Marie-Antoinette

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Marie-Antoinette
Marie-antoinette gallica.jpg
Titre(s) Reine de France
Conjoint(s) Louis XVI
Dénomination(s) Marie-Antoinette-Josephe-Jeanne d'Autriche-Lorraine
Marie-Antoinette de Habsbourg
Biographie
Date de naissance 2 novembre 1755
Date de décès 16 octobre 1796
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Thomas E. Kaiser, 2005.

Cinquième fille de François Ier, empereur du Saint-Empire romain, et de Marie-Thérèse, reine de Hongrie et de Bohème, Marie-Antoinette [de Habsbourg] naît à Vienne le 2 novembre 1755. Elle épouse le futur Louis XVI en 1770. Arrangé de manière à renforcer l’alliance entre la France et l’Autriche, ce mariage en fait le symbole le plus visible des rapports difficiles entre les deux pays.

Au départ, Marie-Antoinette est bien accueillie par la France qui s’attend à lui voir exercer sur un mari assez imprévisible une influence heureuse. Mais sa popularité décline rapidement dès qu’elle est reine, en mai 1774. Son dédain de l’étiquette offense la plupart des courtisans et son favoritisme manifeste [à l’égard de certaines dames de la cour] agace considérablement ceux qu’elle a proclamé ses ennemis. Pour des raisons qui demeurent [en partie] méconnues, son mariage n'est pas consommé avant 1777, ce qui alimente les rumeurs sur ses infidélités avec des représentants des deux sexes. Ses maternités [relativement] tardives lui laissent le temps d’acquérir des goûts dispendieux pour le jeu et la mode. Après avoir donné naissance à Marie-Thérèse (1778-1851), Louis-Joseph (1781-1789), Louis-Charles (1785-1795) et Sophie-Béatrice (1786-1787), elle s’occupe personnellement de leur éducation. Sa maternité produit des résultats politiques mitigés. Elle acquière plus de crédit politique et s’en sert pour attribuer à trois de ses favorites des places aux appointements considérables; mais on craint surtout qu’elle n’utilise son influence pour favoriser les intérêts autrichiens. Il arrive à Marie-Antoinette de défendre la politique [étrangère] de l’Autriche; cette intervention donne lieu à de fausses rumeurs selon lesquelles elle exporterait en Autriche d’importantes sommes d’argent. Blâmée pour ses liens avec la famille Polignac, particulièrement soucieuse de se faire payer ses faveurs, Marie-Antoinette se voit également impliquée dans la fameuse affaire du Collier en 1785. L’achat de la propriété de Saint-Cloud [sur la cassette royale] en 1786 renforce sa réputation de dépensière sans scrupules. Elle est surnommée «Madame Déficit» au motif de contribuer [par ses dépenses] à la banqueroute de l’état. Juste avant 1789, l’influence politique de la reine augmente. Son fils aîné meurt le 4 juin 1789, mais les événements politiques laissent peu de place au deuil.

Tout au long de la Révolution, Marie-Antoinette demeure solidement monarchiste. Les 5 et 6 octobre 1789, la foule, principalement composée de femmes, envahit Versailles, pénètre dans sa chambre à coucher et la menace de mort; la famille royale est forcée de regagner Paris. A partir de ce moment, Marie-Antoinette vit dans la terreur du démembrement [de sa famille] et ses cheveux blanchissent. Bien que les modérés travaillent à sa réhabilitation politique, la presse radicale lance contre elle une campagne de dénigrement à caractère pornographiques particulièrement violente et en fait l’exemple par excellence des vices du régime. En 1790, Marie-Antoinette est accusée de diriger un «comité autrichien» destiné à subvertir la révolution au profit des intérêts autrichiens. Elle-même et sa famille fuient Paris en juin 1791 mais cette fuite, mal organisée, échoue [à Varenne où la famille royale est arrêtée]. Désormais prisonnière virtuelle, la reine cherche quelque intervention militaire étrangère pour sauver sa famille mais même sa famille autrichienne n’imagine pas de lui venir en aide. La proclamation de la guerre contre l’Autriche le 20 avril 1792 compromet davantage encore sa situation. Quand la monarchie s’écroule [et que la République est proclamée], le 10 août 1792, la famille royale est emprisonnée au Temple. La Convention nationale organise le procès du roi et celui-ci est guillotiné le 21 janvier 1793. Après s’être séparée dans les larmes de son fils Louis-Charles le 3 juillet 1793, Marie-Antoinette est accusée de conspiration contre la France le 1er août 1793 et emprisonnée à la Conciergerie. Manquant de preuves à charge, les juges retardent le procès jusqu’au moment où ils arrachent à Louis-Charles un témoignage en réalité truqué dans lequel il accuse sa mère d’avoir été en contact avec des contre-révolutionnaires et d’avoir eu avec lui des relations incestueuses. Durant son procès, Marie-Antoinette remporte une victoire morale en refusant de répondre aux accusations d’inceste, mais elle est reconnue coupable et guillotinée le 16 octobre 1793.

Sans cesse soumise au regard du public, Marie-Antoinette est devenue une sorte d’écran sur lequel ses sujets, plus tard les observateurs, ont projeté leurs rêves, leurs peurs et leurs frustrations. Aux yeux des républicains austères, elle a incarné la corruption de la Cour; aux yeux des «nationalistes», elle a été une Autrichienne compromettant la sécurité de l’Etat. En réaction à la campagne de diffamation lancée contre elle avant et pendant la Révolution, son image a été réhabilitée à la Restauration qui en a fait une martyre. Ensuite, Marie-Antoinette est passée pour le symbole de la maternité vertueuse ou, à l’inverse, de la frivolité féminine, de l’homosexualité et de l’indifférence à l’égard du peuple. Si aucune de ces étiquettes n’a prévalu, on peut affirmer pour le moins qu’elle a été une femme sans talents extraordinaires jetée dans une situation qui l’était à tous égards.

Traduction : Martine Reid

Oeuvres

  • 1770-1793: Correspondance de Marie-Antoinette (1770-1793) -- Éd. Évelyne Lever, Paris, Taillandier, 2005.


Choix bibliographique

  • Goodman, Dena (dir.), Marie-Antoinette: Writings on the Body of a Queen, New York et Londres, Routledge, 2003.
  • Lever, Évelyne, Marie-Antoinette, Paris, Fayard, 1991.
  • Kaiser, Thomas E, «From the Austrian Committee to the Foreign Plot: Marie-Antoinette, Austrophobia, and the Terror», French Historical Studies, 26, 2003, p.579-617.
  • Kaiser, Thomas E., «Who's Afraid of Marie-Antoinette? Diplomacy, Austrophobia, and the Queen», French History, 14, 2000, p.241-71.
  • Price, Munro, The Road from Versailles: Louis XVI, Marie Antoinette, and the Fall of the French Monarchy, New York, St. Martin's Press, 2003.

Bibliographie augmentée

  • Duprat, Annie, Marie-Antoinette, une reine brisée, Paris, Perrin, 2006.
  • Lever, Evelyne, Marie-Antoinette, Correspondance, 1770-1793, Paris, Tallandier, 2005.
  • Seth, Catriona, Marie-Antoinette. Anthologie et Dictionnaire, Paris, Robert Laffont, «Bouquins», 2006.
  • Thomas, Chantal, La Reine scélérate: Marie-Antoinette dans ses pamphlets, Paris, Seuil, 1989.

Choix iconographique

  • 1778: Élisabeth Vigée-Lebrun, Portrait de Marie-Antoinette (huile sur toile), Vienne, Kunsthistorisches Museum.
  • Salon de 1783: Élisabeth Vigée-Lebrun, Marie-Antoinette en chemise (huile sur toile), Allemagne, coll. privée.
  • 1787: Élisabeth Vigée-Lebrun, Portrait de Marie-Antoinette avec ses enfants (huile sur toile, 275 x 215 cm), Musée national du château de Versailles (MV 4520).
  • 1788: Élisabeth Vigée-Lebrun, Marie-Antoinette, reine de France (huile sur toile, 271 x 195 cm.), Musée national du château de Versailles (MV 2097).
  • 1793: Jacques-Louis David, Marie-Antoinette conduite au supplice le 16 octobre 1793 (dessin à la plume), Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques.

Choix de liens électroniques

Choix des jugements

  • «Elle a le coeur très bon, aime beaucoup son fils et sa fille, mais une grande dissipation nuit nécessairement à la sensibilité, et l'on s'étourdit souvent sur ce qui devrait nous affecter le plus» ([1782] Marc-Marie, marquis de Bombelles, Journal, éd. Jean Grassion et Frans Durif, Geneva, Droz, 1977-98, 4 vols., t.1, p.326).
  • «Depuis qu'Elle s'occupe de l'éducation de son auguste fille et qu'Elle la tient continuellement dans ses cabinets, il n'y a presque plus moyen d'y traiter d'aucun objet important ou sérieux qui ne soit à tout moment interrompu par les petits incidents des jeux de l'enfant royal, et cet inconvénient ajoute à un tel point aux dispositions naturelles de la Reine à être dissipée et inattentive, qu'Elle écoute à peine ce qu'on Lui dit et le comprend encore moins» ([1784] Alfred d' Arneth et Jules Flammermont, Correspondance secrète du comte de Mercy-Argenteau avec l'empereur Joseph II et le prince de Kaunitz. 2 vols. Paris, Imprimerie Nationale, t.1, p.151).
  • «Surely never lighted on this orb, which she hardly seemed to touch, a more delightful vision. I saw her just above the horizon, decorating and cheering the elevated sphere she just began to move in--glittering like the morning star, full of life, and splendour, and joy» ([1790-1792] Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France [1790], éd. Conor Cruise O'Brien, Oxford, 1981, p.169).
  • «...Par ses intrigues et manoeuvres et celles de ses agents, [elle a] tramé des conspirations et des complots contre la sûreté intérieure et extérieure de la France, et d'avoir à cet effect allumé la guerre civile dans divers points de la république, et armé les citoyens les uns contres les autres, et d'avoir par ce moyen, fait couler le sang d'un nombre incalculable de citoyens...» ([1793] Antoine-Quentin Fouquier-Tinville, «Acte d'accusation», Le Moniteur universel, 18, No.25, 16 oct. 1793, p.124).
  • «Jusqu'au tombeau fut l'attachement exclusif qu'on lui supposa pour son pays natal. On prétendait que, malgré qu'elle parlât constamment de son amour pour la nation française, dans le fond de son coeur elle était toujours autrichienne» (Joseph Weber, Mémoires de Weber, frère de lait de Marie-Antoinette, reine de France, Paris, Firmin Didot [1804-1809], 1847, p.189).
  • «Fille de Marie-Thérèse, soeur de l'Empereur, elle ne transigea pas un instant, au fond de sa coeur, avec des nouveautés qui lui paraissaient autant d'outrages. Toujours prête à croire à des forces qu'elle ne possédait pas, elle appelait le combat, la violence. Et quand les choses lui résistaient, ses larmes arrivaient comme la suprême autorité, mais jamais devant ses adversaires» (Edgar Quinet, La Révolution, Paris, Lacroix, Verboeckhoven et Cie., 1865, t.1, p.96).
  • «Aimant la vie, l'amusement, la distraction ainsi que l'aime, ainsi que l'a toujours aimée la jeunesse de la beauté, une femme un peu vive, un peu folâtre, un peu moqueuse, un peu étourdie, mais une femme honnête, mais une femme pure, qui n'a jamais eu, selon l'expression du prince Ligne, 'qu'une coquetterie de Reine pour plaire à tout le monde'» (Edmond et Jules Goncourt, Histoire de Marie-Antoinette, Paris, G. Charpentier, 1878, p.5).
  • «Her weaknesses, although manifest, were of trivial worth in the balance of her misfortune. Ill-luck dogged her from her first moment in France, the unwanted and inadequate ambassadress from a great power, the rejected girl-wife, until the end, when she was the scapegoat for the monarchy's failure» (Antoinia Fraser, Marie-Antoinette: the Journey, New York, Doubleday, 2001, p.458).
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