerie historique des portraits des comédiens de la troupe de Molière / gravés à l’eau-forte, Lyon, Louis Perrin, 1858, p.60.
Jugements
- « “LA LAGRANGE : Si, n’ayant qu’un amant, on peut passer pour sage, // Elle est assez femme de bien ; // Mais elle en auroit davantage, // Si l’on vouloit l’aimer pour rien.” » (La Fameuse comédienne, ou Histoire de la Guérin, auparavant femme et veuve de Molière, Francfort, F. Rottenberg, 1688).
- « Si Molière, qui avait vu grandir Marotte et la côtoyait depuis vingt ans, l’avait distribuée dans Psyché et La Comtesse d’Escarbagnas, c’est qu’il s’était fait à l’idée qu’elle était devenue, sinon une bonne comédienne, ce qu’elle ne fut jamais, du moins une vraie comédienne » (Georges Forestier, Molière, Paris, Gallimard, 2018, p.462).