Jeanne d'Albret

De SiefarWikiFr

Jeanne d'Albret
Jeannedalbret cesr.jpg
Titre(s) Duchesse de Vendôme
Reine de Navarre
Conjoint(s) Antoine de Bourbon, duc de Vendôme
Biographie
Date de naissance 1528
Date de décès 1572
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)


Notice de Eugénie Pascal, 2002.

Jeanne d'Albret, duchesse de Vendôme, reine de Navarre (Saint-Germain-en-Laye, 16 novembre 1528-Paris, 9 juin 1572), est l'enfant unique de Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier, et d'Henri d'Albret, roi de Navarre. Elle est élevée par Aymée de Lafayette, et son instruction est supervisée par l'humaniste Nicolas Bourbon. D'une santé fragile, elle reste dans l'ombre jusqu'en 1538, où son père offre sa main à Philippe II d'Espagne dans l'espoir de récupérer la Navarre espagnole. Alerté, François Ier fait surveiller sa nièce de près, puis, en juin 1541, fait célébrer son mariage avec Guillaume de La Marck, duc de Clèves, renforçant ainsi son alliance avec les États allemands. Mais Jeanne ne donne pas son consentement et elle rédige plusieurs protestations devant témoins, avec ou sans l'accord de ses parents. Lorsqu'en septembre 1543, le duc de Clèves se soumet à Charles Quint, François Ier revient sur sa décision. Non consommé, non consenti, le mariage est annulé par Paul III en octobre 1545. Contre la volonté de ses parents qui la voient toujours reine d'Espagne, mais à sa grande joie, Jeanne épouse le 20 octobre 1548 Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, premier prince du sang, qu'impose à nouveau le souverain français. Deux enfants naissent de cette union: le futur Henri IV (1553) et Catherine de Bourbon, qui deviendra duchesse de Bar (1559). À tous deux, Jeanne assure une solide éducation humaniste et religieuse. Guerrier vaillant mais homme excentrique et mou, Antoine semble s'intéresser avant Jeanne au calvinisme, sans y adhérer officiellement. Il change de religion au gré des opportunités politiques. Jeanne, après avoir annoncé publiquement sa conversion le jour de Noël 1560, reste fidèle à la Réforme et entretient une correspondance régulière avec Théodore de Bèze.

Montée sur le trône à la disparition de son père en mai 1555, elle entame après la mort d'Antoine (1562) une série de mesures visant à implanter la Réforme en Béarn. Parmi elles, on compte la publication du catéchisme de Calvin en béarnais (1563), la fondation d'une académie protestante à Orthez (1566), la rédaction de nouvelles Ordonnances ecclésiastiques (1566, 1571) et la traduction en béarnais du Psautier de Marot, par Arnaud de Salette (1568). Le cardinal d'Armagnac écrit en 1563 une longue lettre à Jeanne l'exhortant à abandonner ses mesures en faveur de la Réforme. Cette lettre est aussitôt imprimée, avec l'implacable réponse de la reine de Navarre. Son refus d'obtempérer vaudra à Jeanne d'être citée à comparaître au tribunal pontifical pour hérésie. Mais Catherine de Médicis s'oppose avec fermeté à cette intervention de Rome. Restée neutre pendant les deux premières guerres de religion, Jeanne d'Albret prend la tête du mouvement protestant en 1568. Refusant le rôle de médiatrice que lui propose Catherine afin de l'attirer à la Cour, elle rejoint avec son fils les chefs huguenots réfugiés à La Rochelle. Elle écrit alors à Charles IX, à la reine mère, au duc d'Anjou, à son beau-frère le cardinal de Bourbon et à Élisabeth d'Angleterre. Ces lettres, ainsi qu'une Ample Declaration où elle justifie sa prise d'armes, sont publiées sur-le-champ.

Jeanne administre La Rochelle dans tous les domaines, à l'exception des affaires militaires. Elle assure la communication avec les princes étrangers alliés, dont elle tente de conserver le soutien, surtout après la mort de Condé en mars 1569. Contrairement aux prévisions, le parti huguenot tient bon, et même après la défaite de Moncontour, Jeanne refuse de se rendre. Mais au début de 1570, elle doit s'incliner devant la volonté de négocier de ses coreligionnaires. Elle quitte La Rochelle en août 1571, pour parcourir ses terres. Négociatrice intraitable, une fois la paix de Saint-Germain signée, elle proteste contre sa mauvaise application. Ses derniers mois sont consacrés aux âpres discussions autour du mariage de Henri de Navarre avec Marguerite de Valois. À la suite du massacre de la Saint-Barthélemy, Catherine de Médicis sera accusée par les huguenots d'avoir empoisonné la reine de Navarre. Jeanne a plus probablement succombé à la tuberculose héréditaire dont elle présentait depuis longtemps les symptômes.

De Jeanne d'Albret, on a surtout retenu la mère héroïque et austère d'Henri IV et, dans une moindre mesure, la victime de la «démoniaque» Catherine de Médicis. Après un regain d'intérêt des historiens vers 1970, plusieurs biographies et un colloque lui ont été consacrés depuis la fin des années 1990.

Oeuvres

- 1561 : Sonnets, in Ode sur la naissance du petit duc de Beaumont, fils de Monseign. de Vandosme roy de Navarre, par I.D.B.A.[Joachim du Bellay], Ensemble certains sonnets du mesme auteur à la royne de Navarre, ausquels ladicte Dame fait elle mesme response. Paris, Frédéric Morel.
- 1563 : Lettre, in Lettre d'un cardinal[Georges d'Armagnac]envoyée à la royne de Navarre (le 18e jour d'aoust 1563). Ensemble la response d'icelle dame audit cardinal. Lyon, J. de La Fons, 1564.
- 1564 : «Une chanson de Jeanne d'Albret», in [Weiss, N.] Bull. de la Soc. d'Hist. du Protestantisme français, 43 (1894), p.526.
- 1568 : Lettres de treshaute, trèsvertueuse, et treschrestienne Princesse, Jane, royne de Navarre. [La Rochelle, Barthelemy Berton.]
- 1569 : Lettres de la Royne de Navarre au Roy avec une ample declaration d'icelles. La Rochelle, Barthelemy Berton -- voir infra, Mémoires....
- «Épîtres en vers inconnues des historiens de ces princesses et des éditeurs de leurs oeuvres», in Frank, Felix (éd.), Dernier voyage de la reine de Navarre Marguerite d'Angoulême avec sa fille Jeanne d'Albret aux bains de Cauterets (1549). Étude critique et historique. Toulouse, E. Privat, 1897.
- Mémoires [Ample déclaration] et poésies. Éd. A. de Ruble (1893), Genève, Slatkine Reprints, 1970.
- Lettres diverses : Bull. de la Soc. d'Hist. du Protestantisme français, 2 (1854), p.429; 5 (1857), p.147; 11 (1862), p.271; 15 (1866), p.398, 400; 16 (1867), p.63; 75 (oct.-déc. 1926), p.389; 76 (janv.-mars 1927), p.37; 77 (janv.-mars 1928), p.21. Lettres d'Antoine de Bourbon et de Jehanne d'Albret, éd. Rochambeau, Paris, Librairie Renouard, 1877. Lettres inédites, éd. Baguenault de Puchesse, 1893. Jeanne d'Albret et Catherine de Médicis (1570-1572), lettres inédites, éd. Baguenault de Puchesse, G., Paris, Nogent-le-Rotrou, Daupeley-Gouverneur, 1910, 11 p.

Choix bibliographique

- Berdou d'Aas, Bernard. Jeanne III d'Albret: chroniques (1528-1572).Biarritz, Atlantica, 2002.
- Berriot-Salvadore, Évelyne, Philippe Chareyre et Claudie Martin-Ulrich (dir.). Jeanne d'Albret et sa cour. Paris, Honoré Champion, 2004.
- Kermina, Françoise. Jeanne d'Albret. La mère passionnée d'Henri IV.Paris, Perrin, 1998.
- Roelker, N.L. Jeanne d'Albret reine de Navarre (1528-1572). Paris, Imprimerie Nationale, 1979.

Outils personnels
Autres langues